Par Lilia Ben Salem Hadj Khalifa Tout d'abord, rendons hommage... A nos martyrs, bien sûr, qui ont versé leur sang et qui ont fait que tout ceci soit possible. A la société civile tunisienne, son courage souvent, son sens de l'humour parfois. A M. Béji Caïd Essebsi, aux hommes et aux femmes de son gouvernement qui ont su résister face à toutes ces attaques, toutes ces critiques, toutes ces insultes parfois, sans baisser les bras. A l'ISIE et à M. Kamel Jendoubi qui, en 6 mois, a réalisé un travail absolument colossal et a fait en sorte que ces élections se déroulent dans des conditions exceptionnelles saluées par le monde entier. Et puis... et puis, parce qu'il faut bien tirer des leçons de ses échecs et parce qu'il faut bien en vouloir à quelqu'un...J'en veux... A tous ces partis politiques qui pour de simples raisons d'égo démesuré n'ont pas su voir ce qui les unissait et se sont concentrés, voire focalisés, uniquement sur ce qui les séparait. A ceux qui, pour des raisons purement électoralistes, ont refusé d'afficher clairement leurs convictions, crier leurs idées et imposer leurs points de vue. A ceux qui, contredisant l'adage qui dit : «Les sondages sont comme les parfums, humez-les mais ne les buvez pas !», les ont bus jusqu'à la lie. A tous ceux qui, bien que sachant qu'ils n'auraient que très peu de chances d'arriver à un résultat, se sont quand même essayés aux listes indépendantes et aux partis microscopiques. A ceux qui, croyant défendre un idéal, une idée ou un parti, se sont déchaînés sur les réseaux sociaux, ont dit ou écrit des abominations qui leur ont coûté un ami ou même un frère, ont envenimé les débats et n'ont fait qu'en tirer le niveau vers le bas. A tous ceux-là, je voudrais une réponse honnête, pas politique à ces questions: La situation n'aurait-elle pas pu se résumer en se disant qu'il y avait deux tendances claires : une tendance conservatrice incarnée par Ennahdha et ses acolytes et une tendance progressiste, moderniste incarnée, en gros, par quatre autres formations politiques, à savoir le PDP, le FTLD, le PDM et Afek Tounes ? Ces quatre partis n'avaient-ils pas, en dehors de toute considération politique, un minimum de valeurs, de buts, d'objectifs en commun ? N'y avait-il aucun fil conducteur qui aurait pu les mener, ensemble, à livrer le même combat au sein de la Constituante ? Les moyens de l'un, l'action sur le terrain de l'autre, l'ancienneté du troisième et la notoriété du quatrième; tout cela mis en commun n'aurait-il pas permis de former un bloc cohérent, uni et efficace ? Toutes les différences et tous les différends n'auraient-ils pas pu être réglés après la rédaction d'une Constitution dans laquelle chacun voulait plus ou moins voir figurer les mêmes principes ? A tous ceux-là, je dis que jamais le proverbe : «L'union fait la force» n'a été aussi vrai et la situation dans laquelle nous sommes aujourd'hui nous montre comme nous avons été loin de la sagesse populaire... Populaires, c'est peut-être ce que nous avons oublié d'être et qui fait que nous arborons aujourd'hui la gueule de bois des lendemains de fête trop arrosée. Céline disait : «Il faut bien que la liberté nous coûte quelque chose», il semble que nous allons la payer au prix fort, ou pire encore que nous allons la perdre pour un bon bout de temps...