Malgré l'imbroglio administratif, l'équipe joue bien et met un pied en finale. Benzarti y est pour beaucoup Nous ne sommes pas des inconditionnels de Faouzi Benzarti en tant qu'entraîneur. Sa façon de gérer les échéances, son parcours avec les clubs tunisiens et la sélection alternent le bon et le moins bon. Il a sûrement réussi avec plus d'un club, mais il a échoué avec… les mêmes. Cela n'empêche que c'est le mieux capé parmi les entraîneurs tunisiens de son époque. Nous ne sommes pas toujours d'accord avec ses idées arrêtées et parfois figées sur la tactique et l'attitude trop autoritaire envers les joueurs et l'entourage. Il y a ceux qui l'aiment et d'autres qui ne l'aiment pas. En revanche, nous sommes tous d'accord pour dire que cet entraîneur «aventurier», qui aime le risque, a réussi avec le CA en Coupe de la CAF. Les chiffres le montrent bien. Ce CA, que presque tout le monde a enterré au début du tour des groupes, a mis le premier pied en finale. Une surprise pour un grand club en Afrique ? Ce n'est pas là le message de notre propos, mais quand vous regardez le nombre et la qualité des joueurs du CA en cette Coupe de la CAF, vous ne pouvez qu'admettre quelque chose : Benzarti a réussi un bon travail. A peine 17 joueurs valables, au moins deux absents permanents par match (suspension ou blessure), et beaucoup de tension exacerbée au sein de l'équipe : tous les entraîneurs ne peuvent pas gérer une situation aussi «explosive». A peine débarqué, Benzarti rate ses premiers matchs en championnat et commence à vivre mal au Parc «A». Combien de fois il était à deux doigts de quitter le club avant que Jamel Atrous ne le retienne à la dernière minute. Benzarti ne trouve pas un second Hamdi Meddeb qui peut apaiser toutes les tensions grâce à ses apports financiers. Pis encore, Benzarti doit mettre toute son autorité dans la balance pour mettre fin à la «fronde» des stars de l'équipe qui réclament leur argent. Lundi dernier, le Parc «A» a vécu des incidents qu'on croyait révolus. Les joueurs ont fait grève et menacé de ne pas jouer. Grave, très grave pour un club qui s'apprêtait à jouer une demi-finale de la coupe de la CAF. Pour pouvoir remettre de l'ordre et de la motivation dans ce groupe, Faouzi Benzarti a dû puiser au fin fond de son expérience pour permettre à son équipe de gagner. Même les plus optimistes des Clubistes n'auraient pas parié sur une victoire aussi précieuse. En plus, l'équipe a livré une excellente seconde mi-temps, jouant avec courage et clairvoyance. Les rôles étaient bien répartis avec à l'arrivée l'opportunisme d'Ezechiel qui devrait enfin prendre le bon chemin. Un peu d'histoire Cette liste africaine du CA restera dans les annales. Quelques joueurs n'ont pas disputé le tour des groupes et quittent le club‑: Souissi, Khayati,Ben Yahia, Aouadhi, H'mam, Hadhria, Melliti, sans oublier Sellami, pas inscrit, et Khechach absent depuis un bon moment. On regardait le banc des remplaçants du CA où, parfois, il n'y avait pas 7 joueurs pour compléter la liste des 18! Comment expliquer que le CA, qui avait tenté depuis 2008 de retrouver l'Afrique, ne réussit qu'avec Benzarti? L'équipe sacrée championne de Tunisie en 2008 s'arrête au premier tour et tombe quatre ans de suite dans le tour préliminaire de la Ligue des champions. Ce n'est qu'avec un effectif beaucoup plus réduit et dans un environnement de crise que l'équipe réussit. Quel que soit le résultat du match retour, Benzarti aura réussi avec le CA en Coupe de la CAF. C'est ça le mérite d'un entraîneur‑: ramener des résultats avec le minimum de ressources. Que dire alors si vous travaillez dans ce CA divisé et fragilisé par les conflits de ses dirigeants. L'histoire plaide en faveur de Faouzi Benzarti. Pour l'anecdote, il faut remonter à 1999 pour voir le CA atteindre une finale continentale. C'était en Coupe d'Afrique des clubs vainqueurs de coupe face à l'Africa Sports. Benzarti dirigeait alors l'équipe où figuraient Azaïez, Jaballah, Kouki, Bouzayane, Amrouche, Ben Chrouda, Limam, Rouissi, Trabelsi, Zaâlani... 1-0 à l'aller pour les Ivoiriens et 1-1 à El Menzah (but assassin de Keïta au début du match). Rêve brisé : mais c'est avec Benzarti (qui a pris la relève d'Exbrayat) que l'équipe a atteint la finale. Le même Benzarti a conduit le CA en finale de la Cavc en 1990 face au BCC Lions, sans gagner au finish. Vous voyez, vingt ans après, Benzarti est là pour aider l'équipe. La seule différence, c'est qu'en 1990 et en 1999, les joueurs étaient meilleurs que ceux-là. «Monsieur Afrique» a réussi jusqu'ici à faire beaucoup de choses avec peu de moyens. C'est là son mérite.