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Un vote, une déception
Publié dans La Presse de Tunisie le 26 - 12 - 2011


Par Moncef HORCHANI
Plus d'une centaine de partis et un nombre impressionnant de listes indépendantes s'étaient présentés aux élections de l'Assemblée nationale constituante. Cette prolifération de candidats et la similitude de leurs programmes électoraux, quant aux valeurs sur lesquelles reposaient les objectifs politiques et socioéconomiques visés, avaient jeté le trouble dans l'esprit des Tunisiens qui avaient du mal à arrêter leur choix. Le jour des élections, certains avaient donné leurs voix à des partis avec plus ou moins de conviction, d'autres l'avaient fait sans trop savoir pourquoi, et un grand nombre, soit la moitié des électeurs potentiels, n'avaient pas jugé utile de se déplacer. Les urnes avaient donné leur verdict et le chapitre des élections était définitivement clos.
Cependant, avec du recul et à la lumière des événements qui ont façonné le paysage politique au lendemain des élections et conduit à l'adoption de la petite Constitution, une charte temporaire taillée sur mesure, certains parmi les sympathisants d'Ettakatol se sont demandés s'ils ont bien fait de voter pour ce parti. Ils étaient pourtant convaincus auparavant de leur choix pour deux raisons essentielles. La première relevait de la personnalité même de M. Mustapha Ben Jaâfar, un militant d'envergure doublé d'un politicien de haut niveau. La seconde portait sur les valeurs de liberté et de démocratie dont le parti a fait le support de son programme électoral. Ils avaient donc décidé de voter pour lui. Ils avaient même convaincu les indécis parmi leurs parents, amis et voisins d'en faire autant.
Puis est venue la grande déception. Elle n'est pas due à la déconvenue électorale du parti mais plutôt à la manière dont son président a tiré les conclusions pour se repositionner sur l'échiquier politique. Rares étaient ceux qui s'attendaient à ce que leur parti, sitôt les résultats proclamés, abandonne son programme avec tout ce qu'il comporte comme valeurs et objectifs pour aller défendre celui des autres. Beaucoup d'électeurs d'Ettakatol se sont interrogés sur le bien-fondé de cette adhésion à une «union» qui est bien loin du rassemblement à parts égales de toutes les forces politiques «exigé» auparavant par M. Ben Jaâfar et qui est très vite tombé dans l'oubli. L'argument avancé par certains cadres du parti pour écarter l'idée, largement répandue, de l'obsession du pouvoir, était la prise en compte de l'intérêt national. Difficile d'y croire quand un grand nombre de dispositions de la petite Constitution ne visent pas «l'intérêt national», expression qu'on a tendance à employer quand on est à court d'arguments, mais sont plutôt au service d'un parti dominant de la majorité qui, avec la bénédiction de ses deux partenaires, dispose d'un blanc-seing pour diriger le pays comme bon lui semble malgré les «petits» garde-fous aménagés. En d'autres termes, cette coalition ne sert que les intérêts d'Ennahdha qui, en neutralisant deux de ses «concurrents» immédiats, se trouve maître exclusif du jeu politique, fort qu'il est de ses prouesses électorales et des pouvoirs étendus qui lui ont été délégués par l'Assemblée. Quel avantage donc pourrait tirer Ettakatol de son association avec lui? Pas grand-chose si ce n'est la présidence de l'Assemblée, poste beaucoup plus d'organisation que de pouvoir, et trois ou quatre ministères d'autonomie très limitée, étant sous l'autorité d'un chef de gouvernement jaloux de ses prérogatives.
L'intérêt national sans cesse évoqué par Ettakatol par la voix, entre autres, de son porte-parole qui nous a habitués à parler pour ne rien dire, aurait trouvé sa pleine signification sous l'impulsion d'une opposition forte et responsable, c'est-à-dire un contre-pouvoir qui valide les actions judicieuses mais régule ou contrecarre celles qui ne le sont pas. Cet équilibre des forces, Ettakatol n'en a pas voulu et a tourné le dos à ses alliés naturels qui se sont rangés, eux, dans l'opposition pour ne pas renier leurs fondamentaux.
Par son démarquage, Ettakatol a grandement déçu un grand nombre de ses sympathisants dont certains sont allés manifester leur colère devant le siège du parti, et ailleurs, exigeant le renoncement à l'adhésion et l'adoption d'une attitude conforme à la volonté des électeurs qui lui ont donné leurs voix. Peine perdue. Même les dissentiments qui sont apparus à l'Assemblée parmi les députés d'Ettakatol lors des débats et des votes n'ont pas fait fléchir le président du parti qui s'est obstiné à afficher son accommodement aux stratégies de ses nouveaux alliés. Pourtant, rien ne peut justifier cette obstination à se maintenir dans la coalition malgré la vague de protestations grandissante, si ce n'est l'exercice du pouvoir, même quand il s'agit de jouer les seconds rôles. Ettakatol n'est pas sans savoir qu'Ennahdha n'avait pas besoin de son soutien pour gouverner, les 29 voix du Congrès pour la République lui auraient largement suffi pour avoir la majorité simple à l'Assemblée. Il aurait même pu se passer de ces voix et glaner ce qui lui manquait parmi les indépendants dont certains, de la «Pétition», en l'occurrence, ne cachaient pas leur désir de se joindre à lui. S'il a sollicité les services d'Ettakatol, c'est surtout pour donner à l'«union» une image plus reluisante et se doter d'une couverture pour avoir une meilleure emprise sur la gouvernance du pays. Mais c'est une critique inappropriée que de reprocher à Ennahdha de vouloir monopoliser le pouvoir, pour la raison bien simple que les résultats des élections l'ont placé bien devant ses concurrents. Il a, de ce fait, toute la «légitimité» de gouverner tout seul et, dès lors, d'assumer entièrement ses responsabilités et de rendre compte de ses actions au peuple qui attend beaucoup de lui et qui est à l'affût du moindre faux pas.
M. Ben Jaâfar n'avait donc pas à lui offrir ses services pour cautionner une politique qui n'est pas la sienne. On se demande si, en le faisant, et en prenant une frange importante des sympathisants de son parti à contre-courant, il n'a pas commis une erreur stratégique. L'avenir nous le dira. Espérons qu'il n'aura pas à le regretter un jour car, à ce moment-là, nous ne pensons pas qu'il trouverait beaucoup de monde autour de lui pour réparer les dégâts.
Souhaitons-lui quand même un parcours sans accroc.


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