La liquidation judiciaire du groupe Quinta industries par le tribunal de commerce de Nanterre le 15 décembre 2011, un mois et demi après l'avoir mis en redressement judiciaire, a surpris tout le monde. Qui aurait dit que l'inébranlable groupe présidé par Tarak Ben Ammar et qui affichait, du moins en apparence, une excellente santé, allait connaître un jour la déconfiture. Cette banqueroute n'est pas sans conséquence sur les autres filiales : LTC, Duran Dubois, Scanlab et les auditoriums SIS. La faillite aurait pour cause, selon Les Cahiers du cinéma du mois de février 2012, qui a fait état de la situation de Quinta industries, la numérisation du cinéma à laquelle cette dernière n'était pas préparée. Ce qui paraît étonnant de la part de cette filiale, d'autant plus que la numérisation cinématographique s'est accélérée depuis les débuts des années 2000. Comment le groupe de Tarak Ben Ammar n'a pas pris ses dispositions pour s'équiper et s'adapter à cette nouvelle technologie? Et quel sera l'avenir des laboratoires de Gammarth, suite à cette débâcle? Retour sur un empire Tarak Ben Ammar s'est lancé, dès 2002, dans une stratégie d'expansion à travers un holding, Quinta, regroupant trois filiales : Quinta communication, Quinta industries et Quinta distribution pour lequel il a déboursé 150 millions d'euros, faisant travailler un millier de personnes, environ, dans ses filiales. L'année suivante, il achète du magnat australo-américain Rupert Murdoch deux chaînes de télévision : Prima TV et Europa TV. Depuis 2008, il est allié au groupe italien de communication Mediaset de son ami Silvio Berlusconi à hauteur de 50/50 dans le capital de Nessma TV, sans compter Empire Studios de Hammamet (consacré aux tournages de films étrangers) et les laboratoires LTC de Gammarth. En 2008, il entre dans le capital des laboratoires cinématographiques Eclair à hauteur de 43% et de Technicolor (17,5%). Les affaires de Tarak Ben Ammar dans le secteur audiovisuel sont beaucoup plus importantes. Un véritable empire qu'il a construit grâce à ses multiples relations avec les plus grands du secteur. Mais qu'est-ce qui fait que ce puissant empire ait commencé à s'ébranler et que l'une de ses branches ait mis la clé sous la porte? L'effet domino Les dettes commencent à s'accumuler. Quinta industries est alors placé en redressement judiciaire en novembre 2011, puis en liquidation. Les employés décident d'arrêter toutes les opérations de tirage de copies de films en cours, d'autant plus que l'activité de tirage de copies photochimiques n'est plus en cours, du fait qu'un grand nombre de salles de cinéma en Europe est passé à la projection numérique. Le passage de l'argentique au numérique, du tournage à la projection, remonte à quelques dizaines d'années. Comment Quinta industries n'a pas pensé à se digitaliser? Les prix concurrentiels adoptés par le groupe pour gagner le marché sont vraisemblablement pour quelque chose dans la faillite de la filiale. Il est même question des changements politiques inhérents au Printemps arabe qui auraient contribué involontairement à la perte de certains financements. Et ainsi l'effet domino a fait dégringoler toutes les filiales de Quinta. Les films français, dont les copies sont en cours de tirage, ont été récupérés au cas par cas. Quant aux employés, certains d'entre eux se sont retrouvés au chômage, d'autres ont été repêchés. Pour ce qui est des laboratoires de Gammarth et des studios de Hammamet, on ne sait pas encore quel sera leur avenir. (Source : Les Cahiers du cinéma - Février 2012)