• Les coups de filet, de plus en fréquents ces jours-ci, ont mis à mal le trafic, jusqu'ici prospère, des armes. Mais gare au triomphalisme… Le trafic des armes en Tunisie commence-t-il vraiment à s'essouffler ? Est-il en train de perdre du terrain? Et puis, question capitale, est-on suffisamment… armés pour le maîtriser et l'endiguer définitivement ? Apparemment oui, oserons-nous répondre, ne serait-ce qu'en se référant aux coups de filet, de plus en plus fréquents ces jours-ci, réalisés dans la lutte acharnée menée contre ce trafic, jusqu'ici étranger à nos contrées et dont les révolutions tunisienne et libyenne, la fuite sécuritaire aidant, ont largement favorisé l'émergence, d'abord, et le développement, ensuite. Evoquons les chiffres pour en avoir le cœur net. En effet, pas plus tard que la semaine dernière, les agents de la Garde nationale ont frappé fort, en démasquant un nouveau réseau de contrabandiers en possession d'importantes quantités d'armes (kalachnikovs, fusils, revolvers, balles, cocktails Molotov…). Auparavant, on a recensé pas moins de six coups de filet matérialisés par la saisie d'autres quantités non moins importantes d'armes. Chez nos douaniers, le bilan est autrement plus flatteur, avec la confiscation de quelque 156 kalachnikovs, 500 balles, 59 revolvers et plus de 3.000 cocktails Molotov ! Barons et boss menacés Il est clair que cette impressionnante série de coups de filet n'est pas le fruit du hasard. Elle est plutôt le couronnement de tant d'efforts et de sacrifices. A commencer par la vigilance de plus en plus accrue des agents de la douane, des forces de sécurité intérieure et de l'armée dont le concours a été des plus efficaces, particulièrement dans les frontières et les zones reculées du pays. De surcroît, ces trois structures, pour gagner en punch, se sont distinguées par une collaboration étroite entre leurs différentes unités, dans le cadre d'une action commune pilotée par les ministères de l'Intérieur, de la Défense et des Finances. Par ailleurs, il faut mettre en relief le sens du professionnalisme de nos douaniers et des forces de sécurité intérieure dont le méticuleux travail de recoupement et les investigations approfondies ont permis à la fois d'augmenter le nombre d'arrestations dans les rangs des contrebandiers et d'étouffer dans l'œuf plusieurs opérations de trafic d'armes. Bien évidemment, la fréquence des coups de filet a inévitablement mis à mal les barons et boss qui faisaient, jusque-là, cavalier seul, ou presque. Désormais menacés et repliés dans leurs derniers retranchements, ceux-ci ne comptent plus, aujourd'hui, les échecs. «Certes, indique un douanier, nous avons réussi à réduire leur champ d'action et à resserrer l'étau autour d'eux. Mais, attention, il faut reconnaître que nous avons gagné une bataille, pas la guerre, étant donné que nous avons affaire à des réseaux internationaux solidement structurés et aux ramifications dépassant nos frontières». L'aveu de notre interlocuteur, franc et courageux, est venu prouver clairement que la partie entre le chat et la souris est loin d'être terminée. D'où l'impératif de ne pas céder au triomphalisme. Au contraire, il va falloir continuer de faire preuve de davantage de vigilance et de sens de la prévention, tout en renforçant l'action commune avec les douaniers algériens et libyens, nos frontières avec ces deux pays étant connues pour être le point de passage privilégié et le terrain de prédilection des trafiquants d'armes.