TUNIS (TAP) - Le programme détaillé de la 15ème édition des journées théâtrales de Carthage (JTC, 6-13 janvier 2012) a été divulgué, mercredi, lors d'une conférence de presse organisée au siège de la Bibliothèque nationale (BN) à Tunis, par Mehdi Mabrouk, ministre de la Culture et Wahid Saafi, directeur de cette édition. Selon les observateurs, cette édition revêt une importance particulière parce qu'elle est la première après la révolution du 14 janvier 2011. L'affiche de l'édition est réalisée par le plasticien Adel Megdiche, intitulée "le marionnettiste". Agencée autour d'éléments profondément ancrés dans notre mémoire, cette affiche-œuvre puise dans l'héritage collectif du pays: la Tanit phénicienne et le masque punique. La cérémonie d'ouverture, conception artistique de Fethi Haddaoui, sera porteuse de toutes les couleurs de la fête. Créée comme un salut aux révolutions arabes, cette cérémonie est aussi un plaidoyer pour l'art scénique et la musique. De manière symbolique, le rassemblement des participants à ce happening aura lieu sur la place des droits de l'Homme à Tunis. Le cortège se rendra ensuite jusqu'à la place du 14 janvier et poursuivra sa marche à travers les principales artères de la ville. Arrivés devant le Théâtre municipal, les artistes interpréteront des tableaux vivants. Plusieurs fanfares ainsi que des cavaliers de l'armée nationale, la police et la garde nationale donneront authenticité, prestige et couleurs à cette parade. Sur la scène du Théâtre, des musiciens interpréteront des mélodies tunisiennes et orientales puis cèderont la place à des artistes libyens. Ensuite, dans le silence et au son d'un tambour, la danse du cavalier fait résonner des trois coups de la convention. Que la fête commence... L'ouverture se fera avec la nouvelle création de Fadhel Jaziri "Saheb Lahmar" d'après "la révolte de l'homme à l'âne" de Ezzedine Madani. Il s'agit d'une interprétation libre du mythe Bouzid, surnommé l'homme à l'âne qui, de révolutionnaire combattant pour la liberté et la justice, s'est transformé en tyran sanguinaire dès la prise de Kairouan. Lorsque la sédition a éclaté, elle l'a emporté ainsi que les siens. Le spectacle de clôture sera assuré par la pièce "Tu vois ce que j'ai vu" mise en scène de Anouar Chaafi, d'après des textes de Kamel Bouagila, production du centre des arts dramatiques et scéniques de Médenine. Cette œuvre s'inscrit dans un théâtre qui fait l'éloge de la diversité, tout en faisant appel à des formes esthétiques nouvelles. Dans ce théâtre en mouvement, l'expression corporelle et l'art du mime jouent un rôle important qui relègue parfois la parole au second plan. Outre les pièces théâtrales tunisiennes, au nombre de 53 (10 pour enfants, 6 produites par les amateurs et 37 par les professionnels), la 15ème édition des JTC comporte 13 spectacles en provenance de pays arabes, africains et européens. Les représentations théâtrales auront lien non seulement à Tunis mais aussi au Kef, à Gafsa, à Médenine, à Sfax et à Sousse, afin de conforter la décentralisation culturelle. Un colloque international ayant pour thème: "Quel devenir pour le théâtre après les révolutions arabes : esthétiques, témoignages, horizons" aura lieu le 7 et 8 janvier. Une rencontre-débat autour du texte dramatique (un texte, plusieurs vies) aura lieu le 9 janvier. Le centre culturel international de Hammamet accueillera un atelier sur ''l'écriture dramatique'' qui sera animé par Ezzedine Gannoun et un spécialiste belge. Dans son intervention au cours de cette conférence de presse, le ministre de la Culture a tenu à expliquer que des commissions indépendantes ont veillé à l'organisation artistique de cette manifestation, notamment à la sélection des œuvres, en se référant aux critères de la création et de l'excellence. Il a précisé que l'action des commissions s'est déroulée dans le cadre de l'indépendance totale. Il a fait remarquer que cette édition des JTC célèbre les œuvres qui portent un regard critique sur la société et sont en phase avec le climat révolutionnaire prévalant dans plusieurs pays arabes. De son côté, Wahid Saafi a confirmé que la commission du tri a choisi les œuvres des JTC en observant la neutralité et l'objectivité. Il a, par ailleurs, indiqué que les JTC ont invité plusieurs personnalités arabes et étrangères, sans donner d'autres détails, insinuant que la situation sécuritaire dans certains pays arabes laisse planer un doute sur la venue de certains invités.