Du 6 au 13 janvier 2012, se tiendra à Tunis et dans quelques régions la 15e édition des Journées théâtrales de Carthage. Le programme et les choix d'organisation de cette session ont fait l'objet d'une conférence de presse, le mercredi 4 janvier, dans les locaux de la Bibliothèque nationale. Le directeur des JTC, Wahid Saafi, s'est adressé aux journalistes et professionnels du théâtre en présence du ministre de la Culture Mahdi Mabrouk. Tous deux ont insisté sur le caractère exceptionnel de cette édition, la première après la révolution qu'elle se doit de célébrer, d'où le thème choisi: «Le théâtre célèbre la révolution». Dans la programmation, on a veillé à la présence, «au même titre et au même rang», du théâtre amateur, professionnel, pour enfants, adolescents et adultes. La soirée d'ouverture sera assurée par la nouvelle pièce de Fadhel Jaziri, intitulée «Saheb lehmar», une adaptation libre, comme son nom l'indique de l'épopée de Saheb Al Himar. Elle sera représentée à la coupole d'El Menzah, pour laquelle des moyens techniques ont été déployés, notamment pour éviter les problèmes de son. C'est ce qu'a répondu Wahid Saafi à la question d'une journaliste quant au choix d'y programmer ce spectacle qui s'inscrit dans le cadre de toute une cérémonie d'ouverture, une conception artistique de Fethi Haddaoui, créée comme un salut aux révolutions arabes. Le coup d'envoi sera donné depuis la place des Droits de l'Homme. Le cortège se rendra ensuite jusqu'à la place du 14 Janvier 2011 et poursuivra sa marche à travers les principales artères de la ville et jusqu'au théâtre municipal où toute une mise en scène alliant musique, comédie et cirque attend les invités. Ce même espace accueillera, le 13 janvier, la pièce de clôture intitulée «Tu vois ce que j'ai vu», une œuvre de Anouar Chaafi, produite par le Centre des arts dramatiques et scéniques de Médenine. Cette ville est parmi celles qui témoigneront de la décentralisation des JTC pour cette 15e édition. Il y aura également Le Kef, Sousse, Sfax et Gafsa, pour des pièces d'Europe, d'Iran et de pays arabes comme l'Egypte et le Koweït. La décentralisation est d'ailleurs l'une des raisons derrière l'absence de prix, puisqu'il est difficile d'assigner des jurys dans des endroits différents. En ce qui concerne la programmation, les organisateurs ont choisi de maintenir les sections traditionnelles du festival, dans un souci de préserver l'identité des JTC. Dix-huit espaces à Tunis seront ouverts au public. Les pièces viennent d'Afrique, d'Europe et d'Asie et sont répertoriées soit dans la section officielle, soit parallèle. Cette dernière section contient majoritairement des noms tunisiens, dans le but de montrer le maximum de productions locales. Les soirées contes auront lieu au théâtre El Hamra entre le 7 et le 12 janvier. En plus des représentations, cette édition prévoit un hommage particulier. En effet, il est adressé aux «femmes créatrices», quelles qu'elles soient et sans nommer aucune. Le 7 janvier, une rencontre poésie-musique aura lieu à Ennejma Ezzahra avec Sghaïer Ouled Ahmed, Fatma Ben Fdhila et Adbelfettah Ben Hammouda de Tunisie, Maliha Asaadi du Yémen, Ibrahim Abdelfettah d'Egypte et Essid Reguii de Libye. La partie musicale sera assurée par l'artiste égyptien Mustapha Said. La même journée, se tiendra à l'hôtel Africa une rencontre-débat sur «Quel devenir pour le théâtre après les révolutions arabes», il s'agit de témoignages d'artistes qui ont vécu ces révolutions. Cette rencontre se poursuivra le lendemain et, le surlendemain, elle donnera suite à une autre discussion à propos de plusieurs vies d'un texte dramatique, avec des intervenants comme Noura Amine d'Egypte, Om Ezzine Ben Chikha de Tunisie et Monique Bellan d'Allemagne. Le 10 janvier, enfin, sera la journée du réseautage entre professionnels, toujours à l'hôtel Africa. Le conférence de presse a été marquée par la présence d'hommes et de femmes de théâtre qui ont exprimé leur mécontentement à l'égard de beaucoup de choix et de détails de programmation. Leurs reproches tournent autour des membres des comités de sélection et, par conséquent, des pièces sélectionnées, dont la plupart ont déjà fait le tour des salles, précisent-ils. Cette attitude partagée par tous les présents témoigne du grand chantier qui attend le ministre de la Culture, rien que pour le théâtre. Mahdi Mabrouk a d'ailleurs dû s'excuser de son absence à la conférence, pour gérer des sit-in organisés devant son ministère, par des professionnels du quatrième art et de jeunes écrivains.