Une fois de plus, l'Espagne s'invite au moyen de sa riche culture et de l'ensemble des connaissances littéraires acquises au fil des siècles, depuis les Habsbourg. Cela a permis à l'Espagne de connaître l'apogée de sa monarchie avec l'extension de ses colonies en Amérique. L'Espagne a profité pleinement de cette expansion autant sinon davantage que le Royaume-Uni et la France. «Anthologie en arabe de la littérature espagnole contemporaine (1898-2008)» est le titre de cette manifestation intellectuelle articulée en trois volets se déroulant chacun dans un lieu différent qui a débuté hier à l'Université de La Manouba. Elle sera suivie aujourd'hui, mercredi, d'une rencontre à l'Institut des langues de Bab El Khadra et d'une troisième, jeudi, avec le couronnement du programme qui aura lieu à Beit Al Hikma, à Carthage, en présence du ministre de la Culture, du consul d'Espagne, M. Enrique Conde, du directeur de l'Institut Cervantes, Carlos Vatona, et de Raja Yassine Bahri, professeur émérite et initiatrice du projet. Participent aux débats, en tant que traducteurs, Raja Y. Bahri, l'Irakien Abdul Hadi Saâdoun, Mokhtar Laâbidi, Meïmouna Hached, Mohamed Aouini ; et en tant que critiques littéraires, Manuel Jurado, José Sarria Cuevas et Leïla Boukrâa et enfin un récital poétique bilingue avec le guitariste Adnan Ellouz et des poèmes de jeunes Espagnols. En fait, ces journées d'études ou actes se tiennent dans une conjoncture spéciale, presque à un moment crucial de l'histoire contemporaine de notre pays. D'abord, ce forum présente un double intérêt en ce sens qu'il se tient à un moment à la Tunisie doit faire face à son destin d'autant qu'elle vient de vivre pour la première fois de son histoire la belle aventure de la démocratie. Ce vent de liberté chèrement acquise a déclenché de par le monde un élan de sympathie pour notre pays, et l'Espagne et l'Europe en particulier, soucieuses de protéger notre pays de ce relent de jansénisme qui se développe dangereusement dans notre société et qui milite et plaide en faveur du rejet des langues étrangères, qualifiées de nuisance sonore à exclure du système de l'enseignement tunisien. Donc, ces débats autorisent l'espoir, puisqu'ils révèlent au grand jour l'objectif de ces ennemis du savoir et du progrès. Et puis, ces assises se tiennent à un moment crucial où l'histoire de la nation, fière de ses fils, entame courageusement sa longue marche vers la liberté. Les Espagnols, confiants en nos moyens, ont adhéré à ce projet qu'ils soutiennent de pied ferme.