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Lettre ouverte à Mesdames et Messieurs les députés de la Constituante
Opinions


Par le Colonel Boubaker BENKRAIEM *
Gloire à nos martyrs, à nos immortels, les héros de la révolution de la liberté et de la dignité, qui nous ont permis de vivre, le 23 octobre 2011, cet évènement historique, l'élection de l'Assemblée nationale constituante !
Hommage au valeureux peuple tunisien qui a démontré au monde entier sa maturité politique, sa civilité, sa lucidité, sa clairvoyance et le sens de la responsabilité en participant, et de la plus belle manière, avec discipline, patience et bonne humeur, à ce vote historique.
Bravo Mesdames et Messieurs les députés pour votre brillant succès à l'examen que vous venez de passer, mais ce qui vous attend est encore plus dur, plus difficile et certainement passionnant. Vous, les deux cent dix sept «spécialistes en médecine», avez été tous appelés en même temps au chevet de la plus charmante et la plus généreuse des femmes pour l'assister à donner à cette grande famille de dix millions de personnes, un enfant désiré et attendu depuis un demi-siècle. Durant ses neuf mois de grossesse et d'attente, cette merveilleuse dame a été, tour à tour, choyée par certains, critiquée par d'autres, malmenée par les uns, défendue et protégée par les autres mais jamais gâtée par personne. Pendant toute cette période, elle a été digne et généreuse avec tous ses enfants dont quelques-uns, par calcul, par méconnaissance ou par inexpérience, ont dépassé les limites de la décence. Mais comme toutes les mères du monde, elle leur a tout pardonné, pourvu que ce nouveau-né soit sain et sauf, bon et généreux, noble et clément, doué et intelligent, magnanime et génial pour qu'il soit accepté, sans hésitation ni murmure, par tous ses frères et sœurs.
Mesdames et Messieurs les députés,
N'oubliez surtout pas que le Tunisien est avide de justice, d'égalité et de dignité : de justice parce qu'elle est le fondement de la prospérité, de la citoyenneté, et de la paix; d'égalité parce qu'elle permet au citoyen d'avoir les mêmes chances que son voisin dans n'importe quelle situation, en droits et en devoirs ; de dignité, ce respect que chacun de nous mérite, parce qu'elle situe le citoyen dans une position telle qu'il ne se révoltera pas contre sa condition et qu'il soit fier, quel que soit son rang social, d'appartenir à la communauté dans laquelle il s'épanouit.
Quelques constantes à mettre en valeur dans notre Constitution :
D'abord et avant tout, la Tunisie, pays arabe et musulman, est la patrie de tous les Tunisiens, sans exclusive ni exclusions, et que l'Etat tunisien garantit pour tous ses citoyens la liberté de conscience, de croyance, et d'expression,
Ensuite, des règles, des fondements, des devoirs et des obligations applicables par tous et pour tous.
Enfin l'ouverture de notre pays sur son environnement naturel: maghrébin, arabe, méditerranéen, africain, musulman, européen et universel.
Ayant eu l'honneur d'avoir servi mon pays dans différents domaines à des postes de responsabilité (militaire, économique et politique) et lui ayant donné les plus belles années de ma vie, et loin de moi toute prétention de vous donner des leçons, je voudrais simplement vous exposer mon point de vue sur certains sujets, fruit de l'expérience personnelle d'un militant et d'un cadre qui aime son pays et auquel il a, comme tous ses compagnons d'armes, tout donné sans jamais rien demander en retour.
Service militaire pour tous
L'Armée nationale que vous avez applaudie, comme tout le peuple tunisien, pour son rôle historique, durant la révolution de la liberté et de la dignité, était sous les régimes de Bourguiba et de Ben Ali un sujet tabou. C'est pourquoi l'Armée, et surtout ses officiers, étaient absents du paysage social et politique d'une part, ce qui est grave, et d'autre part, son commandement n'était pas associé aux grands choix stratégiques, ce qui est dramatique. Rappelez-vous la guerre de Bizerte, le projet du canal reliant le Chott El Jerid à la mer, etc.
