Le ministère de la Femme, de la Famille, de l'Enfance et des Personnes Agées, le ministère de l'Enseignement Supérieur, de la Recherche et de la Technologie, l'Institut Supérieur des Cadres de l'Enfance Carthage Dermech et l'Université 7 novembre de Carthage ont organisé une rencontre scientifique portant sur l'image sociale de l'enfant handicapé. Cette conférence constitue le coup d'envoi du festival « Printemps de l'enfant handicapé » et qui englobe d'autres activités. La Tunisie cherche à atténuer l'image dégradante que portent certaines personnes sur les handicapés, ainsi qu'elle travaille concrètement pour leur intégration sociale et professionnelle. L'image sociale et son influence sur l'enfant handicapé A cet effet, le Dr. Habib Mabrouki a précisé que l'image qu'on porte sur les personnes à besoins spécifiques joue un rôle primordial. Il rappelle que lors de l'empire romain et grec, où la beauté et la force étaient sanctifiées, être handicapé constituait une tare et une honte. Aristote appelait à « les radier de la société ». Les Romains exilaient, tuaient, vendaient ou alors mutilaient les handicapés. Cette dernière option sert selon eux à trouver une fonction pour les handicapés dans la société. Mutilés, ils suscitent la pitié, font l'aumône et gagnent ainsi de l'argent. Avec la découverte de la phase d'enfance dans les temps modernes, les choses ont changé. Quant aux handicapés, on s'est alors concentré sur le fait de mettre en valeur leurs capacités et séparer socialement le handicap de la notion de l'incapacité, comme l'a déjà fait la médecine. L'expérience a d'ailleurs démontré qu'un enfant handicapé âgé entre 10 et 14 ans est souvent conscient de sa différence avec les autres et cela l'incite à les éviter. Cela le plonge également dans une sorte d'inertie puisqu'il ne veut plus profiter de ces temps libres. Il faut alors apprendre à cet enfant d'accepter son handicap pour qu'il puisse surmonter. Encore faut-il mettre à sa disposition du matériel et des moyens adaptés à sa situation. Les jeux éducatifs et les activités, outre l'informatique participent énormément à la découverte et le développement des capacités ainsi qu'à l'éveil de la création de l'handicapé. Ce dernier dépasse d'ailleurs au niveau de certaines capacités l'enfant normal. Le Docteur Mabrouki a cité comme exemple dans ce contexte un tableau dansant donné par de sourds et qui a été d'une grande perfection. Il explique cela par le fait que la danse a été effectuée non pas à l'ouïe, mais avec sensibilité profonde. Réadaptation et intégration des handicapés en Tunisie La définition de la personne handicapée a connu une refonte en 2001 selon le Docteur Majda Hamadi. En effet, on parle désormais de personnes ayant des difficultés à effectuer des activités quotidiennes ou à participer dans la vie active d'une façon permanente ou provisoire. Ce n'est donc plus un handicap paralysant et absolu, mais des limites dans les fonctions physiologiques ou dans la constitution physique. L'environnement, ainsi que l'entourage influencent aussi l'étendue de ces capacités. La réadaptation consiste alors en le soutien qu'on fournit à une personne à des capacités limitées pour qu'elle puisse retrouver son indépendance. Il faudra aussi orienter les capacités et les talents des handicapés pour qu'ils puissent effectuer le travail adéquat à leur situation à leur profil. Chez nous c'est une question impliquant la collectivité nationale, que ce soit dans la prévention, le soutien, les soins, la réadaptation ou l'intégration des handicapés. La société civile, le gouvernement et les entreprises y participent. Il existe dans ce cadre 24 unités à multiples spécialités. Il existe aussi 24 commissions dans chaque gouvernorat qui accordent les cartes, orientent pour les soins, les études et les formations professionnelles et fournissent des demandes de familles d'accueil ou d'institution et de soins à domicile. Nous avons également dans notre pays des centres publics travaillant pour la prise en charge des personnes handicapées et 80 associations ayant 300 sections. Des ateliers protégés dans plus de 60 spécialités sont fondés par ces associations, qui participent également dans la recherche du travail pour les handicapés. Aujourd'hui, il existe en Tunisie un dictionnaire de 800 signes qui seront enseignés aux spécialistes aux personnes appelées à travailler avec les handicapés. Deux formations ont déjà été effectuées dans ce contexte. Hajer AJROUDI --------------------------- Chiffres Il existe en Tunisie 152.273 personnes souffrant de handicap, d'où un pourcentage de 1.56% de la population tunisienne. - 38.8% souffrent de handicap moteur - 28.9% ont un handicap mental - 14% sont sourds - 13.2% des handicapés sont aveugles - Divers : 5.2% - Handicap causé par la naissance ou existant dès la naissance : 47.8%. - Handicap causé par des maladies survenues après la naissance : 38.7% - Accident de travail causant des handicaps : 1% - Handicap survenu suite à des accidents de la route : 2% - Handicap survenu suite à des accidents à domicile : 1.9% - Divers accident : 2.3% - Causes non spécifiées : 3.7%. (Chiffres de 2004)