• L'opposition réagit Lors d'une interview télévisée, mercredi soir, le président de la République, Moncef Marzouki, a évoqué l'urgence de l'organisation d'élections municipales, qui devraient, selon lui, intervenir au plus tard en mai ou juin 2012. Tout au long de la campagne électorale en vue de la Constituante, M. Marzouki avait soutenu que celle-ci devait avoir un mandat de 3 ou 4 ans et que les élections municipales seraient la première priorité, sachant que les élections législatives et présidentielles pouvaient attendre. Réagissant aux propos du Chef de l'Etat, divers partis politiques ont mis en doute l'intérêt ou même la possibilité matérielle de telles élections. M. Mohamed Bennour, porte-parole du Parti Ettakatol, tout en précisant que le Bureau politique de son parti ne s'est pas encore réuni sur cette question, estime que le climat politique actuel n'est pas propice à l'organisation d'élections d'une telle ampleur, qui exigeraient un consensus général et des conditions optimales pour une campagne électorale et un scrutin qui soient à la hauteur des enjeux. Mme Maya Jeribi, secrétaire générale du Parti démocrate progressiste, a indiqué sur une chaîne de radio privée que l'absence d'une législation adéquate organisant les municipalités et le fait que la Constituante ait à peine démarré la discussion de la future Constitution disqualifient toute idée d'organisation de telles élections. M. Ahmed Brahim, premier secrétaire du parti Ettajdid, a posé, à haute voix la question : «Est-il possible d'organiser des municipales dans ces conditions ?», et il y répond en rappelant qu'il faudrait tout d'abord rédiger et adopter la Constitution. Dans la mesure où l'impératif de décentralisation sera l'un des enjeux de la Constitution, soit un nouveau découpage, avec de nouvelles communes dans tout le pays, notamment à la place des conseils ruraux de l'ancien régime. Pour M. Brahim, il faut revoir le statut des municipalités qui a été taillé sur mesure pour le système autoritaire, sachant que le découpage et le code électoral ont été conçus dans le même esprit. «Et puis, il ne faut pas oublier que 50% des Tunisiens ne sont pas inscrits sur les listes électorales et que la Haute instance pour les élections est paralysée, avec son expérience, son expertise et ses cadres formés. D'autres personnalités politiques et d'autres partis ont également fait état de leurs réserves sur cette question, nous y reviendrons au fur et à mesure que nous parviendront leurs positions et analyses explicites. Il est clair cependant, à travers les trois témoignages requis, qu'une éventuelle organisation d'élections municipales nécessiterait un avancement consistant dans la rédaction de la nouvelle Constitution et l'élaboration de diverses législations essentielles portant sur l'organisation des communes et des municipalités, d'une part, et sur les conditions relatives aux élections municipales, telles que les dispositions du code électoral et la garantie de la régularité et de la transparence du scrutin, afin que la Tunisie se maintienne au niveau du succès, mondialement salué, des élections du 23 octobre 2011.