Par Dr Ridha JEMMALI Il fut un temps où tout le monde se régalait de l'eau de puits ou de celle du robinet (l'eau de la Sonede) ; nous l'appelions aussi, pour nous qui vivions à Tunis, la capitale, «eau de Zaghouan» (mayet Zaghouane!). Depuis une bonne vingtaine d'années, un grand nombre de nos concitoyens ont commencé à consommer de l'eau de boisson minérale, plate ou gazéifiée, dans un contexte de régime alimentaire quel qu'il soit en général. Le meilleur exemple et le plus frappant renvoie à un souvenir personnel, celui de mon propre père, atteint dans le temps de calculs rénaux et qui dut même se soumettre à une intervention chirurgicale pour se voir retirer un «caillou» de moyen calibre, lequel lui bloquait les voies d'excrétion rénales et donc mettait ses reins en danger et, par conséquent, sa vie en péril (pas de techniques d'évacuation artificielle des urines comme l'hémodialyse à cette époque). Il s'accrochait à la bouteille comme un bébé au sein de sa mère. Depuis, il n'a jamais plus souffert de problèmes rénaux jusqu'à sa mort, soit quarante ans plus tard. Un autre membre de la famille consommait de l'eau gazéifiée ; toutes les eaux étaient emballées dans des bouteilles en verre d'une contenance de moins d'un litre. La gamme d'eaux minérales proposées dans notre pays de nos jours est très variée et son nombre s'accroît de jour en jour. Elles sont presque toutes, à quelques exceptions près, emballées dans du plastique (dit alimentaire). Leur contenance varie de 0.5 à 2l. Le consommateur se trouve ainsi dans l'embarras du choix et ne se retrouve vraiment plus. Il n'est pas non plus très aisé, même pour un connaisseur avéré, de se retrouver aussi facilement et il n'est pas non plus légitime de lui conseiller une eau par rapport à une autre, sauf si cela est fait par son médecin ou nutritionniste dans un cadre de conseil hygiéno-diététique, et donc en vue d'un régime. Il existe néanmoins quelques règles générales qu'il est très utile de connaître par le consommateur afin qu'il puisse se débrouiller pour faire le choix de l'eau qui lui convient le plus. Toutes les eaux contiennent des sels minéraux et des oligoéléments de toutes sortes, à des teneurs très variées. Elles contiennent également toutes des quantités remarquables de «toxines» : toutefois, et heureusement, en toutes petites quantités (infinitésimales pour certaines!). Ici, il est bon de rappeler que tous les éléments naturels connus peuvent être des «toxines», c'est la quantité —la dose— qui décide. L'exemple le plus plausible étant celui du potassium, sans lequel les cellules de toutes sortes ne peuvent ni fonctionner ni vivre, surtout les cellules nerveuses et musculaires, dont la plus connue est celle du cœur. Ce cation (ion positif) peut être toutefois utilisé pour provoquer un arrêt cardiaque immédiat ; cette méthode dite de «la seringue à potassium» est très répandue et en vogue aux E.U. dans les prisons et remplace la chaise électrique. Le condamné à mort «passe de l'autre côté» sans grande peine ni souffrance (à part celle de son cœur) ; il décède ainsi «dignement» et conformément aux chartes des droits humains. Les éléments les plus importants contenus dans les eaux minérales de boisson étant toutefois ceux du calcium et du magnésium. Les moins prisés, par contre, sont représentés par les nitrates et nous verrons pourquoi dans la suite de cet article. ------------------------------------------------------------------------ (Diplômé en hydrologie, climatologie médicale et thalassothérapie de la faculté de Médecine de Nancy, France)