Sous le signe «Livres et société», se tient aujourd'hui et demain, au centre-ville de Tunis, la manifestation «Livres à Tunis», qui invite écrivains, enseignants et éditeurs à partager et à débattre des idées liées à ce thème. En attendant la foire du livre annoncée pour novembre 2012, de nombreuses initiatives sont nées pour organiser des foires un peu partout. L'objectif de «Livres à Tunis» est, dans ce sens, d'être le complément de cette activité, avec un colloque où écrivains tunisiens rencontrent des universitaires. Ce colloque, qui se tient en arabe et en français, se veut «Un pluriel très singulier», thème choisi pour la première édition, où, donc, la pluralité est au cœur des différentes séances annoncées du programme. Celles-ci débutent par une question : «Ecrire à Tunis, comment allier témoignage, responsabilité et liberté?». La réponse vient d'Ali Bécheur, de Hamadi Ben Jaballah, de Hélé Béji et de Azza Filali. Ensuite, toujours dans la matinée de la première journée, Emna Louzir modérera «Regards croisés sur la pluralité». Dans l'après-midi, c'est Habib Kazdoghli qui prendra la relève pour «L'archéologie de la trace», avant que Mondher Jabbari ne coordonne les interventions à propos de «L'abolition du centre». Le samedi matin sera consacré aux problèmes rencontrés par le livre en Tunisie avec «Dix propositions pour le livre» qui impliquent tous les invités de la rencontre et «La chaîne écrivain-éditeur-librairie : quel est le maillon faible» où s'exprimeront éditeurs et professeurs. De retour aux tables rondes, «La problématique du héros» permettra de clore « Livres à Tunis». Modérée par l'universitaire Kamel Ben Ouanès, ce sous-thème aura comme intervenants le modérateur lui-même pour ce qui est de savoir «Comment devient-on anti-héros?», Raouf Seddik nous dira «A-t-on encore besoin de héros?», Azza Filali fera «Un portrait de groupe avec héros» et Y. Manaï pour «Ecce héro». Entre les séances de réflexion et les tables rondes, l'inspiration des écrivains présents ne sera pas en reste. Ils sont, en effet, invités à produire un texte de la nature de leur choix (fiction, poésie, essai) portant sur le thème du colloque. De quoi enrichir et raviver les discussions. La pluralité comme thème choisi est liée à l'actualité d'une Tunisie qui se redécouvre sous ses facettes multiples. C'est un thème et un concept, évoquant à la fois le passé et le présent. Ainsi, les grandes lignes de réflexion qui porteront dessus concerneront d'abord la pluralité ancienne avec la pluralité historique et sa richesse et le concept de traces d'une civilisation. Un intérêt particulier sera porté à la période allant de 1800 à 1950, marquée par la coexistence, dans les villes tunisiennes, de multiples groupes de populations. Quant à la pluralité actuelle, elle prend d'autres formes, en commençant par la géographie (abolition du «centre») et en arrivant à la pluralité d'opinions, de tendances politiques et de croyances. De quoi se poser la question : que reste-t-il pour le héros? Ou lui reste-t-il une place? «Désormais, ce n'est plus un héros, seul sur son piédestal, qui donne le ton, mais une foule de voix qui s'élèvent»... Il est «seul» face aux «plusieurs» dans un «pluriel très singulier».