• La sculptrice , Najet Gherissi, jette un pont vers la grande «Jardinière», au nom de l'utopie et de l'imaginaire Le devoir des artistes, c'est de donner l'alarme, de témoigner. La sculptrice tunisienne Najet Gherissi, à travers ses œuvres en fer et bleu-marine, œuvres monumentales pleines d'humour, de fantaisie, de poésie, avait, bien avant la révolution, décidé d'aller (aussi) jeter les ponts ailleurs, en pays d'Avignon et, maintenant, en Macédoine. Au pays d'Alexandre où, depuis des siècles, se fabrique une vraie culture métissée et plurielle, axée sur l'échange, le partage et la réflexion. Durant une vingtaine de jours à Skopje et ses environs, elle n'a cessé d'animer avec de jeunes villageois, de six à quatorze ans, prenant, comme support de travail, l'idée même de ses plaques métalliques où le pinceau remplacerait le fer à souder, «une manière pour moi», dit-elle, «de faire éclore, mûrir et fleurir l'idée d'un retour aux véritables sources de l'humanité, de retrouver ce sens de la spontanéité et de la fraternité toute naturelle». Les VIe «colonies internationales des arts de Skopje» sont, comme dans la chanson, de véritables colonies de vacances pour jeunes mais aussi pour adultes et, qui plus est, dans un décor idyllique et champêtre entre vallons et collines, des deux côtés de la célèbre rivière Vardar. Ce festival nous rappelle aussi son vieux cousin tunisien, le festival des arts plastiques de Mahrès, avec lequel il faudra faire le lien et composer un jour. En effet, comme lui mais en parfaite symbiose avec le cadre magique et pittoresque des villages en montagne, des mosquées, des hammams et du célèbre «Bazar» de Skopje, l'on vient ici en tant que plasticiens, musiciens, cinéastes, saltimbanques, poètes (une anthologie de la poésie des cinq continents vient de voir le jour), sans oublier tous les aspects folkloriques (métiers, danses, gastronomie), des aspects et des circonstances qui font de la société de ce pays une véritable macédoine. Comme Najet Ghérissi qui vient de jeter ce petit pont, il faut que nos artistes de la Tunisie révolutionnaire aillent, l'été venu, «se faire voir ailleurs». Et selon la théorie des climats de Montesquieu, changer d'horizons. Il y a, chers artistes et pour toutes vos spécialités, des communautés qui ont la même sensibilité et qui, quelque part, vous attendent. Celles-ci ont pour noms : la Macédoine, bien sûr, et sa belle jardinière mais aussi la Roumanie, la Bulgarie, l'Albanie, Chypre, la Turquie et même les pays de l'Altiplano. De quoi se rafraîchir l'esprit et ouvrir ces portes de l'imaginaire aux couleurs d'arc-en-ciel.