Orchestre du Bal de l'Opéra de Vienne au Festival d'El Jem 2025 : hommage magique pour les 200 ans de Strauss    Hajj 2026 : Une nouvelle aventure tunisienne au cœur de la Mecque    Le Théâtre National Tunisien ouvre un appel à candidatures pour la 12e promotion de l'Ecole de l'Acteur    La fierté d'une mère, le plus beau des trophées pour Ahmed Jaouadi    Collecte de céréales : un niveau record qui dépasse la moyenne des cinq dernières années    Patrimoine arabe : la Mosquée Zitouna parmi les sites retenus par l'ALECSO    Météo en Tunisie : ciel clair, températures entre 29 et 34 degrés    Ridha Zahrouni critique la lenteur de la mise en place du Conseil national de l'éducation    Enfance en danger : 25000 signalements de menace par an    OPPO Reno14 F 5G , partenaire idéal des fêtes avec avec son apparence éblouissante et sa puissante imagerie flash IA    Comment le SMU Startup Fest propulse les jeunes startups de l'idée au marché    Vous voulez obtenir un prêt en Tunisie ? Voici tout ce qu'il faut savoir    De Douza Douza à Jey Men Rif : Balti fait résonner Hammamet    Plastique : Démêler le vrai du faux à l'ouverture des négociations du traité mondial à Genève    Fort rebond pour Essoukna au premier semestre 2025    Gouvernorat de Tunis : un plan d'action pour éradiquer les points noirs    Mohamed Rabhi met en garde contre l'eau vendue en citerne : risques sanitaires élevés    Un million de Tunisiens vivent dans des quartiers anarchiques, selon Saber Jlassi    Des ministères plus réactifs que d'autres à la communication du président de la République    Mohamed Kilani publie « L'Etat d'exception et le régime autocratique absolu »    Education : des ambitions présidentielles face à une machine grippée    Visa USA : une caution financière de 15 000 dollars pour certains pays    Huawei Cloud : permettre à la région Northern Africa de faire un bond vers l'intelligence grâce à une IA inclusive    Un séisme de magnitude 5,7 secoue le sud de l'Iran    La police municipale dresse le bilan de ses dernières interventions    Place Garibaldi et rue Victor Hugo : Sousse repense son centre-ville avec le projet Femmedina    Vers une plateforme nationale pour optimiser les greffes d'organes    Jeux africains scolaires : la Tunisie brille avec 155 médailles, dont 34 en or    La révolution de correction de l'école au centre culturel : Saïed veut une pensée libre et créative dès l'enfance    Israël : Netanyahu envisage une occupation totale de Gaza, selon des fuites    Japon : alerte volcanique relevée au mont Kusatsu-Shirane    Photo du jour - Ahmed Jaouadi, le repos du guerrier    Fin du sit-in devant l'ambassade américaine à Tunis    À quelques jours de l'ultimatum, Trump déploie ses sous-marins et envoie son émissaire à Moscou    Soupçons de manipulation de l'orientation universitaire : le service des crimes informatiques chargé de l'enquête    Ahmed Jaouadi champion du monde à nouveau à Singapour dans la catégorie 1500 m NL (vidéo)    La Nuit des Chefs au Festival Carthage 2025 : la magie de la musique classique a fait vibrer les cœurs    Robyn Bennett enflamme Hammamet dans une soirée entre jazz, soul et humanité    Supercoupe de Tunisie – EST-ST (1-0) : Le métier des «Sang et Or»    Ahmed Jaouadi, Abir Moussi, Brahim Boudebala…Les 5 infos du week-end    Moez Echargui remporte le tournoi de Porto    Fierté tunisienne : Jaouadi champion du monde !    Au Tribunal administratif de Tunis    Najet Brahmi - La loi n°2025/14 portant réforme de quelques articles du code pénal: Jeu et enjeux?    Ces réfugiés espagnols en Tunisie très peu connus    « Transculturalisme et francophonie » de Hédi Bouraoui : la quintessence d'une vie    Le Quai d'Orsay parle enfin de «terrorisme israélien»    Mohammed VI appelle à un dialogue franc avec l'Algérie    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Le commissaire général qui a toujours dit non !
Il y a un an mourait Hatem Mouaffak
Publié dans La Presse de Tunisie le 16 - 01 - 2012

Le 17 janvier 2011, dans des circonstances obscures, mourait Hatem Mouaffak, commissaire général de police, à quelques kilomètres de chez lui... Un an après, le mystère autour de sa mort commence à peine à se dissiper.
Voici l'histoire d'un licencié d'histoire, diplômé de Saint-Cyr et du FBI (Federal Bureau of Investigation) qui a une toute autre conception de l'ordre et de la sécurité que celle de Ben Ali...et qui n'en est pas sorti indemne, ni avant ni après le 14 janvier... Nous avons reconstitué son portrait et sa disparition à partir des témoignages de sa famille, ses amis, ses collègues et certains témoins de sa mort dans le but de jeter quelque lumière sur ce qui s'est passé les jours qui ont suivi le 14 janvier.