L'Armée n'est pas partisane. Ses cadres ont choisi comme parti, la Patrie à laquelle ils sont dévoués et comme sensibilité, le régime républicain auquel ils sont fidèles et ils ont démontré cela à plusieurs reprises, en 1967, 1978, 1980, 1984 et en 2011.
La défense du pays est l'affaire de tout le peuple tunisien avec toutes ses composantes : forces militaires, corps constitués, organisations nationales, partis politiques et société civile. Elle n'est pas seulement la responsabilité du ministère de la Défense et de l'Armée nationales. C'est pourquoi chaque citoyen doit se sentir concerné par ce devoir sacré.
Mesdames et Messieurs les députés,
Notre pays prend en charge, et nous en sommes fiers, l'enseignement primaire, secondaire et supérieur de tous nos enfants. Une bonne partie de nos étudiants bénéficient d'autres avantages dont la bourse, aussi modeste soit-elle, et de la cité et du restaurant universitaires. En contrepartie de tout cela, le jeune Tunisien ne peut-il payer, à la patrie, «l'impôt du sang», comme cela se passe dans la plupart des pays du monde ? Cet impôt qui est très modeste, car il représente une année sur soixante treize ou soixante quinze ans d'espérance de vie, lui fournira des atouts qui lui serviront sa vie durant.
D'autre part, faut-il rappeler que l'incorporation systématique de tout un contingent (plusieurs dizaines de milliers chaque année), à l'exception des étudiants sursitaires et des soutiens de famille reconnus, présente beaucoup d'avantages ;
1- Elle permet, et c'est la mission principale, de préparer le jeune Tunisien à devenir un soldat qualifié pour défendre son pays,
2- Elle développe la personnalité du jeune homme et forme son caractère,
3- Elle lui donne le complément de connaissances qu'il n'a pas reçues à l'école, au lycée et à la faculté : éducation physique, formation civique, morale et patriotique; c'est là qu'il connaîtra le sens du drapeau, de la patrie, etc.
4- Elle peut permettre au jeune d'apprendre un métier et cela est loin d'être négligeable,
D'ailleurs, si les jeunes d'une classe répondent tous à la convocation du service militaire, et c'est une question de volonté politique, plusieurs attentes du gouvernement et du commandement militaire seront satisfaites :
a- L'armée aura le contingent suffisant en quantité et en qualité (niveau),
b- Le pays aura, d'une manière permanente, autant de demandeurs d'emploi en moins et cela est loin d'être inappréciable,
c- Le contingent qui, après sa libération, fera partie de l'armée de réserve, aura formé tout son encadrement en officiers, sous-officiers et petits gradés et cela est très important en cas de rappel,
C'est pourquoi l'intérêt supérieur de la nation implique l'application de l'universalité du service militaire pour n'en dispenser que les jeunes inaptes physiquement et les soutiens de famille. Il y a lieu aussi de supprimer les affectations individuelles, mesure qui favorise les nantis et réserve aux seuls démunis et aux pauvres, l'obligation de répondre à la convocation du service militaire. Par contre, sa durée peut être révisée.
Est-il besoin de rappeler l'importance pour les jeunes universitaires, en âge d'accomplir le service militaire, ces cadres de demain, ces gouvernants d'après-demain, d'être orientés, ne serait-ce que pour une courte période vers les Académies militaires pour devenir des officiers de réserve. La formation spécifique qu'ils recevront dans ces grandes écoles leur fournira les ingrédients du leadership qui leur servira dans la vie civile et leur permettra d'avoir l'aisance et la confiance nécessaires à un futur responsable et peut-être à un chef politique.
