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Révolution, désillusions?
Opinions
Publié dans La Presse de Tunisie le 03 - 12 - 2011


Par Amel BERGAOUI
L'Assemblée constituante est désormais installée sous les lambris du palais du Bardo, offrant, à sa séance d'ouverture, un spectacle digne de la politique fiction, mettant en scène les ersatz d'une éventuelle démocratie. Remarquable, Maya Jribi !
Il n'en demeure pas moins qu'Ennahdha impose de facto une gestion politique de la Constituante sur un modèle parlementaire. En tête d'une majorité relative exprimée au suffrage proportionnel, elle profite allégrement d'un multipartisme éclaté et donc impuissant, vecteur de « nuisances » plus que d'opposition réelle. Si c'est de bonne guerre en real politik, cela justifie-t-il que Hammadi Jebali se proclame Premier ministre, le califat revenant à Rached Ghannouchi, et ce, avant même l'installation officielle à l'Assemblée et les consultations propres à tout processus démocratique ?
La « H'ssira » avant de construire la mosquée en somme. Sur laquelle ont marché le CPR et Ettakatol en tant que second et troisième «majoritaires», au compte des sièges de la Constituante.
La troïka est née. Incongrue pour les uns, monstrueuse pour les autres. La tête ne colle pas aux jambes et encore moins aux bras. Et cela se voit d'ores et déjà.
La tête, Ennahdha, mène désormais le bal, poursuivant sa campagne électorale post-Assemblée, discrètement mais fermement. Apparaissent, de fait, les prémices d'une gestuelle politique nahdhaouie transversale aux prérogatives de l'Assemblée constituante.
Ni Mustapha Ben Jaâfar, ni Moncef Marzouki, personnalités affirmées bien que contradictoires, ne seront en mesure de contrebalancer les forces en mouvement. Sauf par un blocage inévitable. Alors que l'économie nationale aborde sa descente aux enfers, vouant le social aux gémonies.
L'Assemblée constituante, deuxième du genre en Tunisie depuis l'Indépendance, issue du «miracle du 14 janvier», est à tout égard une Assemblée politique et politisée. Le nouveau Destour devant mettre en place les mécanismes et institutions propres à la construction d'une démocratie est passé en annexe. Il ya là un marché de dupes post-électoral. L'Assemblée constituante s'est muée ipso facto en parlement et ce n'était en rien l'objet des élections du 23 octobre 2011.
La volonté du vainqueur relatif à ces élections se légitime-t-elle par elle-même ? N'élude-t-on pas le principe de l'alternance au pouvoir que seul le peuple tunisien souverain est à même d'exprimer dans son bulletin de vote ?
N'avilissons pas les Tunisiens en les maintenant en laisse dans l'espérance hypothétique d'un véritable changement? Car il n'y a pas de peuples sots. Il y a juste des politiciens qui font la sottise d'y croire.
Preuve en est, l'Intifadha en cours dans l'Est et le Sud du pays, foyer véritable et incontestable de la révolution tunisienne.
Preuve en est la mise sur pied d'un gouvernement politique, dont les idéologies s'annulent, rabaissant le terme de «transition» à sa simple expression.
Le vote du 23 octobre a été, certes, libératoire. Sera-t-il libérateur, fédérateur ?
L'Est et le Sud de la Tunisie répondent violemment par la négative. C'est bien aujourd'hui que la révolution est en marche.
La méprise
Les dernières violentes émeutes à Kasserine et à Gafsa viennent confirmer les protestations d'une population qui se sent humiliée par des manœuvres politiciennes jusque dans la liste non exhaustive des martyrs, présentée à la séance inaugurale de l'Assemblée nationale constituante.
On a blessé leur dignité par indifférence coutumière, sous-estimant leurs demandes pressantes, légitimes, de justice sociale et de développement économique.
Or, ils assistent, révoltés, à une méprise monumentale. La révolution tunisienne ne s'est pas faite sur la base d'une crise de la foi religieuse ou d'un dogme laïcisant mais au nom d'une crise économique et sociale dramatique parce que confisquée par une dictature mafieuse.
Désormais, les Intifadha ne peuvent être que récurrentes tant que l'on n'aura pas répondu concrètement aux revendications économiques du peuple d'en bas.
Aucun gouvernement, aucune idéologie, aucun projet démocratique ne sera viable en l'absence d'une intervention prioritaire de l'Etat dans ces régions du Gharb et du Sud. Les «pansements politiques» ne suffiront plus.
D'autant que les dernières statistiques révèlent, chiffres à l'appui, la paupérisation de notre pays. 24, 7 % des Tunisiens vivent en dessous du seuil de pauvreté (-de 2,D800/jour), 18% de chômeurs, 20% d'analphabètes, 10% de retraités et 50% de Tunisiens non productifs !
