• Le passage obligatoire des produits frais par les marchés de gros, selon les textes, rend le circuit de distribution trop long et peu adapté aux modes d'approvisionnement des GMS. • Actuellement, le secteur est composé de neuf enseignes commerciales (hypermarchés, supermarchés et superettes) totalisant 171 points de vente et occupant une superficie totale de 170.010m2. Le secteur de la grande distribution en Tunisie a connu une évolution spectaculaire au cours des dix dernières années. Avec l'entrée sur le marché de deux enseignes internationales, l'implantation de deux hypermarchés, ainsi que la prolifération des filiales dans les principales agglomérations urbaines, le paysage de distribution est en forte métamorphose. Actuellement, le secteur est composé de neuf enseignes commerciales (hypermarchés, supermarchés et superettes) totalisant 171 points de vente et occupant une superficie totale de 170.010m2. Toutefois, la dispersion géographique de ces opérateurs reste biaisée. On remarque une grande concentration sur le Grand-Tunis. Cette région accapare à elle seule plus de la moitié de la superficie totale exploitée par les GMS (54,4%). Il est à signaler que 76 points de vente sur les 171 se trouvent dans le Grand-Tunis (44,4% du total). Pour ce qui est des parts de marché, les grandes et moyennes surfaces (GMS) commencent à se tailler une place de choix dans le secteur de la distribution. Selon les estimations, la part de marché des GMS, tous produits confondus, est de l'ordre de 15%, alors qu'elle n'était que de 12% en 2006. Evidemment, leur part est plus importante dans le milieu urbain, estimée à 28% en 2008, notamment pour le Grand-Tunis qui présente 37 m2/1.000 habitants (dont 9,5 m2 d'hypermarchés) contre 15 m2 en moyenne pour les autres villes et zéro pour le milieu rural. Mieux encore, avec une part de 54% des surfaces de vente de la distribution organisée, dont 100% d'hypermarchés et une part de 33% environ de la population totale du pays, le taux d'équipement pour la capitale et ses environs est 2,5 plus élevé que celui des autres agglomérations. Les produits frais, nouveau vecteur d'activité Actuellement, seuls les hypermarchés offrent une gamme de produits complète élargie des produits agricoles et de la pêche frais et congelés et des viandes blanches et rouges coupées. Au cours des dernières années, les supermarchés ont commencé également à élargir leurs gammes de produits, notamment par l'introduction des produits agricoles et de la pêche frais (fruits, légumes et poissons). Ce qui annonce les couleurs d'une accentuation de la concurrence sur ce marché du frais. Compétitivité oblige, ces opérateurs adopteront des stratégies commerciales de plus en plus agressives. Tout est au profit du client final. De plus, l'élargissement de la gamme des produits, exposés dans les GMS, vers ceux agricoles et de la pêche, aura forcément des conséquences sur le circuit de distribution actuel. De nouvelles relations se tisseront entre ces nouveaux distributeurs et les producteurs agricoles. En effet, les exigences et les conditions contractuelles des GMS pousseront les producteurs à améliorer la qualité de leurs produits pour satisfaire les nouveaux besoins de ces nouveaux clients, puisque la stratégie des GMS repose à la fois sur la qualité et sur les prix. Pour les grands producteurs et les sociétés de développement agricole, l'enjeu est double. Ecouler directement leurs produits sur le marché de détail et améliorer la qualité de leurs offres. Ainsi, ils seront en mesure d'approvisionner aussi bien les GMS sur le marché local que les firmes multinationales, propriétaires des enseignes commerciales. Actuellement, le circuit de distribution des produits frais en Tunisie recèle beaucoup de dysfonctionnements pour pouvoir répondre aisément aux besoins des GMS en termes de qualité, catégorisation, emballage, traçabilité, présentation du produit, chaîne de froid, etc. Sur le plan juridique, le passage obligatoire des produits frais par les marchés de gros, selon les textes, rend le circuit de distribution trop long et peu adapté aux modes d'approvisionnement des GMS. Il engendre également des hausses de prix injustifiées à cause de la rémunération des intermédiaires qui n'apportent aucune valeur ajoutée aux produits commercialisés. De nos jours, la distribution spécialisée des produits agricoles frais est quasi-absente en Tunisie. Son développement est tributaire de la révision des règlements en vigueur. En effet, la législation actuelle ne permet pas une relation directe entre producteur et détaillant et, par conséquent, ne favorise pas un bon fonctionnement de la chaîne d'approvisionnement. Donc, il faut s'investir dans un nouveau cadre juridique favorisant les modes de ventes directes. Avec ces nouveaux circuits de distribution courts, composés d'opérateurs spécialisés générant une valeur ajoutée réelle aux produits, on sera en mesure de limiter les pratiques immorales spéculatives. Et tout le monde trouvera son compte.