• Malgré son programme très chargé entre va-et-vient incessants entre Tunis et Washington pour apporter les ultimes touches à la symphonie concertante «Hannibal Barca» et la cérémonie de remise des pouvoirs entre les mains du nouveau chef du gouvernement, Jaloul Ayed a tenu à nous recevoir pour un scoop, à quelques jours de son départ définitif. La mission de Jaloul Ayed en tant que ministre des Finances du gouvernement de transition au sein du cabinet de Béji Caïd Essebsi a pris fin lundi dernier au cours d'une cérémonie de passation des pouvoirs. L'appel à un poids lourd de la finance internationale n'est pas fortuit puisque le ténor du paysage bancaire marocain en premier et, plus tard en Europe, comme un élément qui, par enchantement, possède de véritables dons qui relèvent, et sans exagération aucune, du miracle au point de le prédisposer à mener à bien, à partir de Londres, un projet financier euro-africain inédit et très ambitieux. Dans le répertoire bien fourni en réussites et compétences tunisiennes établies à l'étranger, celle de Jaloul Ayed laisse perplexe. Son extraordinaire ascension dans le domaine de la finance a été des plus fulgurantes. Dans son itinéraire qu'on croyait tracé d'avance, voilà que le destin de ce banquier, né pour voltiger avec les opérations financières, bifurque sur une voie de garage qui, contrairement à ce qui est supposé, s'ouvre sur des échappées d'une surprenante beauté, digne de ses insoupçonnables talents de compositeur féru d'envolées musicales. Particulièrement sensible au syncrétisme de la culture et de l'économie, inscrit dans ses gènes, Jaloul Ayed s'est révélé sur le tard en compositeur de musique classique de génie. Pour preuve, ses symphonies concertantes ont été jouées par des maîtres incontestés de la musique philharmonique en Europe. L'épopée de Hannibal Barca La fresque de Hannibal se décline en trois mouvements où se croisent les styles et les rythmes tout en crescendo et en variations. Le premier mouvement met en scène la bravoure des armées carthaginoises parties à l'assaut de Rome, la traversée de l'Espagne, des Alpes et des Pyrénées pour prendre à revers Rome, c'était en 219 av. J.-C. Le deuxième mouvement retrace le courage de Hannibal, sa force, sa hargne, mais aussi ses moments de déprime, de peine, de doute et aussi de peur. Il se termine par une danse macabre en référence aux 30.000 soldats morts pour que Carthage puisse vivre en paix, à l'écart de l'hégémonie de sa rivale Rome. Le troisième mouvement revoie au retour du héros à Carthage où il est accueilli, lui, ses éléphants et ses guerriers ou ce qu'il en reste, victorieusement par une foule déchaînée et en délire. Chants, danses et défilés restitués par des rythmes progressant de diminuendo en crescendo. Des mouvements exécutés dans un rythme soutenu tel des valses comme seuls les Viennois en sont capables, aussi bouillonnantes que les eaux d'un torrent et dont l'intensité sonore s'amplifie en rinforzando. Hannibal à la conquête des States A la question de savoir pourquoi Washington en ce moment, Jaloul Ayed nous a confié : «Les Etats-Unis ont voulu passer à travers ce geste combien éloquent un message d'amitié, de gratitude et de sympathie qui doit être entendu comme un signe de solidarité avec une Tunisie qui a réussi sa transition démocratique en balisant la voie à d'autres pays de la région à la recherche de leur liberté encore aliénée. Par ce geste, les Américains ont voulu également hisser les couleurs tunisiennes afin de rendre les honneurs à une Tunisie petite par les dimensions et grande par l'histoire, les hommes et les ambitions. C'est un précédent qu'il faut souligner puisque la cérémonie aura lieu le lundi 9 janvier 2012 au prestigieux Kennedy Center de Washington avec la symphonie concertante pour piano et orchestre. Il y aura un parterre brillant de 2.200 invités dont les présidents du FMI et de la Banque mondiale ainsi que les plus célèbres argentiers de la finance newyorkaise. La présence du Président Barak Obama et de son épouse n'est pas encore confirmée». Et le banquier mélomane de poursuivre : «L'infinie beauté de la symphonie dans sa version chorale sera interprétée par un orchestre de 75 Américains des plus illustres qui seront accompagnés de trente instrumentistes tunisiens. Jean-Charles Biondi, mon ami de toujours, qui est aussi l'arrangeur de cette symphonie, assurera la direction de cette armada musicale qui ne fait pas dans la dentelle et qui joue de la sécheresse des cordes et de l'opulence des sonorités. En définitive, l'étincelle, qui a enflammé Sidi Bouzid et provoqué la chute du despote, a illuminé le ciel tunisien des lueurs de l'espoir».