Froid glacial en hiver et canicule insupportable en été. Les caprices de la météo semblent être débridés ces dernières années. Plus de «transition» ! On passe de l'extrême à l'extrême : même les prévisions météorologiques les plus rigoureuses se trouvent parfois dépassées. Depuis trois semaines, une vague de froid exceptionnelle sévit en Tunisie. Les températures ont baissé jusqu'à moins trois degrés sur les hauteurs du pays. Le niveau des couches de neige a atteint deux mètres à Aïn Drahem, un phénomène rare, exceptionnel, voire curieux. Cette vague de froid inhabituelle a apporté, même, la neige sur la ville de Matmata dans le Sud tunisien. Une première inédite dans l'histoire de la région. On pourrait se demander, donc, ce que signifie cet hiver très froid par rapport à la thèse du réchauffement climatique. M. Iadh Labbène, président de l'Association tunisienne des changements climatiques et du développement durable (2C 2 D) explique : «De par sa position géographique, la Tunisie est caractérisée par un climat relativement variable. Les études qui ont été menées à l'Institut national de météorologie concernant le climat durant les dernières décennies ont mis en exergue quelques résultats». Il s'agit, notamment, de l'augmentation des températures depuis 1975, aussi bien minimales que maximales. Globalement, le climat est plus variable, avec plus de séquences pluvieuses, séquences sèches, vagues de chaleur et vagues de froid. Ces vagues de froid n'ont pas été bien étudiées. Ces résultats sont en accord avec les observations au niveau mondial. Le changement climatique attendu sur la Tunisie pour les prochaines décennies poursuit M. Labbène va se manifester par une augmentation de la température moyenne. Le volume des précipitations ne va pas changer globalement mais c'est le climat qui sera plus variable. «On s'attend à un climat qui sera plus chaud et plus variable. On s'attend également à une fréquence accrue des phénomènes extrêmes c'est-à-dire les périodes pluvieuses, les périodes sèches, les vagues de chaleur et de froid», précise notre interlocuteur. Même si on s'attend à un climat plus chaud, une plus grande variabilité peut donner une fréquence accrue des vagues de froid. «Les vagues successives de froid que nous avons observées durant ces derniers jours peuvent raisonnablement constituer des signes de changement climatique et entrer dans ce cadre. Toutefois, il faut disposer d'un certain recul, à savoir une période plus longue, avant d'être affirmatif. Ces vagues de froid constituent un phénomène extrême mais pas exceptionnel. Elles ne sont pas nouvelles. La caractérisation de ces vagues de froid comme phénomène extrême est une constatation plus ou moins vraie mais reste toutefois une hypothèse à vérifier», ajoute M. Labbène. En ce qui concerne l'alerte précoce, M. Labbène souligne qu'au niveau des prévisions météorologiques, les vagues de froid peuvent être raisonnablement prévues et anticipées. L'INM a prévu les dernières vagues de froid deux jours plus tôt. «Ce qu'on devrait essayer d'améliorer, c'est la transmission, le partage de l'information au niveau national, régional et local et la coordination entre les différents départements», conclut le président de l'association.