Décidément, cette équipe nous plaît et nous passionne de plus en plus. Voici pourquoi. Non, nous n'avions pas la gueule de bois hier en nous réveillant. Oui, c'est vrai que cette équipe de Tunisie a perdu contre le Gabon et… l'arbitre (Honte à la CAF! Honte à sa commission d'arbitrage! Honte à Issa Hayatou !) mais ce n'est pas moins vrai que cette équipe a été superlative sur le plan de la qualité du jeu et qu'elle a révélé des trésors qui ne sont désormais plus secrets pour personne. Plus encore, l'Equipe de Tunisie est, de toutes les formations présentes à la CAN, la seule capable d'aligner deux formations de suite, deux systèmes de jeu complètement différents; la seconde encore meilleure que la première et le second plus brillant que le premier. Trêve de superlatifs, examinons en détail ce match disputé face au Gabon, qui nous a franchement régalé à un certain moment. • Les joueurs : L'équipe de Tunisie a remporté ses deux premières rencontres dans une saine polémique (nous y revenons) qui concernait certains joueurs et certains postes. Jmel, Ifa, Hagui, Traoui et Korbi (en tant que paire plus que sur le plan individuel); Chikhaoui, Darragi, Allagui : les trois quarts des joueurs en somme, même si les résultats sont là. Face au Gabon, le changement a été massif, spectaculaire et, par-delà le score final, convaincant et séduisant. Exception faite de Jeridi que nous avions connu autrement plus sûr, mais qui a été victime du syndrome CAN. Chemman et Boussaïdi ont permis à cette équipe d'évoluer 20 mètres plus haut, aux lignes de se ressouder et à l'équipe d'avoir un jeu plus constructif et offensif. Idem pour les pivots. Nous savons à peu près avec certitude que cette équipe doit jouer avec trois pivots, le troisième Sayhi, à la fois soutenant les deux autres et libérant la manœuvre de toute l'équipe. Et pas seulement, puisque ces trois pivots contribuent énormément à la libération définitive de Msakni qui a manœuvré à sa guise face au Gabon, faisant de véritables misères à la défense adverse. Devant, la formule à deux attaquants (Jomaâ et Saber), mobiles et qui écartent, n'est pas mal du tout, sauf que la présence de Dhaouadi est nécessaire par sa capacité à déborder, à partir en dribbles et à déséquilibrer la défense adverse. Aujourd'hui, le casse-tête de Sami Trabelsi n'est pas tant cette défaite, cette deuxième place ou alors la perspective de rencontrer le Ghana, c'est surtout de repartir sur les meilleurs choix possibles à partir du quart de finale, en tenant compte de la nouvelle donne imposée par le match du Gabon. Mais, n'en déplaise aux âmes chagrines qui n'en finissent pas de descendre Sami Trabelsi, il est un fait que le sélectionneur national a fait un travail formidable. Dans un temps record et dans des conditions parfois prohibitives. Des résultats aussi ! Le jeu : voilà un excellent sujet qui n'en finit pas de nourrir les discussions. Parfois la polémique. Après les prestations des deux premières rencontres et celle face au Gabon, il est un fait que l'idéal, c'est un mélange entre les deux styles de jeu. Ni trop défensif ni trop offensif, un mélange savant des deux. C'est que Sami Trabelsi ne peut pas faire abstraction des enseignements du match face au Gabon où nos jeunes ont donné la nette impression d'être heureux de jouer dans un système qui leur donne une certaine liberté de manœuvre. Aujourd'hui, Sami Trabelsi est un homme et un entraîneur face à d'énormes enjeux et face, surtout, à une nécessité de choix. C'est sa responsabilité, et son boulot pour lequel il est payé. Nous, nous avons confiance. Indécence ! Le football n'est pas une science exacte ; le football est, par excellence, un domaine d'opinions ; le football se débat et se critique. Mais il y a des limites qui sont celles de la décence. Alors, que des plateaux de télé soient envahis par des entraîneurs à la retraite, au chômage ou à la recherche d'un boulot soient érigés en juges de Sami Trabelsi, c'est franchement indécent. On savait qu'un technicien connu de la place et d'Al Jazira œuvrait dans les coulisses pour lui prendre sa place (on connaît même le nom de son adjoint) ; on sait, aujourd'hui, que d'autres collègues à lui ne supportent pas… sa réussite. Pour notre part, et pour avoir souvent critiqué de vieux choix et d'anciens sélectionneurs nationaux, nous nous alignons du côté de cet ex-international exemplaire, de ce sélectionneur qui réussit et de cet homme qui répond aux «détracteurs de profession» sur le terrain. Bravo Sami Trabelsi pour tout ce que tu as fait et pour tout ce que tu feras !