De notre envoyée spéciale à Addis-Abeba Najoua HIZAOUI La récente croissance en Afrique, qu'est-ce qui a changé, qu'est-ce qui est important?, les investissements directs étrangers et le développement du marché financier en Afrique, le rôle des terres dans la croissance agricole en Afrique, tels sont les thèmes principaux qui ont été débattus lors des travaux de la première et deuxième journée de la conférence économique africaine tenue à Addis-Abeba, D'après les exposés présentés par d'éminents experts africains et internationaux, l'Afrique a rattrapé l'Asie de l'Est en termes de croissance économique. Les donnés indiquent que l'Afrique a réduit son retard par rapport à l'Asie de l'Est en termes de taux d'investissement. Toutefois, l'Asie de l'Est a maintenu et même amélioré son avantage sur l'Afrique en termes de PIB par habitant, d'efficacité de l'administration, d'enseignement primaire, de taux d'exportation, de crédit intérieur au secteur privé et de taux d'urbanisation. En Afrique, le taux de croissance économique pendant la période 1995-2005 est de 2,2% supérieur à celui enregistré entre 1975-1994. Les indicateurs, montrent que seulement trois corrélats de croissance (l'enseignement primaire, le taux d'exportation et le taux d'urbanisation) se sont améliorés de façon significative au fil du temps. Les autres corrélats de croissance se sont légèrement détériorés ou sont restés stables en Afrique. Les IDE ont contribué, par ailleurs, à la croissance économique en Afrique, et ont pu donner l'impulsion nécessaire pour les réformes des marchés financiers et servir de mécanismes d'amélioration de leur transparence et de leur profondeur. En outre, «le bon fonctionnement de ces marchés peut aider à orienter plus efficacement les investissements étrangers vers les secteurs productifs et donc à créer plus de valeur ajoutée pour les investisseurs, rendant ainsi les pays d'Afrique plus attractifs aux IDE», précise M.Issouf Soumaré, expert du Canada. Repenser l'environnement des affaires et les déterminants des IDE D'après les statistiques fournies par la Commission économique africaine, les IDE en direction de l'Afrique sont en quête de marchés et suivent les économies pétrolières. Les IDE vers le continent semblent être concentrés dans des zones ayant précédemment attiré des IDE. «Pour attirer les IDE dans le continent, outre des politiques visant à élargir les marchés, des réformes institutionnelles crédibles doivent urgemment être entreprises afin d'améliorer la gouvernance économique et la stabilité politique, notamment à travers l'amélioration de la qualité des services civils, la lutte contre la corruption et les tensions religieuses», souligne M.Abbi Kedir, expert à la CEA. Les assises ont été axées en outre sur la relation entre le climat d'investissement, en particulier la réglementation des affaires et les IDE en Afrique. Etant donné que la plupart des IDE en Afrique dépendent des disponibilités d'investissements existantes et qu'ils ne bénéficient qu'à un nombre limité de pays, les études économiques montrent que les petits pays sans ressources peuvent augmenter leurs chances d'attirer plus d'IDE et soutenir leur développement, pour peu qu'ils soient en mesure d'initier des réformes permettant d'améliorer le climat d'investissement grâce à l'amélioration de la réglementation des affaires qui établit un environnement favorable aux entreprises. Un modèle empirique est estimé en utilisant la réglementation des affaires comme répresseurs parmi les autres variables de contrôle. En effet, les études ont mis en évidence que les règles et règlements commerciaux sont importants pour attirer les IDE en Afrique. Ce résultat s'oppose à la perception commune que les IDE en Afrique sont uniquement déterminés par les dotations en ressources naturelles. «Ceci a des implications politiques importantes étant donné l'importance des IDE dans la promotion de la croissance et de l'emploi et étant donné que de nombreux pays africains se lancent dans des réformes réglementaires coûteuses afin d'améliorer le climat d'investissement sans aucune garantie d'augmentation des entrées d'IDE», ajoute M. Emmanuel Nnadozie de la CEA. Revoir le rôle des terres dans la croissance agricole en Afrique Le consensus dans les cercles internationaux de développement économique est que la croissance agricole en Afrique est la pierre angulaire de la réalisation des objectifs du millénaire pour le développement (OMD) d'un taux de croissance annuel supérieur à 7% par an, nécessaire pour atteindre la convergence économique avec d'autres pays en développement et maintenir une qualité de vie similaire. Le secteur agricole peut améliorer le niveau de production soit en utilisant plus d'intrants, principalement des terres, et/ou par l'amélioration de la technologie utilisée. «Tous ces éléments mis ensemble et exploités vont déterminer le niveau de croissance agricole et économique en Afrique», affirme M. Guy Blaise Nikamleu, de la BAD -Tunisie. Les experts internationaux et africains ont aussi examiné et analysé les conséquences de l'exportation des produits agricoles primaires sur la santé des populations. Les données ont montré que l'exportation de ces produits agricoles augmentent la dégradation de l'environnement et cette pollution par les échanges nuit à la santé des populations. Ces résultats sont robustes pour différents stades d'exportation des produits agricoles primaires et pour l'échantillon africain.