Trois mois après leur investiture, les trois présidents, Marzouki, Jebali et Ben Jaâfar, ont fait l'objet d'un sondage d'opinion réalisé sur un échantillon aléatoire de plus de 15 mille personnes, tous âges confondus. En fait, ces chefs d'orchestre de la transition démocratique ont été mis à l'épreuve de l'image que portent les Tunisiens à leur égard, ainsi que leurs priorités et préoccupations vis-à-vis de la politique nationale, mais aussi étrangère. L'opération s'est déroulée entre les mois de décembre et février, via une vaste campagne de messages téléphoniques (SMS), avec pour cible une population hétérogène répartie dans les 24 gouvernorats du pays. Menée par un groupe de jeunes opérant au sein d'une nouvelle organisation «I Watch», lancée en mars 2011, l'enquête vise à mesurer le pour et le contre d'une action gouvernementale au bilan mitigé. Chiffres et illustrations à l'appui, les résultats recueillis ont été révélés lors d'une conférence de presse tenue, hier matin, au siège de l'organisation «I Watch», à Tunis. Dix questions fermées ont permis de faire un tour d'horizon sur le degré de confiance des Tunisiens en le président de la République, son chef du gouvernement et le président de la Constituante, ainsi que les partis politiques les plus populaires dont la Troïka, le PDP et Al Aridha. Au niveau de la confiance, Moncef Marzouki l'emporte, avec 62 %, sur Jebali (47%) et Ben Jaâfar (46%). Ce pourcentage varie selon les tranches d'âge et par régions, avec certaines réserves, bien entendu. Tandis que le parti jugé le plus proche des personnes sondées est celui d'Ennahdha. Un choix qui a été exprimé par une majorité dépassant les 50 % face au Congrès pour la République (CPR), situé autour de 22%. Viennent ensuite le PDP, Ettakattol et Al Aridha. Question priorités, les personnes sondées manifestent plus d'intérêt pour l'économie (42%), et la sécurité (32%), deux piliers catalyseurs du développement régional et générateurs d'opportunités d'emploi. L'identité nationale ne représente que 18% sur l'échelle des priorités des Tunisiens interrogés. Qu'attendent les Tunisiens des membres de la Constituante ? Beaucoup parmi eux, soit 47%, ont répondu en faveur des partis représentés au sein de l'ANC. C'est dire que ces élus représentent, en grande partie, les intérêts des Tunisiens. Alors que 17 % seulement ont révélé que ces partis ne représentent qu'eux-mêmes. Leurs avis sur le processus de rédaction de la Constitution ont été favorables. Soit 44% donnent leur approbation et seulement 11% désapprouvent. Et combien de temps faut-il pour la rédiger? Pour y répondre, les propositions oscillent entre un mois et deux ans. Plus de 40 % des personnes sondées ont insisté sur la période d'un an, alors que 24% ont opté pour un délai de six mois. La thèse de deux ans semble quasi écartée. Et le référendum sur la Constitution, qu'en pense-t-on ? 42% se sont déclarés pour et 43% ne se prononcent pas. La dernière question s'est articulée autour de l'impact de la politique extérieure sur la région. Notre diplomatie est-elle positive ? Les réactions des interrogés sont peut-être influencées par les derniers développements survenus sur le plan des affaires étrangères, notamment la position politique quant à la révolution syrienne. D'ailleurs 31% des sondés ont un regard positif et 33% parmi eux ont livré une impression négative. A noter que ce sondage a été organisé en collaboration avec l'Institut national de la démocratie (NDA) et Mobile Accord, deux partenaires américains qui ont manifesté une volonté à soutenir le processus démocratique en Tunisie. Ce travail, également, appuyé par le deuxième opérateur de téléphonie mobile (Tunisiana), au niveau des SMS, a été financé par la partie américaine avec un coût totalisant 150 mille dollars, soit l'équivalent de 220 mille dinars tunisiens.