Dans la cité de Hannibal, le génie africain a fécondé la littérature latine et contribué au prestige des Eglises africaines qui tiennent une si grande place depuis Tertullien et Augustin. Aujourd'hui encore, des Tunisiens, en dignes héritiers de Carthage, poursuivent sur cette voie tracée par les Anciens. Comme il était prévu et annoncé dans nos éditions en date des 13 et 16 mars 2010, les résultats du concours Cicero, qui s'est déroulé à l'Institut supérieur des études littéraires et des sciences humaines de Tunis le samedi 13 mars 2010, seront proclamés mardi prochain, 27 avril, à partir de 15h00 au pavillon de l'Union européenne, dans le cadre de la Foire internationale du livre de Tunis, au Parc des expositions du Kram. La cérémonie de la remise des prix récompensant les 34 candidats sera placée sous la haute présidence de M. Adrianus Koetsenruijter, ambassadeur et chef de la Délégation de l'Union européenne en Tunisie, de Moëz Majed de IGA Tunisie, partenaire du concours Cicero, de Claude Pinganaud, directeur des éditions Arléa Paris, de Patrick Voisin, professeur émérite de littérature française et de langues et cultures de l'Antiquité, également directeur général du Concours international Cicero, et de Nadia Ghrandi, directrice adjointe de Cicero, professeur de latin, de mythologie et de grec classique à l'Iselsht. La cérémonie, on n'en doute pas, sera à la hauteur de cet événement et en totale communion avec l'esprit qui cultive l'intelligence humaine et la capacité de percer les mystères du passé et mieux comprendre ainsi notre histoire. Est-il nécessaire de rappeler qu'avant d'avoir parlé arabe, la Tunisie de l'Afrique antique fut le grand relais de la littérature latine et a eu, entre autres vocations, l'apprentissage puis la maîtrise de cette langue ? Car c'est précisément au moment où la littérature à Rome donne très nettement des signes d'épuisement, que les œuvres des auteurs africains (Salluste, Sénèque, Florus, Fronton, Apulée de Madaure, Magon, Augustin, Tertullien, etc.) se répandent dans le monde méditerranéen et brillent d'un éclat particulier. Ces Africains ont généreusement contribué à faire la grandeur de ce pôle intellectuel qu'était la Carthage romaine à l'époque païenne, puis chrétienne, ainsi qu'un des centres littéraires et artistiques parmi les plus distingués de l'Antiquité. Les Arabes n'ont pas trouvé en 669 un territoire vierge. Persistent dans cette contrée les marques de grandeur des civilisations antérieures et même cette langue latine qui a survécu aux Romains, aux vandales et jusqu'aux Byzantins. Il aura fallu l'implication de la Tunisie dans ce Concours international Cicero qui a réuni plus de 400 étudiants en latin en Australie, en Grande-Bretagne, en Italie, en France, en Andorre et en Espagne pour qu'on découvre qu'il existe des Tunisiens qui se passionnent pour cette langue, autrefois parlée par nos ancêtres et qu'à ce titre elle fait partie intégrante de notre mémoire. A ce sujet, le mérite de Patrick Voisin est grand, puisque c'est à lui que revient cette initiative. Il a joué un grand rôle dans le déroulement de cette édition à Tunis, consacrée à Carthage, «La Rome du monde africain», ainsi que la qualifiait Salvien, ou «La muse céleste de l'Afrique», telle qu'elle était identifiée par l'illustre Apulée, ou même d'«Ornement de la Terre» par l'Africain Aurelius Victor. Le thème de la 3e édition du Concours international Cicero rendait hommage à deux grandes figures de Carthage : Didon et Hannibal Barca. Un thème qui lui est aussi cher que Kairouan. A titre de rappel, Patrick Voisin a publié en 2007 : Il faut reconstruire Carthage, en réponse à la sentence monosémique de Caton, dit le Censeur, homme d'Etat romain (234-149 avant J.-C.) : Il faut détruire Carthage, (Dalenda est Cartago). Une façon bien à lui de proclamer haut et fort «la nécessité de refonder autour des langues et des cultures de l'Antiquité le dialogue des cultures qui a fait la grandeur et la puissance, et assuré la suprématie de Carthage au IVe siècle». Il y a lieu de rappeler que cet événement se tient sous le triple patronage de M. Jagland, secrétaire général du Conseil de l'Europe, de «A Ray of hope, Unesco, et de M. F.M. Zaragoza, directeur de la Fondation pour une culture de la Paix.