Effarant et certainement en deçà de la réalité ; difficilement quantifiable à l'heure actuelle en dehors d'un recensement précis de la population. A l'évidence, «la démocratie» et «la religion» ne seront pas à même de nourrir 50% de la population tunisienne. Aux politiques de s'adapter aux desiderata du peuple car la confusion est grande quant au projet d'une Tunisie nouvelle et la communication des pouvoirs politiques défaillante par son cynisme déshumanisant.
Les trois partis majoritaires, «politologisme» d'un nouveau genre, désirent, il est vrai, procéder à des réformes. Certes. Lesquelles ?
Alors que leurs projets sociétaux se rejettent dos à dos?
Le CPR se bat pour refonder un Etat à travers un gouvernement réformateur dont les rênes de l'exécutif sont tenues par Ennahdha. Ettakatol en troisième roue laissera-t-elle cet attelage hybride rouler à sa guise ? Que nenni ! La troïka se tire déjà dans les pattes, Ennahdha imposant de force son pas cadencé vers un pouvoir unilatéral.
La politique fiction made in Tunisia apparaît dans sa claire absurdité, pas en phase avec la population. Et quand bien même l'on parviendrait à un consensus arraché par la révolte de la rue, quel gouvernement a-t-il réellement les moyens et la légitimité, alors qu'il est issu de la Constituante et non d'un suffrage universel, de réaliser la politique des réformes et non la réforme des politiques ?
Les délaissés pour compte de la République n'attendront pas. Leur désespérance est désormais agissante. Et de fait, le peuple d'en bas a pris en otage les pouvoirs en place. Ces derniers, dans leur euphorie post-électorale, ne l'ont pas encore compris.
Le changement est inéluctable en Tunisie. Sur le fil du rasoir, nous basculerons soit vers une dictature aux allures démocratiques pour mater les révoltés de la désespérance et stabiliser le pays, soit vers une réforme urgente, totale et révolutionnaire de l'approche sociale et économique au détriment des idéologies politiciennes. Du moins, pour les trois prochaines années.
Choix cornélien s'il en est car non inscrit explicitement dans le «pacte» de l'élection du 23 octobre 2011. D'où méprise.
Vers un 14 janvier bis ?
Aujourd'hui, l'Assemblée Constituante, substrat de Parlement, n'a pas encore déterminé le type de régime constitutionnel qui nous fera passer, après référendum, à la Seconde République. D'où le sas dépressurisé que traverse le pays aujourd'hui car non protégé par la nécessaire existence d'institutions démocratiques. Parlement élu directement par le peuple, justice indépendante, presse libre...Et peuple nourri, logé, éduqué, soigné !
Allons-nous démocratiser l'absurde en se délestant des fondamentaux de la responsabilité d'un Etat envers son peuple au profit de gouvernances insatisfaisantes ?
Trêve donc de «politisme» écorné par l'égoisme des partis mis en orbite au sein de la Constituante !
Trêve de discours d'évangéliste islamique, seule sauce politique à laquelle nous n'avons pas encore goûté pour être dégoûté !
Trêve de discours rhétorique sur la « démocratie » sachant qu'elle ne se décrète pas sine die !
Le peuple tunisien est en souffrance. Il veut son «messie», porteur d'actions concrètes en matière d'économie sociale.
Le peuple des oubliés de la croissance veut de l'argent sonnant et trébuchant. Visible, dans la construction d'infrastructures routières, hôpitaux, écoles, administrations de proximité. Soit tous les éléments indispensables à attirer les gros investisseurs nationaux et étrangers créateurs d'emplois stables. Sans quoi le marasme économique et la boue dans laquelle baignent les régions du Gharb et du Sud demeureront un foyer de braises alimentant la colère de ses habitants. Contre qui ? Contre l'autre moitié de la Tunisie épargnée par la misère. Contre qui ? Les politiques, toutes idéologies confondues se bousculant entre le trône de la troïka et les strapontins d'une opposition éclatée à laquelle on offre un rôle de figurante.
Les membres de l'honorable Assemblée constituante ne peuvent croire que le peuple tunisien s'est réveillé de sa léthargie en décembre 2010 afin de faire dégager une dictature mafieuse et s'en retourner à une misère patente, une justice suffoquée, une liberté de presse orientée. Dans l'attente d'un projet démocratique, la rupture est totale entre les politiques, le peuple d'en haut et le peuple d'en bas.
La crise de confiance est réelle, palpable par la violente expression de son désarroi, de son immense déception.
La réponse de l'Etat, au delà des partis politiques en lice pour asseoir un pouvoir quinquennal est attendue fermement.
Sachant que lorsque les politiques méprisent le peuple, celui-ci devient méprisable.
A moins d'imposer sa voix. La voix de la rue, se défaisant d'une paresse de l'esprit et de l'action. Dans un «14 janvier bis» ?


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