• L'astronome tunisien considère avec sérieux la possibilité de sa candidature à la prochaine élection présidentielle • «Nous croyons au travail, mais nous croyons aussi à notre culture... Et c'est de notre culture que nous devons partir !» Il est l'une des fiertés de la Tunisie sur le plan scientifique en tant qu'astronome et en tant qu'expert auprès de la prestigieuse institution américaine, la NASA. Mais il est aussi très intéressé par ce qui se passe dans son pays, au point d'envisager la possibilité de se présenter à la prochaine élection présidentielle, une fois bien sûr que nous serons dotés d'une nouvelle Constitution. Lui, c'est Dr Mohamed Laoucet Ayari, et il est parmi nous durant toute cette deuxième moitié du mois de janvier. Joint au téléphone peu après son arrivée, il apporte quelques précisions sur sa démarche politique : «Il y a eu des milliers et des milliers de demandes venant de concitoyens qui me sollicitaient... Les estimations font état de 300.000 ! Elles se sont manifestées dès avant le départ du président déchu, dans le tumulte qui a précédé...». Ces demandes, explique Dr Ayari, ont valu à sa famille, à l'époque, de subir des atteintes de la part de l'ancien régime, aussi bien sur les personnes que sur les biens... Ce sont toutes ces demandes, fait-il valoir, qui l'ont mis en position de considérer avec sérieux la possibilité d'être candidat à la prochaine élection présidentielle. Pour l'instant, la candidature n'est pas déclarée. Mais, à regarder de près le programme des visites durant son séjour, il semble assez clair que cette option est très présente dans son esprit. En effet, il est prévu qu'il se rende dans une douzaine de gouvernorats, dont certains du sud, comme Gafsa et Gabès : il y visitera des institutions universitaires à caractère technologique, mais aussi les responsables régionaux, c'est-à-dire le gouverneur ainsi que le président de la municipalité du chef lieu de gouvernorat... Les visites au sein des établissements universitaires, comme il le souligne, ont une vocation scientifique et technique : «C'est une habitude. A chaque fois que je rentre, je me rends dans des écoles d'ingénieurs ou des clubs d'astronomie, à la demande d'étudiants.» En fait, Dr Mohamed Laoucet Ayari sera porteur cette fois-ci d'un message et d'un projet. Le message concerne le système d'éducation, dont il considère que le meilleur repose sur une répartition égale entre conférences, présence en classe et bibliothèque : système des trois tiers ! Le projet, lui, consiste à mettre en place avec les équipes qui le souhaitent les moyens de réaliser une observation du croissant de lune à partir de l'atmosphère, donc grâce à un ballon qui monterait à 20 km d'altitude... Il s'agit d'organiser une «compétition» entre différents établissements autour de ce projet. Notre interlocuteur rappelle que cela est une façon de répondre à une promesse qui a été faite. Cependant, il n'échappe à personne que le choix de cette expérience est porteur d'une signification politique. L'astronome s'en explique en disant qu'il s'agit avant tout de mettre l'accent sur la valeur de travail : «Politique ou pas, il y a du travail à faire ! La question du croissant de lune se pose au commencement de chaque mois de Ramadan, il faut y répondre par du travail !» Mais il ajoute peu après : «Nous croyons au travail, mais nous croyons aussi à notre culture... Mon père était imam. L'islam est notre héritage, que nous ne devons pas délaisser... Notre force est dans notre héritage : c'est de lui que nous devons partir... Concernant la question du croissant de lune, nous avons la capacité technique d'apporter la réponse...». Cette question sert bien de paradigme, en réalité : elle veut dire qu'il s'agit de mobiliser les connaissances acquises au service du pays, dans le respect de son identité : «Nous sommes des croyants !»... Alors, Dr Mohamed Laoucet Ayari serait un défenseur de plus de l'identité arabo-musulmane ? Oui, mais il rappelle volontiers que la Tunisie fut aussi Carthage : «Nous avons été Carthage — avec ses bateaux qui étaient les meilleurs — et nous avons été Kairouan...» Et, ajoute-t-il en référence aux développements récents de notre actualité nationale-: «Nous n'avons pas à mendier auprès des autres... Notre salut passe par notre capacité de produire». Et, s'il restait le moindre doute sur la dimension politique de cette initiative technique, Dr Ayari précise : «Nous avons un programme détaillé à ce sujet». Ce qui explique d'ailleurs que, à côté de ses visites auprès des autorités régionales et des institutions universitaires, l'astronome entend rencontrer les représentants régionaux du patronat. Pourtant, rien n'est encore officiel. La question de la candidature est confiée à un «comité de réflexion». C'est avec lui que la chose se décidera, le moment venu, quand l'échéance de la prochaine élection présidentielle se précisera...