A propos des questions militaires qui ne pouvaient, par le passé, être débattues démocratiquement, il est recommandé et même nécessaire que les représentants du peuple s'impliquent davantage dans les problèmes de défense nationale pour qu'ils soient mieux informés du fait militaire, des moyens de défense et des besoins de l'armée. Ceci nécessite la création d'une commission de défense nationale au sein de l'Assemblée; celle-ci peut faire appel, à chaque fois que de besoin, et en attendant qu'il y ait suffisamment de députés ayant accompli le service militaire sous quelque forme que ce soit, à des experts représentés par des officiers à la retraite.
Je tiens à préciser que le Commandement militaire met en exécution les décisions de l'Autorité politique représentée par le président de la République. Les règles de comportement et d'engagement, sur recommandations du Commandement militaire, doivent être décidées par le Président après ratification par le Parlement. C'est là que le concept de démocratisation de l'Armée prend tout son sens.
D'autre part, il y aurait lieu de combler le vide juridique existant actuellement relatif aux régimes spéciaux nécessitant l'intervention des forces armées, tels que l'Etat d'urgence, l'Etat de siège, la mobilisation partielle ou générale, en promulguant les textes adéquats définissant les conditions d'intervention des unités de l'armée dans chacune de ces situations et les conséquences qui en découlent.
Mesdames et Messieurs les députés,
Quant au volet politique général, je pense que la fonction de gouverneur, pour l'avoir exercée pendant deux ans et demi, est l'une des plus importantes, des plus délicates, des plus passionnantes et des plus sensibles missions que puisse assumer un haut cadre de l'Etat. Etant le moteur de sa région, il est capable d'en dynamiser le progrès économique et social ou de le geler.
Je pourrais, peut-être vous surprendre en donnant un avis différent de celui qui a été souvent avancé par les cercles politiques ou les médias. C'est ainsi que je proposerais que le gouverneur soit apolitique et qu'il ne s'occupe qu'uniquement de développement. N'ayant pas d'appartenance partisane déclarée, il continuerait à être nommé par le président de la République, après avis du Parlement. L'idéal serait qu'il ait reçu une formation d'officier de réserve ou qu'il reçoive pareille formation avant sa désignation. A ceux qui pensent qu'il serait plus indiqué que le gouverneur soit élu, je peux répondre que cette éventualité est, à mon avis et pour le moment, prématurée, la plupart de nos régions n'ayant pas encore d'assises économiques fortes pour qu'elles aient une certaine autonomie.
Vous allez certainement aborder le rôle des organisations nationales avec leur spécificité en affirmant, entre autres, le droit syndical des travailleurs. J'y adhère totalement, mais je dois cependant attirer votre attention sur un sujet qui peut être préoccupant, c'est celui des syndicats dans des unités, des services et des corps habituellement et un peu partout dans le monde, dépourvus de ce genre d'associations, parce que leurs personnels disposent de moyens spéciaux et délicats. Pour prendre l'exemple sur l'Occident, il y a lieu de signaler qu'en Europe , et sur une quarantaine de pays, seuls une douzaine ont permis à ce type d'unités le droit de créer des syndicats. Quant aux USA, Etat fédéral d'une cinquantaine d'Etats, seuls treize en sont pourvus. Il en est de même pour le corps des douanes et du ministère des Affaires étrangères, ministère de souveraineté de surcroît et le problème nécessite mûre réflexion!
Mesdames et Messieurs les députés,
Les élections ont eu lieu et le gouvernement provisoire a été désigné. Souhaitons aux uns et aux autres bonne chance et bon courage. Je voudrais, à travers vous, lancer un appel du fond du cœur pour que nous accordions à ce gouvernement, quoique provisoire mais absolument légitime, d'abord le préjugé favorable et ensuite le temps nécessaire en vue de redresser la situation économique du pays qui a été profondément ébranlée au cours de cette dernière année.
