Comme si notre football n'en avait pas assez, l'état des lieux de l'infrastructure est catastrophique. Les clubs professionnels ne souffrent pas uniquement des recettes squelettiques, sinon du dessèchement des sources de financement en cette saison pas comme les autres. La majorité d'entre eux est quotidiennement confrontée à un autre casse-tête chinois: celui de l'infrastructure sportive et des structures d'accueil. Cela se manifeste d'ailleurs à un double niveau : la domiciliation des rencontres (officielles mais aussi amicales) et celle des séances d'entraînement, ou du moins de certaines d'entre elles, généralement programmées sur le central. Bien avant les trois coups du championnat, un simple tournoi amical—celui de l'Amitié, organisé par l'ESS—a eu toutes les peines du monde à aller jusqu'au bout pour un problème de stades. Pour recevoir le CSS en finale, Le Stade Tunisien a dû faire le tour des enceintes du Grand-Tunis et du Nord à la recherche d'un terrain garantissant les commodités inhérentes à une simple rencontre de foot. Pour une raison ou une autre, une bonne dizaine de stades ont dû décliner cette offre, parfois même parce qu'un camp manquait alors, une seule cage étant installée au stade de Menzel Bourguiba! Il est vrai que la saison n'avait pas encore commencé. Néanmoins, dès la première journée, on assiste à une situation inédite : AS Gabès-ES Zarzis, programmé à Gabès, a dû être délocalisé à... Zarzis, l'ordre des rencontres ayant été tout simplement interverti. Par la suite, un tas de difficultés va se poser en ce qui concerne les désignations des rencontres des clubs de Tunis et banlieues, le CSHL se rabattant depuis la saison dernière sur Radès, d'où un ennuyeux encombrement, d'autant que le stade d'El Menzah a dû fermer par intermittence ses portes alors que la réouverture du mythique Zouiten se fait toujours attendre. Durant la trêve de la CAN, l'hiver et son cortège de gel et de fortes pluies faisant son œuvre, le leader de la compétition, le CA Bizertin, le champion d'Afrique, l'EST, et l'ASM se transformaient en SDF (Sans domicile fixe), chacun y allant de sa petite solution pour trouver un terrain d'entraînement : à Gammarth pour les deux premiers, avant d'aller en stage à Sousse pour les hommes de Maher Kanzari. D'ailleurs, la panacée paraît être aujourd'hui au centre privé Ben Brahim, du côté de Gammarth. Une solution prisée par les clubs même si elle peut s'avérer un peu plus coûteuse que le fait d'exploiter ses propres installations. Des installations d'emprunt En Ligue 2, certains clubs ont fini par s'installer durablement dans des installations d'emprunt : le COTransports à La Manouba, l'ASKasserine à Feriana, Jendouba Sport à Bousalem… D'autres poursuivent leur rude épreuve sur des surfaces de fortune, pelées, teigneuses et «ornées» de maigres touffes d'herbe. Si le ministre des Sports, Tarek Dhiab, a fait de l'entretien de l'infrastructure sportive une de ses priorités, préconisant la création d'un office réservé à cet effet, c'est que la question ne peut plus souffrir davantage de laxisme et de laisser-aller. Les stades de foot (tout comme les salles couvertes) relevant de droit des municipalités, celles-ci consentent le strict minimum pour leur gestion et leur entretien continu sous prétexte de multiples charges et priorités. La solution consisterait justement à charger cet office d'un aspect vital de la vie du sport.