Les handicapés souffrent de l'image héritée de l'ancien régime. Ils ont été, durant des décennies, marginalisés et leurs droits ont été bafoués. Après la révolution du 14 janvier, les problèmes des handicapés font-ils l'objet d'un meilleur traitement ? Quelques constats: le recrutement de staff spécialisé pose un grand problème. A cela s'ajoutent des problèmes de conception. La corrélation pauvreté et handicap, mais aussi la question de la douleur et de la prise en charge de l'enfant handicapé, cela a fait l'objet d'un séminaire intitulé «Pour une meilleure orientation sociopédagogique de l'enfant atteint de paralysie cérébrale», et ce, à l'initiative de l'Association générale des insuffisants moteurs (Agim), en collaboration avec l'Unicef. Ce séminaire s'inscrit dans le cadre de la célébration des 12es Journées scientifiques Kassab. S'étalant sur deux journées, cette rencontre a abordé deux volets : la douleur de l'enfant en situation de handicap et l'orientation sociopédagogique de l'enfant atteint de paralysie cérébrale. 80% des personnes handicapées sont indigentes. La situation du handicap en Tunisie est alarmante: «c'est un vrai malheur», indique M. Imed Abdeljawed, président de l'Agim, qui ajoute que «les responsables politiques devraient mettre les bouchées doubles pour mettre sur pied une politique à même de promouvoir la prise en charge des handicapés dans les centres spécialisés». Le manque de moyens est criard, les fonds font défaut et la tutelle devrait renflouer les caisses des affaires sociales. Les centres spécialisés souffrent d'un manque terrible sur le plan paramédical. Le problème de l'intégration à travers les écoles inclusives se pose gravement. Les centres spécialisés qui s'occupent de l'intégration socioéducative de l'enfant handicapé sont en mal de moyens financiers et l'aide à l'insertion professionnelle bat de l'aile. M. Abdeljawed a dénoncé la politique socioéducative : «Il est grand temps de repenser la méthode pédagogique qui comporte l'évaluation». C'est l'institution qui doit s'adapter et l'environnement doit répondre aux exigences des personnes handicapées, lesquelles demandent un personnel formé. La lenteur au niveau de la communication de la part des enseignants et l'incompréhension de ces derniers ont un impact négatif sur les enfants handicapés, poursuit le responsable de l'association. Cette incompréhension constitue la cause profonde du phénomène de l'échec scolaire. Le résultat de ces écoles est catastrophique. Il faudrait retourner aux écoles spécialisées. La situation actuelle n'est pas meilleure. Le droit des personnes handicapées est bafoué. L'appui supplémentaire en termes de thérapie et le problème de l'adaptation constituent une urgence. Certes, l'Etat prend en charge 90% des personnes handicapées, mais il est impératif de revoir la politique de prise en charge des personnes handicapées, de leur fournir une assise juridique et, surtout, des moyens pour changer l'image que la société a d'elles.