La soirée de clôture du programme culturel et d'animation dans les régions qui s'est tenue jeudi dernier, au Théâtre municipal de Tunis, à l'occasion de la Journée nationale de la musique qui a coïncidé avec les derniers préparatifs de l'élection de la Constituante, était quelque peu fade et sans relief. Ce n'est pas que les musiciens, les chanteurs ou le chef d'orchestre fussent mauvais. Bien au contraire, ils étaient pleins d'énergie pour assurer un programme varié composé de chansons tunisiennes et égyptiennes fort connues. L'ambiance générale s'est caractérisée par la morosité et l'ennui, à cause de la défaillance du public. La salle était presque vide et ne comptait qu'environ une centaine de spectateurs. La soirée a été également marquée par l'absence des chanteurs Noureddine Béji et Sondes Taga, remplacés, heureusement, par Hassen Dahmani. Le concert, sous la conduite de Abderahmane Ayadi, a démarré avec une nouvelle pièce instrumentale, intitulée «Hourria» (liberté), signée par le chef d'orchestre lui-même et exécutée par une vingtaine de musiciens, membres de la Troupe nationale de musique. Le morceau, au tempo tantôt lent, tantôt vivace, surtout à la fin, a donné le ton au reste du spectacle qui a allié rigueur et légèreté. Le premier chanteur à monter sur les planches, ce soir-là, était Adnène Chaouachi dont l'absence sur la scène artistique est assez remarquable. On se demande d'ailleurs pourquoi un artiste de cette envergure, qui a été l'une des stars des années 1980 - 90, se fait aussi discret. Pourtant, il a de la voix et du talent à revendre. Au cours de ce programme, il a proposé un bouquet de ses plus belles chansons qu'il a lui-même composées : «Rayhana», «Ya ness mahla'ssahar» et «Ya Abha Khalila». En hommage à la révolution tunisienne, Rihab Sghaïer, avec sa voix forte et porteuse, a tout d'abord interprété «Tounisna», écrite par feu Hassouna Gassouma et composée par Abderahmane Ayadi, puis le célèbre «qacid» patriotique «Béni Watani» de l'inégalable Oulaya, dans un nouvel arrangement. Elle a enchaîné avec un cocktail de chansons du répertoire tunisien, en particulier de Saliha et Ali Riahi, qui restent deux monuments de la chanson tunisienne des années 1950 - 60. Hassen Dahmani a imposé sa voix puissante dans l'interprétation d'une chanson écrite par Abdelhamid Belhaj et composée par Abderahmane Ayadi. Puis il s'est attaqué à «Rihet Libled» de Mohamed Jamoussi, en passant par «El ardh b'titkalem ârabi » de Sayed Mekkaoui, pour clore avec «Ya ness hibbou en'ness» d'Elie Chouiri. Toujours égale à elle-même, la vedette Alia Belaïd a terminé la soirée en beauté avec une chanson de circonstance : «Iradatou'l hayet », paroles d'Aboul Kacem Chebbi et composition de Riadh Sombati et avec des passages de quelques chansons de Oum Kolthoum, dont le chef-d'œuvre «Inta Omri». Avec vivacité et entrain, la cantatrice a ainsi mis son talent et son expérience au service de ces joyaux éternels du patrimoine arabe.