Bien arrosée, la région sfaxienne a enfin pu voir ses oliveraies délivrées du manque terrible de précipitations, pour ne pas dire de la sécheresse. Les quantités de pluie qui se sont abattues ces derniers jours sur la région ont largement dépassé la moyenne saisonnière, augurant ainsi d'une bonne saison. Les agriculteurs de la région, toutes catégories confondues, ont affiché une grande joie en raison de ces pluies. La crainte avait poussé certains agriculteurs à procéder à l'arrachage de centaines d'oliviers. Par ailleurs, des milliers d'amandiers ont été également arrachés puisque desséchés. Pire encore, arrachés, ces arbres n'ont pas été remplacés, chose qui a augmenté les superficies des zones non productives dans la région. Ainsi, les dernières pluies abondantes ont certainement permis de sauver la vie à beaucoup d'arbres dans la région, mais aussi d'inciter les agriculteurs à engager de nouvelles actions de plantation d'oliviers. Le gouvernorat de Sfax compte six millions de pieds d'olivier et 5 millions d'amandiers. Les bienfaits des pluies ne s'arrêtent pas à ce stade. Porte bonheur, ces pluies permettront, dans les mois à venir, d'alléger la pression, notamment sur la consommation des fourrages. Ces aliments pour bétail ont enregistré, ces derniers jours, une hausse de prix sans précédant. Certains éleveurs ont été obligés de «se débarrasser» de leurs animaux face à la rareté des pâturages, mais aussi à la montée démesurée des prix des produits fourragers. Connue pour son secteur d'élevage, aussi bien ovin que bovin, développé et prospère, la région sfaxienne n'est cependant plus pionnière en la matière. Ce secteur a été largement affecté à cause non seulement des facteurs climatiques, mais aussi des pratiques de monopole et de spéculation sur les aliments pour bétail. Toujours dans le registre des bienfaits des dernières pluies, les habitants de Sfax ont vu, pour la première fois depuis des décennies, leurs fesqyas «réservoirs d'eau potable», pleines. Car les Sfaxiens ne sont pas de «bons clients de la Sonede». Ils préfèrent la consommation de l'eau contenue dans les réservoirs qu'ils ont bâtis à cet effet. Il est rare de trouver une maison sfaxienne qui ne contienne pas une «fesqya». C'est une tradition bien ancrée qui remonte à la dynastie des Aghlabides. Le bonheur des uns... Toutefois, les pluies abondantes ne manquent pas de rendre la vie dure aux habitants du centre-ville de Sfax. Ces derniers ne cachent pas leur mécontentement face à la dégradation continue de l'infrastructure de base de leur ville. L'étroitesse des canalisations d'égouts, souvent endommagées et mal entretenues, rend presque impraticables les rues de la ville. Très affectée, la circulation routière devient très lente, quand elle n'est pas carrément interrompue. Circuler en voiture à Sfax est ainsi un vrai cauchemar, notamment quand il pleut. Des embouteillages monstres handicapent toute la ville. Une situation qui ne doit pas empirer dans la deuxième ville du pays.