• La tâche principale du gouvernement est d'appliquer les décisions, les conclusions du sommet de la zone euro des 26 et 27 octobre, et en second lieu de mettre en oeuvre la politique économique allant de pair avec ces décisions ATHENES (Reuters) — Le cabinet grec d'union nationale dirigé par Lucas Papadémos pourrait rester en place un ou deux mois de plus que les 100 jours prévus mais nul ne doit s'attendre à un relâchement de la politique d'austérité appliquée depuis deux ans, a prévenu hier un responsable de la nouvelle équipe. Le gouvernement Papadémos, entré en fonctions vendredi, a pour tâche de réduire l'immense dette du pays et de remplir les conditions d'un nouvel accord de prêt de 130 milliards d'euros conclu le mois dernier avec ses créanciers. Papadémos succède à George Papandréou, qui a révélé des années de falsification des comptes publics au début de la crise économique mondiale avant de s'aliéner l'opinion et l'opposition politique en tentant de faire accepter des mesures d'austérité. Le nouveau cabinet de crise regroupe les principaux acteurs de l'administration socialiste de Papandréou, dont le ministre des Finances Evangelos Venizelos, et des membres de Nouvelle démocratie, son principal adversaire conservateur. Il intègre aussi le parti d'extrême droite Laos, fait sans précédent depuis la fin de la dictature militaire en 1974. Malgré leurs antagonismes, ces partis ont assuré qu'ils feraient le nécessaire pour que la Grèce honore les engagements qu'elle a contractés auprès de l'Union européenne et du Fonds monétaire international en prévision des élections anticipées prévues le 29 février. Faible marge de manœuvre Mais Theodoros Pangalos, vice-Premier ministre du cabinet précédent de retour dans le nouveau, a noté que celui-ci pourrait rester en fonctions au-delà des 100 jours envisagés. «Je ne sais pas si ce sera 100 jours, cela pourrait être 120 ou 150. De toute façon, il restera pendant le premier trimestre de l'année», a-t-il déclaré hier à la chaîne nationale NET. Les Grecs font bon accueil dans l'ensemble au nouveau gouvernement, jugeant plus sûr l'austère technocrate qu'est Lucas Papadémos, ancien vice-président de la Banque centrale européenne (BCE), que des politiques accusés d'avoir fait passer leurs intérêts avant ceux du pays. Theodoros Pangalos a toutefois recommandé aux électeurs de ne pas compter sur un allègement des mesures fiscales décidées précédemment pour l'obtention de nouvelles tranches d'aide financière internationale. «La marge de manœuvre est très étroite pour toute mesure d'assouplissement en 2012», a-t-il dit. Dans sa première intervention de chef du gouvernement, Papadémos a promis d'honorer l'accord conclu fin octobre avec les dirigeants de la zone euro pour l'octroi d'un prêt de 8 milliards d'euros nécessaire à Athènes pour éviter le défaut de paiement en décembre, ainsi que des financements à plus long terme ensuite. «La tâche principale du gouvernement est d'appliquer les décisions, les conclusions du sommet de la zone euro des 26 et 27 octobre, et en second lieu de mettre en œuvre la politique économique allant de pair avec ces décisions», a-t-il déclaré. Visite d'inspecteurs de la «Troïka» Des inspecteurs de la «troïka» formée par le FMI, l'UE et la BCE se rendront à Athènes auprès du nouveau cabinet la semaine prochaine et ne débloqueront la nouvelle tranche que s'il garantit de tenir ses engagements, a indiqué une source proche de la troïka. Papadémos compte s'attaquer en priorité à un chômage hors de contrôle mais devra aussi commencer à réduire un endettement estimé cette année à 162% du produit intérieur brut, soit près du double de la moyenne de l'Union européenne. Des experts estiment que Lucas Papadémos se heurtera, bien qu'il incarne un nouveau départ dans la lutte contre la dette, aux deux mêmes obstacles que le cabinet précédent : les dissensions politiques et une opinion farouchement opposée à de nouveaux sacrifices économiques. Après les hausses d'impôts, la réduction des salaires et des retraites ainsi que les licenciements de fonctionnaires, les Grecs font face à un chômage record dont le taux frise les 20% et à une quatrième année de récession en 2012. «Je ne suis pas soulagée du tout qu'il y ait un nouveau gouvernement», dit Eleni Papageorgiou, femme au foyer de 53 ans. «Je sais une seule chose : quel que soit le gouvernement, les choses vont s'aggraver pour moi au lieu de s'améliorer». Des militants prévoient déjà de manifester contre le nouveau gouvernement sur la place Syntagma, où une série de manifestations organisées depuis des mois ont parfois donné lieu à de très violents accrochages avec la police. Pour certains médias grecs, la taille du gouvernement (48 ministres et vice-ministres nommés pour apaiser les partis rivaux) et les querelles qui ont précédé sa mise en place, augurent mal des mois qui viennent. «Attention ! Danger !», prévient le quotidien de centre gauche Ta Nea dans un éditorial où il rappelle que le dernier cabinet d'union du pays, formé en 1989 sous la conduite de l'ex-gouverneur de la banque centrale Xénophon Zolotas, avait éclaté au bout de trois mois.