Hormis une honorifique coupe de l'Unaf, le CA achève une saison «catastrophique» sur le plan sportif. Constat, causes et surtout... voies pour l'avenir On a toujours dit à l'école, au lycée et à l'université que les mêmes causes produisent les mêmes effets. C'est scientifique et c'est valable pour le Club Africain. Ce n'est pas une simple affaire d'impression. Ce n'est pas non plus de la subjectivité : le CA a perdu énormément de son «aura» par rapport à ses concurrents directs. Non seulement sur le plan sportif, mais aussi et surtout sur celui de la stabilité et de la visibilité. Deux vertus qui ont fait de ce club dans les années 70 et même dans les années 80 (années de disette certes!) un modèle de gestion. Où est passé le modèle Azouz Lasram, l'homme qui a transformé le CA d'un club amateur tunisois en une véritable institution professionnelle. Nous n'avons pas vécu cette époque, mais ceux qui y étaient vous diront que l'homme a jeté les bases d'un club professionnel redouté et respecté par tous. Aujourd'hui, tout cela c'est du passé. Aujourd'hui, le CA vit des crises récurrentes qui ont touché tous les aspects de la vie courante du club : résultats, encadrement, qualité des joueurs, stabilité des choix et vision. Et ce n'est pas la qualification pénible et étriquée au tour des groupes de la CAF qui va changer le constat. Saison ratée pour un CA, pourtant parti pour faire oublier les frasques de la dernière saison, mais qui est tombé dans les mêmes travers. C'est qu'on n'a pas l'impression que les réflexes et les méthodes de travail ont changé au Parc A. Même constat, mêmes erreurs, même passivité et mêmes «douleurs» pour un public qui en a marre des fausses promesses et des illusions... perdues. On vous raconte l'histoire du CA cette saison. A vous de juger. Le chiffre fait peur. Le CA s'est trouvé avec 6 entraîneurs depuis l'intersaison. Chaque entraîneur a essayé d'imposer son style et d'aider l'équipe à rebondir. En vain. Récapitulons. — Adel Sellimi prend en charge la préparation de l'intersaison, alors que le CA vit un ridicule feuilleton pour le poste de président. Il assure alors le stage de Aïn Draham. — François Bracci, ancien international français, ancien entraîneur de la MC Alger, est intronisé premier responsable de l'équipe. Assisté par Adel Sellimi, le Français ne fait pas long feu. Deux défaites, une victoire et une contestation généralisée lors des séances d'entraînement qui vont précipiter son départ. Une énorme surprise pour les observateurs, un fait attendu pour l'entourage du club. La porte s'ouvre devant M'rad Mahjoub, auteur d'une première expérience ratée en 2002/2003. Entre-temps, Adel Sellimi est limogé. On ne lui a pas pardonné le fait d'offenser le club sur un plateau télévisé. C'est Lotfi Rouissi qui fait l'adjoint de Mahjoub. Une coupe de l'Unaf gagnée, résultats très moyens en championnat (série frustrante de matches nuls), élimination précoce en coupe de Tunisie. Le CA termine la saison locale le 5 décembre 2010. M'rad Mahjoub rend le tablier. C'est l'enfant du club Kaïs Yaâcoubi qui débarque au Parc A. Entraîneur réputé pour son autorité, Yaâcoubi est amené à mettre fin au laisser-aller des joueurs. Mais aussi à se qualifier au tour des groupes de la Ligue des champions. Objectif raté avec un match retour contre Al Hilal qui coûte cher au club. Yaâcoubi finira par claquer la porte. De toute façon, Jamel Atrous n'était pas convaincu par l'homme et l'entraîneur. — Lotfi Rouissi, l'incontournable adjoint, dirige l'équipe pour les matches face à l'ASM et au CSHL. En attendant de ramener un entraîneur au CV convaincant. C'est finalement Faouzi Benzarti qui revient au Parc A avec une mission bien claire : redonner la crédibilité à l'équipe de football et tout rebâtir. Un nouveau cycle commence. Un match aller réussi face à Sofapaca, puis un calvaire vécu à Nairobi au retour. On n'a pas l'impression, encore une fois, que les Clubistes sont passés à un palier supérieur. Saut dans l'inconnu L'équipe de football du CA n' a pu offrir quoi que ce soit à son public. Le dernier match à Nairobi a prouvé, pour la énième fois, qu'il y a un déficit technique et mental. La défense a retrouvé sa fragilité et sa naïveté. A l'image d'une équipe frappée par la malédiction des blessures, par l'indiscipline de ses pseudo-stars et par un terrible manque de caractère. La saison 2010/2011, saison de toutes les déceptions, doit être oubliée. Mais justement, a-t-on les atouts techniques et humains pour repartir du bon pied et retrouver sa juste place ? L'actuel classement ne peut pas être conforme au prestige de ce club. Maintenant, Jamel Atrous, qui a promis monts et merveilles à ses électeurs, va faire face à une situation délicate. Après Ben Yahia et Aouadhi, qui ont choisi de passer en Europe, la porte est ouverte devant Melliti et Hmam, dont les contrats expirent à la fin du mois. Les dirigeants clubistes traînent encore pour les garder, alors qu'Alexis et Dhaouadi ne sont plus intransférables. Poussons le raisonnement à l'extrême : si le bureau directeur du CA laisse partir tout ce beau monde, a-t-il idée qu'il est en train de vider l'équipe de ses piliers ? Y a-t-il en Tunisie des joueurs de qualité qui courent les rues et qui peuvent remplacer ces joueurs partants ? Benzarti est-il si confiant dans les jeunes du CA pour remplacer au moins 6 joueurs de métier ? Mettre de l'ordre est une solution entre autres, mais vider l'équipe sans se soucier de relever les partants (y a-t-il l'argent pour le faire ?) est une option hasardeuse. Aucun grand club ne peut attendre deux ans pour voir les jeunes se faire des muscles et du métier pour jouer les titres. Atrous est dans l'épreuve la plus délicate depuis son arrivée. Transferts de qualité, joueurs de titres, c'est ce dont l'équipe a besoin. Sinon, c'est encore des châteaux en Espagne et c'est un cycle qui va se déclencher de nouveau.