Les fortes pluies qui ont arrosé le pays au cours des derniers jours ont réjoui les producteurs de céréales qui avaient commencé, pour la plupart, à procéder à un labour profond du sol depuis le début du mois de septembre afin de préparer le lit de semence. En effet, les pluies ont permis de nourrir profondément les sols, ce qui permettra de garantir un bon démarrage pour les cultures. Par contre, elles ont retardé l'opération d'emblavement, en particulier sur les sols « hydromorphes » se trouvant sur les plaines. Ce sont surtout les régions du Centre et du Sud qui ont bien profité de ces pluies. Les superficies emblavées en céréales pourront atteindre probablement 650 mille hectares. « Mais si ces fortes pluies se poursuivaient, la levée risquerait d'être retardée », explique M. Lachtar Khaled, responsable au ministère de l'Agriculture. Ces pluies, en revanche, seront entièrement bénéfiques pour l'arboriculture, relève de son côté M. Abdelfattah Saïd, sous-directeur de l'arboriculture fruitière. Elles contribueront, en effet, à améliorer la qualité et le calibre des espèces fruitières en période de dormance, à l'instar des olives, ou en cours de grossissement, comme les grenades et les agrumes. « Ces pluies ont rendu l'air plus humide. Or l'humidité contribue à favoriser la coloration des fruits, notamment celle des agrumes, comme les clémentines et les oranges. Nous aurons des fruits qui auront un bon calibre et une belle couleur». Quant aux autres espèces fruitières, elles vont pouvoir constituer de bonnes réserves en eau qui vont favoriser par la suite une bonne « induction florale ». « Pour des espèces comme les grenades, les figues de barbarie ou les olives, on observera une amélioration de la qualité du calibre. Pour les dattes, toutefois, il n'y a aucun bénéfice. Quant au raisin de table, cultivée sous film plastique, si ces pluies se poursuivent, elles risquent de créer un micro-climat favorable à la prolifération des maladies, poursuit M. Saïd. Mais la saison se termine.» Ces fortes précipitations ont, par ailleurs, permis d'alimenter des barrages pratiquement à sec, comme celui de Rmel situé à Bouficha, qui s'est rempli à 100% de sa capacité, passant de zéro million de m3 à 24 millions de m3. Le barrage de Nebhana, situé à Kairouan et d'une capacité de 58 millions de m3, s'est également rempli à moitié de sa capacité. Ce barrage, dont les réserves se sont épuisées à cause d'une exploitation intensive pour l'irrigation des sols, ne contenait plus que trois millions de m3. Les dernières pluies ont permis à ses réserves de passer de 3 millions à 37 millions de m3. « Ces pluies ont été fortement bénéfiques pour la plupart des barrages qui étaient à sec. Un barrage comme celui de Nebhana et qui alimente en eau quatre gouvernorats, à savoir Kairouan, Sousse, Monastir et Mahdia, s'est rempli déjà à moitié. Cela va au moins permettre de sauvegarder le stock fruitier de ces zones », conclut M. Hassen Ben Ali, chargé du fonctionnement et de l'exploitation des barrages.