Commissaires et créateurs du Printemps des Arts à La Marsa, Mahmoud Chelbi et Sadok Hendaoui ont fait de cet événement une extraordinaire fête chic et populaire à la fois, pour le bonheur de tous les amoureux de la création contemporaine. Un rendez-vous qui réussit le pari d'être à la fois spécialisé et grand public, réunissant connaisseurs, professionnels et amateurs. Une formule qui fait ses preuves depuis huit ans dans ce domaine. Il fallait oser ainsi sortir du cadre des galeries pour créer cette foire d'art contemporain pour booster les artistes et bousculer les mentalités. Dans ce dédale de la création contemporaine, cette édition du Printemps des Arts n'a oublié aucun des médiums relatifs à la création contemporaine : Photos, performances, peintures, sculptures, installations, vidéos, graffitis ou street art… Tous ces médiums ont fait l'objet du même volontarisme esthétique. Il s'agissait en effet d'élargir le panel des pratiques. Depuis, cet événement n'a eu de cesse d'améliorer sa formule, ses sélections, ses espaces. Et son budget ? Financé en majorité par des fonds privés, il est très peu aidé du ministère de la culture et de la sauvgarde du patrimoine. Il faudrait qu'à l'instar des festivals de la musique ou des Journées Cinématographiques de Carthage, que Le Printemps des Arts devienne un véritable événement ouvert à l'international. Sans ces aides Le Printemps des Arts risquerait de péricliter bien avant de prendre une dimension internationale. C'est de cette manière que les artistes conçoivent le Printemps des Arts : une belle saison, un espace de liberté dans lequel ils peuvent s'exprimer. En somme, un festival de créations et de rencontres. En entrant au Palais Abdellya, on peut déjà voir la majestueuse sculpture de Paolo Perrelli et les roses pérennes d'Ezzedine Thabet. Artiste céramiste, il exposera bientôt à Paris. Il suffit ensuite de gravir les escaliers pour arriver sur la cour du Palais où l'installation bleue de Najet Gherissi trône en bonne place. Contre le mur de droite les sculptures de Mohsen Jelliti font face à cette toile géante qui tient lieu de centre de la cour intérieure. Puis, il suffit de lever les yeux pour apercevoir l'installation d'Omar Bey. Palettes qui ne sont pas sans rappeler l'univers carcéral. On aura aussi remarqué l'attrayante installation de Mohamed Ben Soltane. Hommage à Abderrazek Sahli, il s'agit de petits personnages apparaissant dans un sac en papier rempli de sable. Avec son œuvre Errouba, Bchira Triki met en scène sa propre robe de mariée recouverte de feuilles d'or. Choukri Ben Mansour se promène dans les méandres de ses labyrinthes, ceux dans lesquelles on aimerait bien finir par trouver le bon chemin. Rachida Amara expose son médium de prédilection : ses magnifiques gravures. Elle avait exposé au mois de janvier dernier à la Galerie Kalysté. On aura aussi remarqué la grande toile de Nabil Souabi sortie tout droit d'un conte fantastique. Raouf Helioui aux peintures contrastées met en valeur la lumière de ses monochromes. Yoann Cimier travaille, lui, dans l'épaisseur de la matière, ici un bleu Klein craquelé. Hedi Gooba s'alimente de lumières, il présentait une belle exposition personnelle à la Galerie Arthyshow, il y a quelques mois. Soundes Blah évoque des femmes pour lesquelles tout est vanité. Samir Makhlouf à la vision 3D exposait au mois de mai à la Galerie Médina. Wadi Mhiri expose deux photos qui diffusent, dans un environnement très design, une lumière rayonnante. Aziz Tnani nous entraine dans les périples de ses grands voyages pour nous présenter ses photos horizontales de paysages plus que grandioses. Nadia Raïs fait un clin d'œil à la pub pour piles : le lapin qui ne s'arrête jamais. On aura aussi remarqué les photos d'Ons Abid, ce chien bouledogue qui prône en bonne place. Houda ghorbal, a travaillé une sculpture en céramique aux lignes abstraites et pourtant si évocatrices. C'est en mode macro que Kaouther Daghrouth revoit les livres de sa bibliothèque. La matière et ses effets sont d'une belle richesse. Faten Rouissi met les colonnes vertébrales en évidence, celles grâce auxquelles l'être peut se tenir à la verticale. Puis on aura assisté à plusieurs performances, celle de Sergei Andreevsky pour commencer. Peinture sur toile en musique. Puis celle des graphistes SK-One et Meen Moeen qui ont travaillé près de trois longues heures sur un grand panneau de contre plaqué. L'espagnol Miquel Wert lui, aura peint directement sur les murs du Palais, une peinture profonde et touchante. Une exposition lui est consacrée en ce moment à l'Espace El Teatro. A découvrir absolument ! On aura aussi remarqué le réfrigérateur de Souhail Bouden, psychédélique et étonnant. Le mur en briques de verre translucide de Sadika se dresse au fond de la cour pour jouer de ses transparences. Enfin Lamine Sassi invité d'honneur pour qui la peinture est sacerdoce (pour reprendre le terme de Mahmoud Chelbi) présente des peintures à l'huile dans lesquelles il arrive à nous transporter dans son monde empreint de mystère. L'autre invité du Printemps des Arts, Dali Belkadhi baptisé «l'imagineur» éclectique, transgresse les idées reçues et appelle à la paix oubliée sans tergiverser. Et c'est un chaleureux atelier de technique mixte et collage qu'anime Amor Ghedamsi, artiste plasticien, critique d'art et l'un des fondateurs du SMAP, nouveau syndicat des artistes ! Enfin de nombreux autres talentueux artistes tunisiens et étrangers «parce que l'art n'a ni nationalités, ni frontières» exposent aussi au Printemps des Arts, on ne saurait les nommer tous mais ce qui est sûr c'est que ces artistes se seront libéré le temps de cet événement. L'espace Sadika, Arthyshow, Le Cap, le Palais Essaada étaient aussi de la partie pour nous dire qu'un vent créatif souffle au sein des artistes plasticiens pour animer ce Printemps des Arts à qui l'on souhaite longue vie…