Les quantités de produits de la pêche enregistrées ont connu une diminution de l'ordre de 3% au cours des neuf premiers mois cette année par rapport à la même période de l'année dernière. La production de la pisciculture a augmenté de 30% et celle du poisson bleu de 15% Les produits de la pêche sont disponibles sur les étals des marachés, mais les prix de certaines espèces sont inabordables. Les daurades qui proviennent du secteur de l'aquaculture, par exemple, sont écoulées à 13 dinars, prix qui est revu à la baisse à quelques minutes de la fermeture du marché. En fait, les produits de la mer et ceux de l'aquaculture se côtoient et les profanes ne savent pas distinguer. Des pancartes devraient informer les consommateurs de la provenance du produit pour qu'ils puissent fixer leur choix. Les soles sont vendues, quant à elles, selon la taille de 10 à 18 dinars ! Même les prix des sardines avoisine désormais les 3 dinars le kilogramme. Compte tenu de la hausse des prix, certaines familles ne consomment du poisson qu'une fois par semaine, voire par mois. Pourtant, les produits de la pêche ont plusieurs vertus sur la santé aussi bien des enfants que des adultes et sont recommandés à tous les régimes. Cet état de fait est dû à plusieurs facteurs d'ordre conjoncturel et structurel, à commencer par l'arrêt des activités de certaines embarcations au cours de la dernière période qui a connu des protestations de la part des pêcheurs. Certains ne sont pas d'accord sur la période de pause biologique décrétée par l'Etat, ni sur le montant de la subvention octroyée au cours de la période d'inactivité. Certaines zones sont surexploitées Cette période de pause est pourtant nécessaire notamment dans certaines zones – au centre et au sud – qui ont connu une surexploitation des ressources halieutiques. De plus, plusieurs pêcheurs pratiquent le chalutage à un niveau très bas de la mer, ce qui entraîne l'appauvrissement de la mer dans la mesure où les filets prennent les herbes aquatiques nécessaires pour l'alimentation des poissons. Pire, les poissons de petite taille pris dans les filets ne sont pas toujours remis à la mer. Dans ces zones, les pêcheurs peuvent, en plus, pêcher des espèces dites nobles comme les pélagiques très appréciés par les consommateurs. La pêche au chalut est préférée par de nombreux pêcheurs car elle est plus sécurisée et ne nécessite pas de grandes embarcations bien équipées pour rester une longue période dans la haute mer. Si certaines zones sont surexploitées et caractérisées par une pêche anarchique, d'autres comme celles du Nord n'attirent pas trop les pêcheurs. C'est que dans ces zones «difficiles», les pêcheurs doivent être équipés impérativement d'embarcations solides, sécurisées et suréquipées pour qu'ils puissent pêcher au large où se trouvent d'importantes quantités de poisson bleu. Les autorités publiques ont mobilisé des moyens sur terre et en mer et ont même eu recours aux satellites pour faire respecter aux pêcheurs la réglementation en vigueur concernant le repos biologique, mais des infractions sont parfois enregistrées. En tout cas, les quantités de produits de la pêche enregistrées ont connu une diminution de l'ordre de 3% au cours des neuf premiers mois 2011. Ces quantités se sont limitées, en effet, à 74,3 mille tonnes au lieu des 76,7 mille tonnes au cours de la même période de l'année précédente. Pourtant, la production de poissons bleus a augmenté de 15%. Certains consommateurs continuent à bouder les espèces de poisson bleu qui ont les mêmes vertus nutritives que les espèces nobles et dont le prix est beaucoup plus élevé. Pour ce qui est de la pisciculture, les résultats sont plutôt satisfaisants. Au terme du mois de septembre de l'année en cours, la production a été de l'ordre de 4.690 tonnes contre 3.617 tonnes durant la même période de l'année dernière, ce qui correspond à une augmentation de 30%. Une partie de la production est destinée aux restaurants touristiques et aux unités hôtelières qui constituent d'importants clients des pisciculteurs. Les quantités livrées aux marchés sont parfois confondues avec les produits provenant de la mer. Le marché extérieur présente, lui aussi, de grandes potentialités qui ne sont pas toutes exploitées. Néanmoins, la Tunisie a pu exporter, quand même, à fin août de l'année en cours, 19.017 tonnes pour une valeur de 191,3 millions de dinars contre 12.641 tonnes et 122,4 MD au cours de la même période de l'année écoulée, ce qui représente un accroissement de 50% en quantités et de 56% en valeur. Mais notre pays importe aussi les produits de la pêche pour satisfaire une demande de plus en plus croissante à certaines périodes de l'année pour essayer de réguler le marché et de maintenir les prix à un certain niveau. Ainsi, les importations, elles, ont atteint 25.568 tonnes pour une valeur de 63,4 MD contre 31.427 tonnes et 64,4 MD au cours de la même période de l'année dernière. Cette rationalisation des importations a eu des effets positifs sur la balance commerciale du secteur qui a enregistré un excédent de 127,9 MD, de loin meilleur que celui de l'année dernière qui était de 57,8 MD. En comptant davantage sur la production locale – grâce à la pêche traditionnelle, à la pisciculture et à l'aquaculture–, il est possible de faire des économies au niveau de la balance commerciale sans priver les consommateurs des produits de la pêche à des prix abordables.