Un des martyrs de la révolution, Hatem Mouaffak, fait partie de ceux que le corps de la police tunisienne a perdu dans le silence et l'indifférence. Car, contrairement à l'aura qui entoure tout martyr, la mort d'un policier n'a pas l'air d'émouvoir.
Mais celle de Hatem Mouaffak émeut et intrigue à la fois.
On est le 17 janvier, au cœur de la panique et la confusion des trois jours qui ont suivi le 14 janvier, quand ce haut gradé de la police succombait à une salve de tirs particulièrement acharnée et soutenue qui fait encore à ce jour l'objet d'une instruction devant le Tribunal militaire. Il était sur son chemin de retour à Gammarth où il habite, après une matinée de travail au ministère de l'Intérieur.
Les témoins parmi les riverains et les ouvriers de la station-service théâtre de l'opération, rendent compte d'une scène insoutenable où, au passage de sa voiture, des cris affolés et des tirs ont fusé de partout. La voiture a sitôt pivoté, mais a continué à être la cible d'une rafale bien ordonnée. Au bout de quelques secondes, la voiture est mitraillée, criblée de partout, le plafond affaissé. A l'intérieur, le corps est transpercé d'une balle dans la tête et deux dans le dos, au niveau du cœur...
Dans la précipitation, les tueurs enfouissent le corps dans le coffre et disposent à côté de lui quelques armes blanches et paquets de barbituriques confisqués aux milices à l'œuvre ces jours-là...
Auditionnés par le tribunal militaire, ils ne tardent pas à avouer une chose au moins : que les armes blanches et les barbituriques n'appartiennent pas à la victime.
En août dernier, le juge d'instruction du Tribunal militaire a privilégié la thèse de la bavure... Il semblait alors que la victime était juste au mauvais moment, au mauvais endroit. Conclusion que la famille du défunt réfuta. Et, en raison des nombreux éléments démontrant l'acharnement sur la victime et l'intention de l'achever, le juge d'instruction vient, il y a à peine deux semaines, de conclure à l'hypothèse de l'homicide volontaire.
« Ce policier-là n'est pas des nôtres! »
Aux yeux de son épouse et ses deux enfants, un pas prodigieux vient d'être franchi: le martyr est réhabilité. Même si des interrogations restent à ce jour posées, le dossier d'instruction ouvert et d'autres témoins entendus en attendant que le tribunal siège enfin sur l'affaire Mouaffak.
Retour sur les faits. Le 14 janvier, quand la foule a commencé à vouloir s'introduire dans les locaux du ministère de l'Intérieur, Hatem Mouaffak, commissaire général de la police, première classe, végétant au frigo du ministère de l'Intérieur depuis plusieurs années et fragilisé par la maladie, est évacué avec d'autres cadres et responsables de la sécurité. Des armes individuelles leur sont octroyées, dans le but de se défendre en cas de danger. Mais il sera le seul à refuser l'arme et à ne pas signer le document d'octroi. Pour en éviter le spectacle à ses enfants, jamais auparavant et en trente ans de service, le commissaire général n'a pris d'arme chez lui.
En dépit des dangers, il rejoint son bureau samedi 15 janvier, avec la grande ambition de trouver les moyens de faire face à la dérive sécuritaire que traverse alors le pays. Mais, comme beaucoup d'autres responsables, il reçoit juste l'instruction de rester chez lui. Ce qu'il fait le week-end avant de se lancer dehors, lundi. « Les choses ont changé. Les traîtres sont partis, il est grand temps de travailler, de faire quelque chose pour le pays!...» est la dernière réplique que son épouse entendra de lui...
Cette impatience à reprendre le travail, Hatem Mouaffak la tient des années d'écart et de frustrations.
Licencié d'histoire en 1979, puis diplômé de Saint-Cyr et du Federal Bureau of Investigation, la police fédérale américaine FBI (le seul en Afrique), il occupera plusieurs postes et plusieurs fonctions dans les différentes régions du pays avant d'être nommé directeur de l'école de la police de Salammbôo. Plusieurs promotions de commissaires de police se souviennent de ses cours passionnés et se vantent aujourd'hui d'avoir fait « l'école Mouaffak ». Mais cette ascension qui devait le mener aux plus hautes fonctions s'arrête net quand il est promu directeur de la sécurité intérieure, sous le commandement direct de Ali Sériati alors directeur général de la sécurité. L'entente ne sera jamais parfaite entre les deux hommes. De part son bagage et sa conception de la sécurité, le commissaire général Hatem Mouaffak a toujours dit non au rôle des militaires dans l'institution sécuritaire. Objectivement et arguments techniques et scientifiques à l'appui, il s'est toujours inscrit ouvertement contre «le mélange des genres» qui, selon lui, ne sert ni l'une ni l'autre des deux institutions. Pour lui, chaque corps a sa prérogative propre et sa mission à honorer. Mais cette séparation si évidente dans les démocraties n'est pas entendue de la bonne oreille au palais où il fut décrété par Ben Ali, Leila et les Trabelsi que «ce policier-là n'est pas des nôtres !» Le commissaire général est aussitôt rangé dans la case des persona non grata, harcelé, privé de ses avantages et sanctionné jusqu'à sa mort soudaine et inattendue le 17 janvier dernier...


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.