• Les élections du 23 octobre ont redonné sourire et délivrance à plusieurs commerçants, jusqu'ici lourdement affectés par les retombées de la révolution «Cela fait dix jours qu'on refuse du monde», jubile le gérant d'un hôtel de la place qui affiche complet. «Le tout, précise notre interlocuteur, grâce à une affluence inattendue de touristes dont 90% sont des journalistes et observateurs étrangers chargés de la couverture des élections de ce dimanche». Pour un autre hôtelier exerçant dans un 4 étoiles à Gammarth, l'heure est également au surbooking. «Après l'invasion subite des Libyens, lance-t-il, le sourire aux lèvres, nous avons été surpris par une autre invasion, celle des invités étrangers des élections de la Constituante. Quand je me remémore l'extraordinaire morosité dont on a souffert depuis le 14 janvier, avec une chute des recettes effleurant les 100%, je ne peux pas, franchement, m'empêcher d'exprimer ma joie». La grande mobilisation Ainsi subitement sollicités comme aux plus beaux jours de la traditionnelle haute saison touristique, nos hôteliers ont dû prendre des mesures urgentes pour pouvoir assurer l'équilibre entre l'offre et la demande. En effet, outre l'augmentation du volume des approvisionnements quotidiens en denrées alimentaires et en boissons, certains hôteliers du Grand-Tunis ont dû faire des acrobaties, qui pour renforcer l'effectif du personnel mobilisé, qui pour procéder à une expéditive opération lifting de leurs établissements, qui encore pour rappeler d'urgence leurs employés partis en congé. Mobilisation d'autant plus massive que des hôteliers, notamment du côté de Gammarth, fonctionnent à plein régime, 24 heures sur 24. «Un coup de fouet réellement inespéré, s'exclame un hôtelier, visiblement soulagé, qui indique que «cette bouffée d'oxygène engendrée par les élections devra nous permettre de reprendre espoir, en épongeant enfin une partie de nos dettes auprès des banques et des fournisseurs». Et de conclure en s'interrogeant laconiquement : «Y aura-t-il, par hasard, d'autres imminentes… élections en perspective ?». Tache d'huile Outre les établissements hôteliers, ce regain d'embellie a fait aussi tache d'huile dans d'autres secteurs des services, particulièrement celui de la location de voitures. Les interminables jours de cafard l'ont soudainement cédé à la délivrance, sous la forme d'une flambée de commandes d'une ampleur sans précédent en pareille période de basse saison. Selon un investisseur dans ce domaine, «cette fulgurante reprise est due au raz-de-marée des partis candidats aux élections». La ruée a également touché d'autres secteurs tels que les imprimeries, les restaurants, les boutiques d'artisanat et même celui des taxis. «Dommage que cette lune de miel soit de courte durée», murmure un hôtelier qui tremble déjà à la (sombre) perspective de… rentrer dans les rangs après les élections ! Toujours est-il que, grâce à ce glorieux événement du 23 octobre, tant de déficits auront été réduits, tant de dégâts auront été limités. Et c'est au moins ça de gagné.