Stimuler l'achat du tapis soit. Mais à 220 dinars le mètre carré, il ne faut pas s'attendre à un grand engouement… - Le tapis est un art aussi vieux que l'humanité, qui a depuis toujours conservé son authenticité et traverser les siècles sans la moindre ride et donne aujourd'hui la pleine mesure d'un talent transmis de génération en génération. Un métier sur lequel l'âge n'a pas eu d'effets. Les formes et les styles authentiques ont été sauvegardés même si des touches modernistes ont été introduites sur certains tapis comme le témoigne l'exposition -vente des artisans au salon du tapis et du tissage ras au centre des traditions et métiers de Nabeul organisée par l'office national de l'artisanat du 8 octobre au 14 novembre. Cette foire s'inscrit dans le cadre de la valorisation de ce patrimoine culturel et crée de nouveaux circuits de vente pour nos artisans. Une dizaine d'artisans de Gabés, Sidi Bou Zid, Mahdia et Zriba exposent des tapis offrant aux visiteurs un voyage à travers les différentes réalités d'une production artisanale innovante. Du producteur au consommateur, tel est l'objectif de l'office qui essaye de sauvegarder cet art et concilier le consommateur avec son patrimoine artisanal. Une visite de ce salon nous permet de voir de près les nouvelles approches développées par l'ONA qui ont mis en valeur la fabrication du tapis, du klim et du margoum selon les spécialités de chaque région notamment en ce qui concerne les couleurs, les motifs et la matière. « Notre objectif affirme M.Afif Jrad commissaire régional de l'artisanat à Nabeul est de promouvoir cet art artisanal dans le but d'assurer à ce secteur l'efficience et la rentabilité requises, de l'adapter aux exigences du progrès et de l'imposer sur le marché local. On veut pousser nos concitoyens à acheter le tapis et créer aussi des synergies entre ces artisans et les consommateurs. Le tissage du tapis a subi de profondes mutations au niveau des techniques de production. Le Tunisien est un vrai créateur. Il ne cesse d'innover et d'imaginer de nouveaux motifs. Ce tissage est un métier fastidieux, nécessitant l'accomplissement de plusieurs étapes pour donner corps au produit souhaité, dans ses multiples gammes. Le tapis tunisien se singularise par la richesse de ses motifs, porteurs d'une symbolique aussi riche de message. » Et la vente ? Pour redorer son image, le tapis signe son grand retour. Au dernier salon de Nabeul, les fabricants ont lancé une offensive de reconquête des consommateurs. Nouvelles techniques, nouvelles teintes, nouveaux motifs... Il s'adapte désormais aux tendances déco du moment comme l'explique Mme Raja Ayadi Jelassi chargée de la communication à l'Office National d'Artisanat. Le tapis dit-elle, « fait désormais partie intégrante de la décoration intérieure du tunisien. Il fallait qu'elle soit à la hauteur des attentes des consommateurs en termes de couleurs et de structures. Aujourd'hui, le tapis est vraiment une création de sol à part entière et non plus un simple revêtement. On peut la voir et on doit la voir. L'objectif de l'ONA est de dépoussiérer l'image du tapis et de la rehausser. D'où cette campagne de sensibilisation auprès des consommateurs tunisiens pour les emmener à opter pour ces tapis et ces mergoums de décoration. » Dans cette conjoncture favorable, à l'heure où les gens veulent des intérieurs cosy et chaleureux, la période semble donc bien choisie pour relancer ce revêtement de sol souvent délaissé. Mais le tapis artisanal connaît de nos jours deux types de concurrence : l'importation massive des tapis industriels en provenance des pays asiatiques sans oublier la concurrence de la moquette. « La moquette n'est pas plus nocive qu'un autre matériau, nous explique un commerçant. C'est abordable pour la bourse du consommateur tunisien puisque le m2 oscille entre 8 et 25 dinars ». Contacté M.Hassen Amri, un exposant de Sidi Bouzid estime que le tapis tunisien est bien coté sur le marché local voire international. C'est vrai que c'est un peu cher. Le m2 est fixé à 220 dinars. Mais quand on envisage la réalisation d'un tapis, la tâche n'est pas de tout repos ni à la portée de tout le monde. Le tissage d'un tapis peut prendre deux à trois mois, ce qui en rend le coût excessif. Le kg d'une laine oscille entre 13 et 26 dinars, le kg du fil à 14 dinars. Ceci sans oublier le coût de la production par l'artisan : 100 dinars par m2. Les prix sont fixés selon la qualité du produit et de sa superficie. Un tapis de 2 m sur 3, soit 6m2 revient à 1000 dinars. Aussi, les gens préfèrent-ils se rabattre sur les tapis synthétiques, étant donné qu'ils sont cédés à des prix concurrentiels. C'est un investissement lourd. Mais un tapis a son charme particulier. C'est un métier fatiguant quand on voit un artisan mettre 20 à 25 jours pour confectionner un m2 de tapis. Aujourd'hui, les jeunes filles ne s'y intéressent plus et cette pratique disparaîtra sans aucun doute avec nous. La vie moderne a eu raison de tous ces arts traditionnels. Les rares artisanes, qui continuent vaille que vaille à produire, le font beaucoup plus par amour pour ce noble métier et la production risque de chuter. Beaucoup d'entre elles ont pris leur “retraite” surtout qu'elles sont attirées par les salaires plus élevés des usines de textile. La nouvelle génération ne veut plus travailler dans ce secteur et là il est temps de motiver ces fabricants si on veut sauvegarder ce patrimoine artisanal ».