Par les temps qui courent, aux couleurs du quotidien banal, nous croisons à peine quelques touristes en vadrouille dans nos murs. Sauf qu'il en est un qui revisite depuis belle lurette la Tunisie, régulier comme un métronome : qu'il tonne, qu'il pleuve. Ou qu'il neige. Il s'agit de Herbert Tausenfreund. 64 ans au compteur de son état civil. Entretien avec ce Berlinois, heureux de remonter la piste encore fraîche de ses souvenirs intacts. Revue de détail : un de ces quatre matins en Allemagne, il découvre dans le plus grand journal de Dusseldorf, le Reinsiche-Post, une petite annonce destinée à l'apprentissage de la langue arabe, s'adressant à des jeunes ayant au maximum 26 ans : «Ça tombait bien, puisque je n'avais que 19 ans». Aussi, avec un enthousiasme dynamique, décide-t-il de faire un saut à Tunis. C'était en 1966. Où logeait-il? Dans des auberges. Petite parenthèse : savoir que «Tausenfreund» signifie, après traduction, «mille amis». Justement, comme son nom l'indique, notre touriste a le sens de l'amitié, de la communication. Et du partage. S'ensuivra une enfilade de «vadrouilles» où il découvre Tunis, Sousse, Sfax, Gafsa, Gabès. Curieux de tout, ce voyageur invétéré s'est amusé très tôt à découvrir l'Australie, la Nouvelle-Zélande et l'Indonésie, entre autres. Son dada : se frotter, en humaniste authentique, à d'autres peuples. Et va pour Kerkennah... En 1967, il «signe» son amitié pour notre pays. Avec, en particulier, un coup de cœur pour Sousse, dont il apprécie la Corniche. Là où il fait la connaissance de notre compatriote Tahar Sassi : un homme de grande écoute. Jamais un mot plus haut que l'autre, réservé sans être distant. Aussi, notre compatriote l'aide-t-il, peu à peu, à assurer les fonctions de guide touristique. Préciser que ce «Deutsher» montre sans tarder une grande fidélité à notre pays. Au fait, s'arrêtera-t-il de revisiter la Tunisie ? «Que nenni». Ce serait comme si on demandait à un alcoolique de s'arrêter de boire. S'installe ensuite l'amitié entre les deux hommes. Au fait, à quoi reconnaît-on deux vrais amis? Réponse originale de notre compatriote qui œuvre dans le para-touristique, à un jet d'olive. «Les vrais amis, souligne ce Soussien, peuvent passer une année entière ou davantage sans se voir, sans même communiquer par voie téléphonique». Mais, ajoute-t-il, «lorsqu'ils se retrouvent, c'est comme s'ils s'étaient quittés la veille», conclut-il. Au fait, vous saurez que le proche projet de Herbert Tausenfreund est de «connaître les îles Kerkennah. J'ai hâte d'y aller», murmure-t-il, souriant. A ces mots, ce sympathique berlinois, probablement l'un de nos tout premiers touristes, s'en frotte les mains déjà, heureux. Ça va sans dire. Mais cela vaut mieux en le disant…