En raison de sa rareté, l'eau se situe au premier rang des préoccupations de l'Etat durant ces dernières décennies. La politique hydraulique, basée sur la construction des barrages au nord et au centre du pays pour une exploitation rationnelle des eaux de surface, et sur le recours aux différentes techniques de l'exploration et de conservation des eaux souterraines grâce aux puits de surface équipés, aux forages pompés, aux forages artésiens et aux sources. Les réserves en eau en Tunisie sont estimées à 4840 millions de m3/an dont 2700 millions de m3 en eau de surface et le reste en eau souterraine. Les spécialistes affirment que la moitié des ressources en eaux souterraines, provenant des nappes profondes, n'est pas renouvelable et que la qualité de ces eaux est moins bonne que celle des eaux de surface avec une salinité variant entre 1,5 g/litre et 3g/litre. Est-ce à dire que l'eau de robinet est bonne à boire ? Si oui, pourquoi cet engouement du Tunisien pour les eaux minérales des bouteilles ? Pourquoi donc toute cette variété d'eau minérale sur le marché ? En effet, il existe au moins une quinzaine de marque d'eau minérale vendues sous formes de bouteilles sur le marché. Il fut un temps où les Tunisiens ne connaissaient que trois marques provenant des différentes sources de la fameuse ville balnéaire du Cap Bon : Korbous. Ces eaux étaient généralement conseillées par les médecins pour les malades néphrétiques souffrant de calculs rénaux. Aussi la consommation d'eau en bouteille passait pour un luxe pour la majorité écrasante qui s'approvisionnait essentiellement en eau de robinet. Mais voilà que depuis quelques années, l'eau minérale fait de plus en plus partie du couffin d'un bon nombre de ménages tunisiens. La consommation d'eau minérale devient pour la plupart un signe de bien-être. La bouteille d'eau minérale fait partie intégrante de leur quotidien. L'offre dépasse la demande Ce secteur a réalisé un saut au double plan qualitatif et quantitatif en présentant plusieurs variétés d'eaux minérales, de qualités et de composants chimiques plus ou moins différents. En effet, la production qui se situait en 1995 à seulement 110 millions de litres a presque quintuplé pour dépasser les 450 millions de litres en 2007 ! Encouragées par le Programme National de Promotion de la Qualité (PNQ), plusieurs entreprises ont vu le jour et ont profité de ce programme pour lancer leurs projets profitant des techniques nouvelles et des méthodes modernes dans le secteur des eaux minérales. De 1987 à 2008, les ventes sont passées de 54 millions à 483 millions de bouteilles. Le secteur s'est donc libéralisé en une vingtaine d'années passant de trois marques traditionnelles (Safia, Aïn Oktor et Aïn Garci) détenues par une société publique unique la Société des stations thermales et des eaux minérales (SOSTEM), à une quinzaine de marques qui produisent 290 000 bouteilles par heure. L'ouverture du secteur aux investisseurs privés a vu la naissance de plusieurs nouveaux produits ayant chacun ses caractéristiques chimiques spécifiques. En termes économiques, l'offre dépasse actuellement la demande, ce qui pousse certains commerçants à faire des promotions sur leurs produits, sauf en été où la consommation augmente du simple au double. La publicité y est pour beaucoup L'eau minérale qui, dans un passé non lointain, ne faisait pas partie des habitudes du consommateur tunisien, devient préférable à l'eau de robinet. On assiste aujourd'hui à une consommation d'eau en bouteille de plus en plus croissante. Cela est peut-être dû à une certaine prise de conscience des dangers de l'eau de robinet qui peut causer, à long terme, des problèmes de santé pour la quantité des calcaires que cette eau peut contenir. Ce recours à l'eau des bouteilles est sans doute l'une des conséquences de l'amélioration du niveau de vie des Tunisiens qui préfèrent boire de l'eau en bouteille pour les minéraux qu'elle contient et qui sont essentiels à la santé (sodium, calcium, magnésium, nitrate…). Cela s'explique aussi par la publicité qui incite les consommateurs à l'achat de l'eau mise en bouteilles. Ainsi, de 1987 à 2008, les ventes sont passées de 54 millions à 483 millions de bouteilles. Cependant, le Tunisien est-il toujours satisfait par la qualité de l'eau des bouteilles ? La perception de l'eau minérale par le consommateur a fait l'objet d'une étude réalisée en 2007 par l'Office du thermalisme. Il en ressort que l'indice de satisfaction de la qualité sanitaire de l'eau minérale est de l'ordre de 61,5. Toujours suivant la même étude, les Tunisiens qui font confiance à l'eau de robinet présente un taux de 66,8% (contre 33,2%). De même, ils sont 70,8% à connaître la différence entre l'eau de source et l'eau de robinet (contre 29,2%). La même enquête révèle que du point de vue du goût, 95,2% des Tunisiens préfèrent l'eau minérale. Enfin, il a été constaté que l'eau minérale est beaucoup plus consommée dans les zones urbaines que dans la campagne (plus de 23%). Et les prix ? Il faut dire que les consommateurs habitués à ces eaux conditionnées ne lésinent pas généralement sur le prix de ces produits. La plupart des consommateurs achètent au prix de gros et font leur stock du mois. Selon des sources de l'Office du thermalisme, les prix de vente des eaux conditionnées n'ont pas enregistré d'augmentation réelle depuis 1995. Le prix de vente d'une bouteille d'eau en verre de 90 cl est toujours de l'ordre de 270 Millimes et celui de la bouteille en plastique de 1,5 l varie de 300 à 450 Millimes selon la marque. De temps en temps, les consommateurs profitent des promotions faites par les producteurs surtout en hiver soit par la baisse du prix soit par l'offre de la sixième bouteille. Cependant, pour consommer une bouteille d'eau minérale dans un café, un restaurant ou un hôtel ; il faut multiplier ces prix par trois, cinq ou dix !