• La Tunisie n'est pas un laboratoire pour les expériences, ni du communisme, ni du libéralisme, ni des fatwas Modernité des décors, jeunesse des milliers de participants et beauté des discours ont marqué le premier congrès de l'Union patriotique libre (UPL), organisé, hier, au Palais des sport d'El Menzah. A cette occasion, le parti a présenté, en 14 chapitres, les programmes politique, économique et social, les têtes de liste mais, surtout, le discours tant attendu du chef du parti, M Slim Riahi. Ce dernier a annoncé le lancement de la campagne électorale : la dernière ligne droite avant le scrutin de la Constituante. Dans une ambiance décontractée, juvénile et musicale, le chef du parti a gagné la scène en rock star, entouré de gardes du corps, certains partisans et un jeu de lumière éblouissant. Avançant d'un pas rapide, il a salué tout le monde et même discuté avec certains. L'un des membres du bureau politique, son cousin, nous apprendra plus tard que la mise en scène a été préparée par une agence étrangère. Mais, devant le pupitre, l'orateur est gêné par le manque d'attention de certains participants qui continuent à chanter bruyamment. Du coup, pour maîtriser l'auditoire, sur des gradins archicombles, il tapote sur le micro plusieurs fois. C'est une gentille manière pour rappeler à l'ordre. Bien avant, à cause des chants de supporters des équipes sportives et des sifflets assourdissants, l'assistance avait du mal à entendre les propos de la première intervenante, Houda Hawami. La réaction n'a pas tardé. Des agents de sécurité ont mené une intervention musclée pour expulser une vingtaine de jeunes hors de la coupole. Ainsi, faute de connexion avec l'auditoire, le discours n'a commencé que quelques minutes plus tard. Les premiers mots, "C'est maintenant qu'on commence.", avec le fameux "tawa", ont enflammé une foule acquise, qui criait : UPL. Il rappelle ensuite qu'un Tunisien moderne est un musulman ouvert, qui préserve ardemment les libertés personnelles et les valeurs nationales, notamment la liberté de la femme et celle de la presse. De même, il critique les autres partis politiques qui tentent d'importer des modèles politiques et des expériences de gauche, de droite ou même turque. "La Tunisie n'est pas un laboratoire, ni pour les expériences du communisme, ni du libéralisme, ni pour les "fatwas" de Hassan El Banna", martèle M. Riahi. "Ce sont ces partis qui ont donné la légitimité à l'ancien pouvoir", renchérit-il. Il est à noter aussi que la longueur du discours a fini par avoir raison de l'attention de son auditoire. Lors de ce congrès, M Mohsen Hassan, membre du bureau politique, a présenté les grandes lignes du programme du parti. Sur le plan économique, les experts tablent sur une croissance de 7% en vue de créer 520 mille emplois à l'horizon 2016. De même, le programme prévoit une amnistie fiscale générale pour réparer les préjudices causés à certains hommes d'affaires par l'ancien régime. Et, pour la classe sociale moyenne, on prévoit des crédits "logement" sans intérêts bancaires. Mais, lors de cet exposé, bon nombre de participants ont été choqués par la fidèle reproduction de l'un des slogans de l' ancien régime :"Les jeunes sont la solution et non pas le problème". Enfin, les jeunes ont regagné la scène de la coupole, comme celle à l'extérieur, pour chanter et danser avec leurs rappeurs préférés. Une réelle ambiance bon enfant.