Le gouvernement n'a pas de baguette magique et il faut que les composantes de la société civile, sans aucune exception, les partis politiques, les organisations nationales et tous ceux qui aiment ce pays, tout le monde , de gauche, de droite ou du centre, s'impliquent davantage en vue de faire cesser ces sit- in, ces interdictions aux travailleurs de rejoindre leurs lieux de travail, ces dégradations de biens publics et privés, ces occupations illégales d'espaces professionnels et tout ce qui nuit à la reprise normale de nos activités. Cependant, comment peut-on expliquer le comportement de la Centrale syndicale (l'Ugtt) qui a permis, autorisé et toléré cette grève sauvage à l'Unité industrielle japonaise de Om Larayès ? Est-ce le cadeau fait au gouvernement légitime avant son entrée en fonction ? Est-ce que les responsables syndicaux nationaux, régionaux et locaux sont conscients de ce qu'ils ont fait ou permis de faire ?
D'ailleurs, le nouveau gouvernement doit, s'il veut éviter le pire, prendre ses responsabilités, toutes ses responsabilités, être énergique et ne pas tolérer pareils agissements. Fort de sa légitimité il a les moyens de prendre toutes les mesures nécessaires pour faire cesser ces comportements dangereux, graves, périlleux et illégaux. Il doit même sévir au besoin, car il y a des limites à ne pas dépasser. Notre pays a assez souffert d'actes pareils (grèves annoncées ou non, casses, dégradations, incendies, braquages et tous ces faits divers qui se sont multipliés, depuis la révolution, etc...), alors qu'il doit se mobiliser, plutôt, pour d'autres priorités économiques et sociales urgentes.
Mesdames et Messieurs les députés,
Que notre jeunesse, cette jeunesse qui a fait l'admiration du monde entier par sa détermination, son courage, et son obstination, nous permette d'être toujours fiers d'elle : qu'elle manifeste et qu'elle démontre, au besoin, sa colère, son mécontentement ou son désarroi et tout ce qui est contraire à ses attentes ou à ses aspirations, d'une manière civilisée et responsable, dans la dignité et dans le respect de l'autre.
Investir dans le savoir
D'autre part, notre devoir à nous tous, les cadres en activité ou à la retraite, les chefs d'entreprises publiques et privées, tous les hommes de bonne volonté, tous ceux dont le cœur vibre dès qu'il s'agit de la sécurité ou de l'avenir de notre pays, et quelles que soient nos sensibilités politiques, nos orientations ou nos approches idéologiques, notre devoir est de donner libre cours à notre esprit imaginatif et à notre expérience pour vaincre cet ennemi implacable, le chômage de notre jeunesse. C'est en développant des projets pouvant créer de l'emploi et de la richesse à notre pays que nos diplômés, nos techniciens et notre main-d'œuvre peuvent s'épanouir et retrouver leur dignité. Aussi, pourquoi la Tunisie ne profite-t-elle pas de sa position géographique exceptionnelle, au carrefour de l'Europe, de l'Afrique et du Moyen Orient, pour faire de notre pays un Centre universitaire international ? Pourquoi ne pas encourager les investisseurs à créer des universités privées off-shore, en partenariat avec des universités anglaises, américaines et françaises, ouvertes aux Maghrébins, aux Africains et aux Moyen-Orientaux ? Trois facteurs déterminants jouent en notre faveur :
1- D'abord, l'obtention du visa pour l'Europe et pour l'Amérique est de plus en plus difficile et même décourageant et contraignant.
2- Ensuite, le niveau de vie et les frais d'études en Tunisie sont certainement plus abordables que ceux de l'Europe et de l'Amérique.
3- Enfin, cette filière ne risque pas, un jour, de péricliter, parce que la jeunesse est avide de savoir et pour peu que nos universités soient en partenariat avec des homologues étrangères de renom, leur fréquentation est sûre et garantie.
Je suis persuadé que pareil projet a un avenir prometteur et que ses retombées directes et indirectes sur notre économie sont indéniables. Notre pays deviendra alors un Pôle de rayonnement universitaire des plus recherchés, sans parler des bénéfices que notre pays peut tirer de ce projet dont l'impact sera certainement très positif. Tous les étudiants étrangers qui passeront plusieurs années chez nous et dont nombreux parmi eux seront des cadres, une fois rentrés chez eux, et dont certains seront probablement des gouvernants dans leurs pays, n'oublieront jamais le pays qui les a formés et qui leur a permis d'avoir cet avenir radieux. Investir dans le savoir est un créneau noble, rentable et durable, pour peu que le niveau soit toujours assuré.
