• Rien n'est encore gagné • L'argent viendra, la coupe de la CAF n'attend pas • Benzarti a beaucoup apporté au CA A 19 ans, Oussama Haddadi monte doucement et discrètement, mais sûrement. Il vient de réaliser, avec ses équipiers, une bonne affaire au Nigeria avec un pied en finale. Il nous raconte ce pénible voyage et nous décrit ce qui a changé au CA sous la houlette de Benzarti. Interview. Commençons par l'actualité. Vous gagnez au Nigeria quelques jours après une grève inédite. Paradoxalement, cela semble vous donner des ailes... On a beaucoup réfléchi sur la grève observée au début de la semaine dernière. Il était parfaitement de notre droit de réclamer notre argent, mais nous aurions dû en informer les dirigeants au préalable. Nous avons été solidaires. Tous les joueurs ont d'ailleurs décidé de réagir positivement. On a convenu de tourner la page et de faire plaisir à notre public. La différence, c'est que l'argent viendra, mais la coupe de la CAF peut ne pas venir. Regrettez-vous cette grève? Nous sommes responsables de nos actes. Comme je vous l'ai dit, le timing de cette grève n'était pas opportun. Mais c'est du passé, on a tourné la page. Racontez-nous ce voyage pénible et ce match qui aurait pu être reporté... Vous avez tous vu que c'était un déplacement extrêmement fatigant. A quelques minutes du match, il pleuvait des cordes. C'était vraiment triste comme cadre. Benzarti nous disait alors qu'il fallait garder toute sa concentration et que l'on allait finalement jouer. Ce fut un match dur sur une pelouse détrempée face à un adversaire puissant. Il fallait faire preuve de beaucoup d'abattage en défense et d'énormément d'intelligence pour ramener cette précieuse victoire. Je pense que cela a été le match le plus difficile à gérer en cette coupe de la CAF. Vous êtes parvenus à gagner pour la 2e fois au Nigeria. Comment l'expliquez-vous? Je dirais que c'est d'abord l'apport de Faouzi Benzarti qui sait préparer et lire les matches en Afrique. Ensuite, c'est l'application des joueurs. Nous avons joué sur l'effet de surprise : nous avons attaqué Sunshine dans sa zone ; nous avons pressé haut, sans oublier la position un peu avancée des défenseurs. De plus, nous jouons mieux à l'extérieur qu'à Tunis. ça s'est confirmé plusieurs fois dans notre parcours. Les Nigérians sont très dangereux en attaque, ils vous sollicitent beaucoup. Il fallait bien se couvrir en défense. «ça va être plus difficile...» Et le but d'Ezechiel? C'était le coup de massue pour l'adversaire. Nous les avons attaqués timidement en première mi-temps, avant d'aborder la seconde période en force. Nous ne leur avons pas laissé le temps de faire monter le rythme. Il suffit de marquer à l'extérieur pour avoir le moral et pour résister jusqu'au bout. Un pied en finale, un match retour sans public‑: l'équation sera-t-elle facile à résoudre ? Ça va être plus difficile. Il y aura de la pression sur nos épaules. Il n'y aura pas le public pour nous pousser de l'avant. L'Afrique est toujours un champ miné : rien n'est gagné d'avance. Nous avons dû affronter de gros morceaux continentaux, des joueurs athlétiques et chaque match nous réserve de nouvelles surprises. Je ne veux pas parler de finale, rien n'est encore fait. Qu'est-ce qui a changé au CA depuis l'arrivée de Faouzi Benzarti ? Je me suis entraîné avec beaucoup d'entraîneurs. Franchement, Benzarti est le meilleur. On dit qu'il est autoritaire, ce n'est pas faux. Mais c'est quelqu'un qui nous a beaucoup donné. Il est unique avec ses entraînements chargés où il vous corrige plein de défauts. On se fatigue plus dans les entraînements que dans les matches officiels. Il aime que les joueurs appliquent ses consignes. Personnellement, il m'a aidé à corriger mon placement et mes réflexes de défenseur. Regardez l'attitude de la défense clubiste, elle se comporte mieux. Et le titre africain ? Je promets au public de jouer le tout pour le tout et de faire le maximum pour remporter la coupe de la CAF. Il est temps que le CA, grand qu'il est, renoue avec les titres.