Depuis plusieurs années, des réseaux culturels se sont mis en place en Europe, dans le monde arabe et en Afrique pour aider la création indépendante à s'affirmer et pallier les déficits des instances étatiques comme tentative d'échapper aux diktats officiels souvent pénalisants à l'encontre de la jeune création à toutes tentatives de défendre une création sans allégeances, ni restrictions. Comment permettre à de jeunes créateurs de profiter des réseaux culturels ainsi que des fonds susceptibles de financer leurs projets ? Quels genres de subvention ou de soutien apporter à ces jeunes créateurs ? Telles sont les questions soulevées, au cours d'une rencontre organisée à l'occasion de la 15ème édition des JTC, qui a réuni plusieurs participants dont Velia Papa, représentante du Roberto Cimetta d'Italie, Serene Huleileh représentante de Safar de Jordanie, Maria Daif de Young Arab Theatre Fund et Art Moves Africa du Maroc. Les hommes de théâtre, les artistes et le public intéressés par ces réseaux culturels ont pris connaissance des subventions destinées aux projets d'artistes ayant besoin d'assistance matérielle. Ils ont pu prendre ample connaissance des fonds disponibles et nouer des rapports d'échanges avec les représentants des organisations des pays en question. Ces fonds sont pour la plupart de création récente. Certains ont une dizaine d'années d'existence et ont pour objectif d'aider «la création indépendante à s'affirmer et à se faire connaître à l'intérieur et à l'extérieur des frontières. Le Fonds Roberto Cimetta a été créé en 1999 et ses interventions ont commencé par la zone européenne pour s'étendre aux pays arabes. «Le fonds a pour but de développer la mobilité dans les espaces européen et arabe. Il répond aux besoins d'artistes qui peuvent demander une bourse de voyage : formation, participation à un séminaire etc. à condition que les projets soient développés dans le pays où le boursier exerce», souligne Velia Papa. Depuis sa création, le fonds a accordé plus de 1000 bourses de voyages dans des disciplines artistiques aussi variées les unes que les autres tels le cinéma, les arts numériques, la littérature, le théâtre, etc. « Nous collaborons actuellement avec certaines villes françaises et avec des capitales culturelles européennes comme Guimarès en 2012 et Marseille en 2013. Pour l'instant, les bourses sont limitées aux voyages individuels (3 personnes au maximum sur un même projet)», précise encore Velia Papa. Il est à préciser que le projet à financer doit être en relation avec le développement local. Velia Papa a fait remarquer qu'il y a là un hic qui demeure un obstacle majeur, c'est la question fondamentale des libertés et de la difficulté de disposer de visa afin de pouvoir se déplacer facilement dans des espaces européens ou arabes. Pour Serene Huleileh, représentante du réseau Safar, « il s'agit d'une opportunité offerte aux jeunes arabes afin d'acquérir la culture des voyages et celle de l'apprentissage continu, loin de l'idée de l'enseignement le plus souvent contraignant et dirigé ». Le réseau Safar appelle les jeunes, grâce à la chance qu'il leur offre de voyager et de découvrir d'autres mondes et d'autres cultures, à compter sur eux-mêmes, à changer leur façon de penser et d'agir et de se poser la question que les initiateurs et les porteurs de projets n'hésitent pas à se poser eux-mêmes : Que dois-je faire pour réaliser mes rêves ? La question est d'une importance cruciale d'autant plus que le réseau Safar a réussi à accorder depuis 2005, date de sa création, 450 primes de voyage. Il a pour objectif suprême de faire en sorte que les bénéficiaires de ces bourses se prennent en charge et apprennent à voyager pour découvrir le monde et les hommes. Maria Daif, représentante du fonds du jeune théâtre arabe (Yaft), précise que son organisation, créée en 2000, a pour objectif de promouvoir les jeunes talents et d'encourager toutes les formes artistiques. Il soutient également les tournées effectuées par les jeunes artistes et finance les espaces indépendants (salaires, électricité, loyer). Depuis son entrée en fonction, Yaft a contribué à la subvention de 45 productions et au lancement de huit espaces dont Ness El Fen en Tunisie.