• Des négociations sont en cours avec les responsables libyens pour faciliter l'implantation des entreprises tunisiennes et leur participation aux travaux de reconstruction, ainsi que pour l'emploi des compétences tunisiennes • Le parti table sur un taux de croissance de 5% pour l'année 2012, et des taux plus élevés pour les années suivantes. —«Avec les autres forces politiques du pays, notamment le Congrès pour la République et Ettakatol, nous sommes préoccupés de l'évolution des investissements, de la situation des entreprises sinistrées, surtout dans le secteur touristique, et des tensions sociales qui ne cessent de gagner du terrain», a indiqué M. Hammadi Jebali, secrétaire général du mouvement Ennahdha, lors de son passage à l'assemblée générale du Centre des jeunes dirigeants (CJD), hier, à Tunis. «Une équipe de spécialistes est chargée de mener les diagnostics nécessaires et de dresser des plans d'urgence.», ajoute-t-il. Ne pouvant assister à tout le round, M. Jebali a été représenté par M. Ridha Saidi, membre du bureau exécutif du parti, chargé des études et de la planification, et d'autres membres actifs du mouvement islamique. Pour le responsable, l'objectif est de fournir les préalables nécessaires à la relance de l'économie nationale. Le parti table sur un taux de croissance de 5% pour l'année 2012, et des taux plus élevés pour les années suivantes, après le passage à vide de 2011. Pour ce faire, il faut mettre en place les fondements d'une économie saine et forte, qui assure un développement équilibré entre les régions, favorise la création de l'emploi, attire les projets à haute valeur ajoutée et ouverte à son environnement maghrébin, arabe, islamique et international. «Notre programme économique regorge de plusieurs signaux forts qu'on souhaite concrétiser avec le concours de nos partenaires et de tous les opérateurs politiques, économiques et sociaux». Et d'ajouter : « L'entreprise est au cœur de tout développement et les hommes d'affaires sont un partenaire de choix dans le processus d'élaboration des politiques économiques». Ainsi, le mouvement Ennahdha a adressé un message clair en vue de rassurer les investisseurs nationaux et étrangers. Dans ce cadre, des réformes sont en vue pour adapter le Code des investissements aux exigences actuelles. En plus, des restructurations seront engagées pour améliorer le rendement de l'administration et des services publics. La bonne gouvernance Etudes à l'appui, le membre du bureau exécutif a indiqué que « la transparence des marchés publics et la modernisation de l'administration sont en mesure de réduire les gaps de 1 à 3 points de croissance constatés et éviter la perte de 16 mille à 20 mille postes d'emploi». D'où une réponse, partielle, à la problématique du chômage, étincelle de la révolution tunisienne. Pour l'autre cause principale, le développement régional, il a insisté sur le fait «qu'il faut rompre avec la planification centralisée». Selon la vision du mouvement Ennahdha, partagée par la majorité des forces politiques, ce sont les collectivités locales qui auront la charge de dresser les plans de développement régionaux. Il est à signaler que le territoire national sera découpé en pôles de développement, formé chacun par plusieurs régions. L'Etat, pour sa part, sera appelé à déployer de plus importantes ressources pour améliorer l'infrastructure dans les régions, afin d'orienter les investissements vers ces zones défavorisées. Outre l'infrastructure, pour canaliser ces investissements dans les régions, l'Etat s'engagera dans la mise à niveau des services administratifs et leur décentralisation. Pour ce qui est des marchés extérieurs, il a révélé que «des négociations sont en cours avec les résponsables libyens pour faciliter l'implantation des entreprises tunisiennes et leur participation aux travaux de reconstruction du pays frontalier, ainsi que pour l'emploi des compétences tunisiennes». Le parti mise sur une nouvelle vision du marché maghrébin. Au nord, il a expliqué que l'Union européenne ne se réduit pas à quatre ou cinq marchés classiques. En guise de réponse à la problématique des diplômés et des compétences disponibles sur le marché du travail, il a indiqué qu'une réforme s'impose pour tout le dispositif d'enseignement et de formation, de la base à l'enseignement supérieur. «A court terme, il est judicieux de compléter les diplômes par des formations spécifiques pour répondre au mieux aux besoins des entreprises», a ajouté le responsable. S'agissant du secteur bancaire, l'orientation du mouvement est de promouvoir la finance aussi bien islamique que classique. Quant aux banques commerciales, des restructurations seront engagées pour mettre à niveau ces unités, notamment leurs assises financières. Et ce, pour un meilleur accompagnement des investisseurs tunisiens à l'étranger, notamment en Afrique. Profitant de cette rencontre pour évoquer la question du statut de la femme, il a mis en exergue le procès d'intention dont fait l'objet le parti islamique. A quoi il a répondu: «Au contraire, on va renforcer le rôle de la femme dans la vie économique et politique, sans aucune ségrégation entre femme voilée ou non. La compétence est le critère de choix», précise-t-il. Bref, l'édifice de la deuxième République, la nouvelle Tunisie, est un travail de longue haleine. Mulitiplier les négociations et élargir leur champ à toutes les parties prenantes, notamment l'opposition, est au cœur de la démocratie.