Abdelwahab Bouhdiba, professeur de sociologie, auteur de plusieurs ouvrages, dont Criminalité et changements sociaux en Tunisie, Quêtes sociologiques, continuités et ruptures au Maghreb et le plus célèbre, La sexualité dans l'Islam, vient de publier en novembre 2011 aux éditions R.M.R. un essai intitulé L'altérité dans les sociétés musulmanes. 88 pages sans sommaire, ni préface dans lesquelles il explique en quoi consiste l'altérité dans les sociétés musulmanes et quels sont ses différents niveaux et sens qui rendent difficile son appréhension. L'auteur définit le déficit d'altérité par le déficit d'image et de communication. «Et comme nous ignorons encore les arcanes des “public-relations” et de la médiatisation de l'image de soi, nous avons tendance à nous recroqueviller sur nous-mêmes». Le problème se situerait vraisemblablement dans la manière de vendre son image à l'autre, l'Occident qui diabolise l'Islam et les musulmans, mettant dans le même sac les islamistes et les musulmans modérés. Selon Abdelwahab Bouhdiba, la problématique de l'altérité est universelle. «Nous naissons tous à l'altérité et nous nous affirmons dans l'altérité», affirme-t-il. La question de l'identité se pose avec acuité. Qui suis-je par rapport à moi-même et par rapport à l'autre. L'auteur tente, par ailleurs, de démonter les mécanismes du refus, légitimer le refus du refus, en œuvrant pour que mon autonomie et ma liberté ne soient pas exclusives de celles de l'autre; tels sont les objectifs de cet ouvrage qui se présente comme une réflexion sur notre société arabe et musulmane actuelle. L'altérité dépend de la coexistence dans la différence et ce, tant par rapport aux individus qu'aux groupes, mais lorsque le dialogue se tient dans un climat conflictuel, les malentendus s'installent et les rapports de force prennent le dessus, ce qui conduit à l'usage de la force, alors que «c'est dans ces moments de tensions et de conflits que le besoin d'autodépassement est le plus nécessaire, que le recours à l'esprit de tolérance le plus urgent et le plus efficace», indique entre autres, l'essai. Plus loin, l'auteur aborde la question de l'altérité dans les sociétés arabo-musulmanes qui est, selon lui, de quatre types : l'altérité absolue, l'altérité de l'invisible, l'altérité dans la fraternité et l'altérité en mouvements. «L'important est que les gens vivent cette altérité, sur les modes divers, magiques et poétiques», ajoute-t-il. L'important est de savoir nous assumer et assumer l'autre et de remplacer le mimétisme par la lucidité. En définitive, l'altérité est de vivre avec, c'est ce que propose ce petit ouvrage concis, mais riche en réflexions sur cette question essentielle.