Pas moins de 300 médecins et spécialistes venant de France et de Tunisie ont pris part aux travaux du 7e colloque franco-tunisien de cancérologie ayant pour thème «Les cancers gynécologiques et mammaires», organisé conjointement par l'Association de recherche et d'information sur le cancer du Centre (ARIC) et le service de médecine carcinologique du CHU Farhat-Hached de Sousse, en collaboration avec la faculté de Médecine de Sousse, le centre Jean-Perrin de carcinologie à Clermont-Ferrand et le centre Epidaure à Montpellier et qui a eu lieu à Sousse, dans un hôtel de la place les 17 et 18 avril. 2010 : année de la lutte contre le cancer Contacté à cette occasion, le Pr Slim Ben Ahmed — principal coordinateur de cette manifestation et chef du service de médecine carcinologique au CHU Farhat-Hached de Sousse — nous a indiqué que cette manifestation scientifique entre dans le cadre de la décision du Chef de l'Etat d'instituer l'année 2010 : année de la lutte contre le cancer. Outre la formation continue du cadre médical et des spécialistes, cette manifestation a permis de réunir des spécialistes de France et de Tunisie qui ont confronté leurs études et recherches dans le domaine des cancers gynécologiques et mammaires. Le Pr Yves Jean Bignon — directeur du centre Jean-Perrin de carcinologie à Clermont-Ferrand et professeur de première classe en oncogénétique à l'université d'Auvergne — a indiqué au cours de sa conférence portant sur «Le risque héréditaire du cancer du sein : hétérogénéité clinique et génétique, quelle prise en charge?» que l'aspect héréditaire est le facteur de risque le plus important du cancer du sein avec une valeur prédictive positive très élevée. Des tests génétiques sont possibles pour les gènes BRCA1, BRCA2, CDH1, LKB1…, qui induisent un taux de risque du cancer du sein supérieur à 80% et un taux de risque du cancer de l'ovaire proche de 50%. Ces tests, a-t-il poursuivi, permettent de proposer les mesures de dépistage adéquates, ainsi que de prévention en particulier du cancer de l'ovaire. Le risque héréditaire du cancer du sein et de l'ovaire est transmis d'une génération à une autre par les hommes autant que les femmes mais ne s'exprime que chez les femmes. La prévention réduit l'incidence des cancers du sein et de l'ovaire chez ces femmes à haut risque ayant un test génétique positif. La prévention du cancer des ovaires consiste en l'ablation de ceux-ci à l'âge de 40 ans, bien sûr quand le test génétique est positif. «Actuellement, un médecin qui n'adresse pas une femme à risque héréditaire de cancers gynécologiques et mammaires à l'oncogénéticien s'expose de plus en plus à la faute professionnelle, compte tenu de l'efficacité des démarches de dépistage et de prévention des cancers», a-t-il conclu. Facteurs de risque exogènes des cancers du sein Au cours de sa conférence portant sur les facteurs de risque exogènes des cancers du sein, le professeur Hélène Sancho-Garnier — professeur émérite à l'université de Montpellier et directeur scientifique du centre «Epidaure» à Montpellier — a indiqué que les facteurs exogènes actuellement connus concernent 75% des cancers du sein. Les facteurs principaux de risques exogènes des cancers du sein sont les lésions bénignes du sein, l'obésité en général, la sédentarité, la prise d'hormones soit contraceptives, soit pour le traitement de la ménopause, les irradiations du sein lors de l'examen de diagnostic, le fait de donner naissance à un premier enfant à un âge tardif (après 30 ans)… Elle a énuméré par la suite quelques conseils pour prévenir les cancers du sein, à savoir la nécessité d'éviter le surpoids et l'obésité à partir de la quarantaine, de faire des exercices physiques régulièrement (marche, natation…), de s'abstenir de fumer et de consommer des boissons alcoolisées, d'avoir des enfants avant d'atteindre l'âge de 30 ans et de les allaiter au moins pendant 6 mois… Elle a indiqué, par la suite, l'importance pour les médecins généralistes de conseiller les femmes à l'auto-examen de leurs seins mais aussi à réaliser une fois par an un examen clinique des seins, surtout pour les femmes âgées de 40 ans au moins. En Tunisie, a-t-elle poursuivi, le cancer du sein est le cancer le plus fréquent chez la femme et il représente 29% des cancers qui peuvent la toucher. «En Tunisie, il est possible actuellement de réduire la mortalité par cancer du sein de 40% environ, et ce, en appliquant les conseils de prévention précités», a-t-elle conclu.