Voilà, c'est fait ! J'écris ces mots après avoir voté. Je viens de choisir mes représentants à l'Assemblée constituante qui va élaborer la Loi fondamentale qui régira la vie du pays pour longtemps. Devoir, donc, accompli ? Pas vraiment. Car si cette instance élue et les suivantes vont effectivement représenter la volonté de la majorité de la population, il n'est pas dit qu'elle reflétera réellement et concrétisera mes aspirations, encore moins dans leur totalité, dans tous les domaines. Ainsi va la démocratie dont tout le monde doit admettre les règles du jeu. Cela étant, dois-je accepter d'être privé de mes rêves, si la composition de la future Assemblée ne correspond pas tout-à-fait — ou pas du tout — à mes attentes? Certainement pas. Et là est une autre vertu de la démocratie. Si le pouvoir s'y exerce souverainement au nom du peuple, la partie de la population qui ne se reconnaît pas dans sa politique a cet autre pouvoir de faire prévaloir son point de vue et de faire aboutir les revendications légitimes grâce à une action parallèle, dans le cadre des dispositions légales prévues à cette fin. En d'autres termes, elle a la possibilité d'amener le pouvoir à prendre en considération les préoccupations exprimées en dehors des instances officielles. Cette voie parallèle n'est autre que ce qu'il est convenu d'appeler société civile. Parce que les conditions d'exercice des droits démocratiques sont aujourd'hui réunies, la société civile a une mission particulièrement cruciale, de contrôle de l'exercice du pouvoir mais également de proposition dans tous les domaines de la vie en société. Aussi, écarts et lacunes ne seront plus, désormais, imputés aux seules autorités mais à l'ensemble des acteurs sur le terrain, c'est-à-dire également au citoyen qui aura de la sorte négligé de prendre ses responsabilités. Et cela ne s'entend pas sur le seul terrain politique.