Pour ne pas perdre de temps et attendre que l'infrastructure soit prête, nous pouvons commencer avec les facultés privées qui existent actuellement. Cela nécessitera une certaine réorganisation et restructuration, et l'Etat doit les aider en leur fournissant le soutien nécessaire dans plusieurs domaines (législation- autorisation- personnels- moyens- crédits-etc...).
Mesdames et Messieurs les députés,
Je ne dois pas omettre de vous soulever l'éventualité d'une situation très particulière, et ô combien sérieuse: si dans quelques années, un parti politique arrive, lors d'une élection, à «rafler» la majorité absolue au Parlement et veut «chambarder» le système de gouvernement, c'est-à-dire la Constitution, qui pourra l'en empêcher ? C'est pourquoi, il y a lieu de penser à un «garde-fou». Je propose de renforcer le Conseil constitutionnel, en lui adjoignant une institution qui aura fait ses preuves et qui sera chère à tous les Tunisiens, celle-ci pouvant lui assurer les moyens de dissuasion indispensables.
D'autre part, je crois qu'il est très important d'inclure dans la Constitution des articles inaliénables tels que la durée du mandat du président de la République ainsi que le nombre de mandats présidentiels.
Mesdames et Messieurs les députés,
Je ne puis m'adresser à vous, Mesdames et Messieurs les élus du peuple, sans attirer votre attention sur une aberration inqualifiable qui a marqué , à jamais, une bonne partie de l'élite de notre vaillante Armée nationale, celle qui a toujours été du côté du peuple et celle qui l'a protégé lors de sa révolution. En effet, vous avez tous entendu et lu beaucoup de ce qui a été dit et écrit sur le fameux «complot» de Barraket Essahel de 1991. Cette machination qui visait «la décapitation» de l'Armée puisqu'elle a concerné la fine fleur de ses cadres supérieurs, plus d'une cinquantaine, ceux que le pays a mis près de vingt ans pour les former, et à quel prix, dans les plus grandes Ecoles militaires occidentales et leur confier des postes de haute responsabilité, ainsi que près de deux cents officiers subalternes, sous-officiers et hommes du rang, ne doit pas être éludée, et «la torture» qu'ils ont tous subie sous toutes ses formes, barbares et inhumaines, ne peut et ne doit être remplacée par le terme de «violence», car cela transformera cette ignoble machination en un banal fait divers. Toutes les victimes attendent de vous que vous agissiez selon votre conscience, selon votre devoir et conformément à un esprit de justice révolutionnaire pour qu'elles soient, comme elles ont été souillées et salies publiquement, par tous les médias existants (télé- radio- journaux), réhabilitées de la même façon que vous les défendiez et que vous légifériez au besoin pour leur permettre d'avoir tous leurs droits (réparations morales et matérielles) et pour que l'institution militaire à laquelle elles appartiennent efface , à jamais, de sa mémoire cette «honteuse tragédie de l'Histoire». Ayons confiance dans le gouvernement de la 2e République, issu de la révolution de la liberté et de la dignité, et dont beaucoup de ses membres ont connu l'injustice, l'oppression et même la torture. Nous pensons que celui-ci n'hésitera pas un seul instant à leur accorder leurs droits: réhabilitation morale et réparations matérielles.
Que la Tunisie, notre pays, petit par ses dimensions géographiques, mais grand par son histoire et ses multiples civilisations, continue à être le symbole du progrès, de la liberté et de la dignité humaine.
Mesdames et Messieurs les députés,
Votre mission est exaltante. Elle nécessite du temps et de la patience, de la réflexion et des idées, de la conviction et du courage, un accord ou un consensus, sinon un compromis.
Le peuple qui vous a fait confiance, attend beaucoup de vous. Alors ne le décevez pas.


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