Pour pouvoir accéder aux crédits des bailleurs de fonds internationaux quand il en a besoin, l'Etat doit avoir en permanence une trésorerie saine, transparente et équilibrée. En effet, les grands chantiers de l'infrastructure de base, de l'éducation, de la santé exigent annuellement un budget important dont une partie est financée par l'endettement. Celui-ci ne doit pas, cependant, dépasser un certain seuil pour que son remboursement soit possible dans les délais et rester toujours solvable auprès des banques internationales. La Tunisie, malgré la corruption qui a marqué le processus de développement au cours des dernières années, a su rembourser ses crédits à temps en essayant tant bien que mal d'assurer les équilibres financiers et de s'acquitter de ses engagements. Au niveau national, les banques ne prêtent pas aux clients peu solvables qui n'arrivent pas à rembourser leur crédit selon les délais fixés et convenus et qui n'appliquent pas minutieusement les clauses du contrat établi entre les deux parties. C'est presque la même procédure qui est en vigueur au niveau des bailleurs de fonds internationaux qui établissent, eux aussi, un contrat avec plusieurs clauses et des conditions imposées. Avant de se décider à contracter un crédit, le choix est porté sur le bailleur de fonds qui fournit le plus d'avantages et le moins de conditions. Une fluctuation courante de la valeur monétaire Les crédits à long terme bonifiés avec un délai de grâce assez long et un taux d'intérêt bas sont recherchés pour financer les grands projets de l'Etat. Une étude est donc élaborée au niveau des différents prêteurs pour identifier celui qui présente le plus d'avantages. On tient compte aussi de la stabilité de la valeur de la monnaie utilisée qui peut être l'euro, le dollar américain, le yen japonais...Une fluctuation courante de la monnaie avec une révision de sa valeur à la hausse peut avoir des conséquences sur le montant de remboursement. Même s'il est difficile de prévoir à long terme le processus d'évolution de la valeur de la monnaie, les économistes tiennent compte souvent, lors de leur étude, du processus au cours des dernières années. La solvabilité financière d'un pays peut lui ouvrir de nouvelles voies, à savoir la possibilité de diversifier les sources de financement de l'économie, qui a plusieurs avantages à terme. Cette diversification permet notamment d'opter pour des bailleurs de fonds nouveaux situés, par exemple, en Asie au lieu de rester fidèles aux banques avec qui nous avons des rapports traditionnels de l'Europe et des Etats-Unis. Certes, les rapports avec ces banques ne vont pas être rompus, mais l'éventail sera enrichi par de nouveaux bailleurs qui présentent des conditions très favorables. Certains vont jusqu'à proposer des dons – à utiliser dans un délai donné au risque de retourner à la banque – en plus d'un crédit avantageux. C'est le cas, par exemple, des banques japonaises qui ont déjà fait leur entrée en Tunisie. Le choix de diversification des bailleurs de fonds par notre pays a eu des conséquences positives jusqu'ici et on a intérêt à poursuivre les efforts sur cette voie. Il faut veiller également à une meilleure gestion de la situation macro-économique en évitant la dépréciation de la monnaie nationale, un important taux d'inflation et une aggravation des déficits qui discréditent l'économie. En plus de la transparence et de la bonne gestion des fonds pour la création d'un projet donné, la solvabilité d'un pays demandant un crédit dépend aussi d'autres paramètres qui sont imposés par certaines banques. Celles-ci sont certes soucieuses, en premier lieu, de recouvrer la totalité du crédit octroyé, mais elles sont aussi intéressées par l'application d'un nombre de principes et de valeurs universelles que tout Etat est appelé à respecter. Aucune banque internationale n'est prête, par exemple, à financer un projet qui fait fi de l'environnement, qui porte atteinte à la couche d'ozone ou encore qui favorise l'effet de serre. Au contraire, les projets à caractère écologique trouvent l'intérêt nécessaire de la part de ces bailleurs de fonds. D'où les conditions imposées à certains pays pour les amener à appliquer les valeurs universelles nobles y compris celles qui concernent le respect de la sécurité et de la santé des travailleurs. Un autre élément souvent mis en exergue concerne l'importance d'impliquer la population concernée dans le projet à réaliser. Celle-ci doit être en mesure de fournir une contrepartie pour pouvoir bénéficier des services de qualité qui lui sont destinés. Ainsi, l'Etat sera en mesure d'avoir des recettes et donc d'équilibrer ses finances pour pouvoir rembourser ses dettes. Evidemment, la population doit avoir droit à une gamme de services pour choisir celle qui lui plaît, compte tenu de son budget et de ses possibilités de financement. A titre d'exemple, un conducteur peut emprunter une route nationale – dont l'aménagement est normal – ou choisir de rouler sur une autoroute de qualité et disposant de toutes les commodités en payant le prix. L'Etat est donc tenu au cours de la prochaine période à préserver sa solvabilité auprès de tous les bailleurs de fonds – dont certains sont devenus très restrictifs et sélectifs après la crise financière et économique qui a secoué le monde – pour pouvoir continuer à bénéficier des crédits en cas de besoin et surtout pouvoir choisir la meilleure offre financière proposée au niveau mondial. Cette crédibilité nationale ne peut provenir que d'une meilleure gestion des deniers publics avec la transparence requise et le respect des principes universels.