L'emploi fait, aujourd'hui, et plus que jamais, l'objet d'un traitement dynamique où tous les acteurs concernés ont été appelés à redéfinir, à intervalles réguliers, les stratégies et mesures spécifiques prises. Le dossier de l'emploi demeure la préoccupation majeure du gouvernement provisoire qui est convaincu, depuis le déclenchement de la révolution, de l'importance primordiale de ce secteur du point de vue du soutien à l'effort de développement, de la sauvegarde de la dignité de l'individu et de la préservation de la stabilité et de la paix sociale. Concrètement le gouvernement provisoire a arrêté un programme spécifique en matière d'emploi ; programme qui vient à point nommé appuyer les programmes existants, poussés dans le sens de l'optimisation du rôle des mécanismes de promotion de l'employabilité des diplômés du supérieur condamnés au chômage depuis des années. Selon les statistiques du ministère de la Formation professionnelle et de l'Emploi, le nombre des chômeurs, qui était de 520.000 en 2010 dont 160.000 diplômés de l'enseignement supérieur, s'élève aujourd'hui à 700.000, sachant que le marché enregistrera l'arrivée d'un nombre de nouvelles demandes d'emploi estimées entre 150.000 et 200.000. Cette situation est due essentiellement à l'arrivée de 80.000 nouveaux diplômés du supérieur sur le marché en juillet 2011, le retour des travailleurs tunisiens de Libye (entre 30.000 et 35.000), la perte de 10.000 emplois en 2011 et environ 80.000 emplois menacés outre l'estimation du taux de croissance pour l'année 2011 ne dépassant pas 1%. Cette situation conduit à un taux de chômage atteignant les 19% de la population active contre 14% en 2010. Ce chiffre n'a jamais été atteint dans l'histoire de la Tunisie. Il est à noter que le taux de chômage dépasse dans certaines régions la moyenne nationale. De plus, il existe des disparités entre hommes et femmes au sein des filières d'études. Un plan, quatre axes Eu égard à cette situation, un plan d'urgence a été mis en place par le ministère de la Formation professionnelle et de l'Emploi, articulé autour de quatre axes, à savoir la création de nouveaux emplois salariés dans tous les secteurs (public, privé, société civile et à l'étranger), le développement de l'entrepreneuriat et de la création de micro-entreprises avec un accompagnement des promoteurs pour assurer la pérennité des emplois créés. A ceux-ci s'ajoutent le soutien des entreprises en difficulté, la préservation des emplois existants, l'accompagnement actif des demandeurs d'emploi et le développement de leur employabilité. Par ailleurs, le gouvernement provisoire s'active à concevoir de nouvelles solutions durables aux problèmes du chômage, et ce, à travers la révision du dispositif de la formation et de l'enseignement et l'amélioration des mesures incitatives encourageant l'investissement au profit des entreprises privées. Le gouvernement provisoire s'engage à transmettre ces initiatives, à moyen et longs terme, au prochain gouvernement. Le ministère de tutelle veille actuellement à la création de nouveaux emplois salariés dans tous les secteurs. Il a été décidé de créer 20.000 emplois salariés dans le secteur public et préparer les conditions nécessaires à la création de 20.000 autres dans le secteur privé. Concernant la création de nouveaux emplois salariés dans le secteur public, un programme de recrutement exceptionnel dans la fonction publique, pour l'année 2011, a été mis en place visant la création de 34.000 postes d'emploi. Pour le secteur privé, et en collaboration avec tous les intervenants concernés, le ministère a préparé le terrain pour la création de 20.000 emplois salariés dans les entreprises privées à travers des mesures d'incitation et d'encouragement à l'investissement. Actuellement, un programme de formation diplômante est en cours d'établissement pour le compte de demandeurs d'emploi diplômés du supérieur dans la perspective de les intégrer dans les entreprises offshore. Par ailleurs, le ministère de tutelle prévoit la création de nouveaux emplois salariés à travers un partenariat public/privé. En effet, environ 30 projets pilotes sont en cours d'étude dans le cadre d'un partenariat public/privé (PPP). Ces projets sont à même de contribuer à dynamiser l'économie nationale. Ces recrutements seront basés sur le profil d'âge, la durée du chômage ainsi que la situation sociale des demandeurs d'emploi. Au programme du ministère, l'identification des composantes de la société civile en termes de compétences en vue de recruter des demandeurs d'emploi. Pour ce qui est du travail à l'étranger, le ministère a décidé de réactiver les conventions de travail à l'étranger signées par l'Etat tunisien et les pays d'accueil, et l'exploration de nouvelles perspectives de travail à l'étranger de manière légale, de façon à garantir le respect de leurs droits et de leur dignité. Promouvoir l'entrepreneuriat et la création des micro-entreprises Pour assurer la pérennité des emplois créés, le ministère s'est employé à développer l'entrepreneuriat et la création des micro-entreprises avec un accompagnement des promoteurs. Ce développement s'opère à travers la formation et l'initiation à la création d'entreprises ainsi que l'accompagnement et le suivi dans toutes les étapes du projet. Le programme d'accompagnement des promoteurs s'établira tout au long des deux premières années du projet. Actuellement, le ministère œuvre à trouver des solutions urgentes d'appui aux jeunes diplômés du supérieur n'ayant pas d'autofinancement pour l'implantation de leur projet dans certaines régions, fournir des jeunes diplômés une remise à niveau dans de nouveaux domaines (par exemple le syndic professionnel), renforcer l'accompagnement des promoteurs dès l'obtention de l'accord de financement de leur projet, accompagner les étudiants au cours de l'élaboration de leur projet de fin d'étude universitaire et enfin coordonner l'activité des différents intervenants en matière de promotion d'entreprise pour accélérer le taux de création d'entreprises dans les régions. Un autre volet non moins important a été pris en considération dans l'exécution du plan d'urgence, celui du soutien des entreprises en difficultés et la préservation des emplois existants. En effet, l'Etat s'est engagé à préserver les emplois des salariés menacés et d'appuyer les entreprises qui sont en difficultés économiques. Des mesures professionnelles ont été prises à cet effet pour le compte des salariés, en menant une action pilote au profit des salariés du secteur de la grande distribution dans l'objectif de prendre en compte leur période de chômage. Environ 2.000 salariés, dont la période de chômage technique dépassera six mois, bénéficieront de cette action. Dans une première phase, le but de cette mesure vise à faire bénéficier environ 15.000 chômeurs au sein de 300 entreprises. Une deuxième phase concernera l'estimation des dégâts subis dans le domaine du tourisme et autres. Mesures financières et fiscales pour la relance de l'économie nationale Le ministère a mis en œuvre une série de mesures financières et fiscales en vue de contribuer à la relance de l'économie nationale, mesures focalisées sur la prise en charge totale ou partielle par l'Etat des cotisations patronales en matière de sécurité sociale au profit des salariés concernés par la baisse des heures de travail et ceux qui sont au chômage technique et de 50% des coûts des sinistres ayant touché les entreprises. Ceci outre le report du paiement de l'impôt sur les sociétés au titre de l'année 2010 et la prise en charge par l'Etat des intérêts des prêts bancaires qui ne dépassent pas cinq ans et des prêts relatifs aux financements des investissements ayant pour objet la réparation des sinistres. Ces mesures financières et fiscales sont octroyées selon les conditions stipulées dans le décret du 28 février 2011