• Un peu partout sur les murs de nos rues, tags juvéniles et slogans révolutionnaires rivalisent de surnombre et d'imagination, mais aussi d'incivisme ! Badigeonneurs, à vos pinceaux… De l'avis d'un infatigable randonneur, jamais les murs de nos rues n'ont été si impitoyablement mis à mal qu'ils le sont en ce moment. Loin d'être un canular ou une tendance à l'exagération, le constat est vrai, juste et facilement vérifiable à l'œil nu. Remuons d'abord les souvenirs des nostalgiques du bon vieux temps pour rappeler que nos murs n'avaient pas vécu par le passé un tel phénomène. Au point que c'est à peine si quelques tags, généralement de connotation sportive, y avaient … droit de cité. Et puis, qu'est-ce qu'ils étaient «sympas» ces tags footballistiques qu'on appréciait, avec le sourire par-dessus le marché, même si, faut-il l'avouer, certains slogans de mauvais goût venaient parfois salir le décor. Mais de phénomène, on n'en parlait guère. Ultras… supras Aujourd'hui, les temps ont hélas changé. Diamétralement dans le mauvais sens. Il suffit seulement d'une petite balade dans les artères des villes, et particulièrement dans les gouvernorats de Tunis et de l'Ariana, pour s'en apercevoir. çà et là, «l'imagination populaire» est à son comble, et «l'inspiration humaine» au sommet de sont art ! Et à nos murs d'en payer les frais, l'invasion des tags étant proprement terrifiante. En effet, le phénomène (il en est vraiment un) est tel que, outre les murs des maisons, jusqu'ici terrain de prédilection pour les tageurs, c'est maintenant au tour des façades des édifices publics de prendre leur part du gâteau pourri ! Et cela, à coups de slogans révolutionnaires qui vont de la condamnation de l'ancien régime aux critiques de la politique post-révolutionnaire, en passant par les inévitables tags juveniles louant l'éternel Che Guevara, et les «Ultras», «Supras» et autres «Hooligans» des tristement célèbres supporters et casseurs des clubs italiens, anglais et sud-américains! Défoulement incontournable Pour un psychologue, «ce phénomène est tout à fait compréhensible. D'abord parce que notre révolution fut celle des jeunes, qui l'ont faite spontanément et sans le concours de qui que ce soit. Ensuite, parce que nous sommes face à un «défoulement populaire» consécutif à plus d'un demi-siècle de dictature. N'empêche que je reste persuadé qu'un jour ou l'autre, ce phénomène perdra de son ampleur». Or, des citoyens qui en sont victimes, n'entendent pas notre sage pychologue de cette oreille : «J'ai dû, se plaint l'un d'eux, passer un nouveau coup de pinceau à la façade de ma villa, pourtant fraîchement badigeonnée». Pour un autre plaignant, «il s'agit malheureusement d'un défoulement incontrôlable et, de surcroît, incivique, par tags véhéments et bas interposés. Faut -il placer une... sentinelle devant ma maison pour en être épargné ?». Question embarrassante et «in», s'agissant d'un vrai dilemme : faudra-t-il promulguer une loi autorisant des poursuites judiciaires contre «les violeurs de l'environnement» qui jettent leur dévolu sur les murs des maisons et des administrations? Ou alors condamnera-t-on les pauvres citoyens à prendre leur mal en patience, quitte à développer un ... talent de badrigeonneur?