Première réunion commune au sommet entre l'Ugtt et l'Utica depuis la révolution. Et sans la présence du gouvernement. Elle s'est tenue mercredi dernier au siège de l'Utica et a groupé 13 membres du Bureau exécutif de l'Ugtt et une trentaine de dirigeants de l'Utica sous la présidence des premiers responsables des deux centrales, Mme Ouidad Bouchamaoui et M. Houssine Abassi. Elle a abouti à la création d'un comité de haut niveau permanent réunissant les deux parties qui aura pour tâche d'examiner les dossiers en cours et d'aplanir les difficultés qui peuvent surgir. Certains y verront tout au plus une «entente cordiale» de circonstance. D'autres, un rapprochement tactique à visée essentiellement politique. Libre aux uns et aux autres de le croire. Et quand bien même cela serait vrai, les mains mutuellement tendues entre la centrale syndicale et la centrale patronale administrent aux uns et aux autres une belle leçon de patriotisme et une pédagogie du partenariat citoyen. Celui-là même qui milite plutôt en faveur de la convergence des intérêts et qui autorise que les divergences « idéologiques » soient pour un temps dépassées. Par ces temps de grandes turbulences sociales et de morosité économique, les partenaires sociaux entendent ainsi dire qu'il n'est d'autre issue de sortie de la crise et d'autre voie pour la reprise économique, que celles conjointement éclairées et balisées. A aucun moment, il n'était, on le suppose, question de sacrifier le progrès social à l'autel de la performance économique ni de compromettre l'obligation de compétitivité dont est tenue l'entreprise au nom de la préservation de certains acquis sociaux. La convergence d'intérêt est ce point focal et ce point d'équilibre entre une exigence de progrès social d'une part, et un impératif de croissance économique, d'autre part. Seule, en effet, la croissance peut créer de nouveaux emplois. Mais la croissance n'est pas une fin en soi. Elle ne vaut que par ce qu'elle génère comme plue-value sociale et que si elle rayonne sur l'ensemble des composantes de la société. C'est sur cette base que les partenaires sociaux devront toujours se concerter et conjuguer les efforts, par delà les conjonctures. La prospérité de nos entreprises et leur pérennité qui est en dernier recours le seul garant de la préservation et du renforcement des acquis sociaux, sont à ce prix. C'est avec de telles initiatives fécondes que les Tunisiens peuvent sereinement envisager l'avenir et construire...