C'est un dinosaure du foot tunisien qui s'en va.Dans la nuit de vendredi à samedi, Mohieddine Baccar a succombé à une crise cardiaque à son domicile de Hammam-Lif à l'âge de 74 ans. Figure emblématique des instances du football tunisien (plusieurs fois membre du Bureau de la Fédération tunisienne de football, secrétaire général, puis vice-président ), il a régulièrement constitué la référence incontournable en matière de règlements, de législation et de contentieux et litiges.Il était à la FTF ce qu'est toujours Ameur Bahri à l'Espérance de Tunis. Cet ancien professeur de mathématiques, bosseur méticuleux, rigoureux et cartésien dans l'esprit de sa formation s'était consacré ces dernières années au secrétariat général de l'Union nord-africaine de football (Unaf) dont il deviendra la cheville ouvrière. Au siège de l'instance nord-africaine, du côté du Lac, à Tunis, il était rare d'y aller sans y trouver ce personnage attachant devant son PC, à son Bureau du premier étage à planifier, programmer des tournois et communiquer avec ses amis des pays membres, notamment le président , l'Algérien Mohamed Raouraoua.Il se trouvait ainsi à la base de toutes les innovations des formules de compétition, notamment de celles qui s'adressent aux jeunes, son cheval de bataille. Le soir de la clôture des Jeux méditerranéens 2001, suite à la victoire de la Tunisie en finale face à l'Italie, nous avions rencontré à Radès un homme radieux, aux anges et qui nous parlait dans cette euphorie contagieuse de mille et un projets pour les catégories des jeunes dans le foot tunisien. Du Conseil national de la Fédération tunisienne de football, en 1985 à Bir El Bey, nous gardons le souvenir du one-man-show exécuté par le défunt, lequel mit carrément K.-O debout les fédéraux sortants à coup de judicieux rappels réglementaires et d'arguties juridiques de vieux renard. Il faut rappeler qu'il était alors de l'autre côté de la barrière puisqu'il ne faisait pas partie du Bureau de Salah Ben Jannet. Chaque fois que nous rencontrons cet homme attaché à ses origines hammam-lifoises, ses souvenirs remontent à ce grand moment de gloire. Et il était peu fier de rappeler, déjà en ces temps immémoriaux, qu'on ne limoge pas un bureau fédéral par une simple décision de la tutelle, faisant allusion à la dissolution par le ministère de l'époque de l'exécutif de Moncef Foudhaili. Baccar rejoint beaucoup parmi ses compagnons de route, le dernier en date étant Ridha Ayed.C'est toute une génération de dirigeants à forte personnalité qui s'en va.Un pan entier, aussi de l'histoire du foot national. A son épouse, à ses deux fils, à sa fille et à tous ses chers, La Presse présente ses condoléances les plus attristées. Que l'âme du cher défunt repose en paix.