L'Association des parlementaires tunisiens a organisé, hier à Kairouan, en collaboration avec l'Académie tunisienne des sciences, des lettres et des arts (Beït al-Hikma) un colloque ayant pour thème:''Beït al-Hikma et les relations culturelles arabo-islamiques entre Bagdad et Kairouan''. Les travaux auxquels participe une pléiade de professeurs-chercheurs sont axés sur ''le rôle de Beït al-Hikma de Bagdad et celui de Kairouan'' et ''la place des institutions de Beït al-Hikma dans la culture arabo-islamique''. Présidant l'ouverture du colloque, M.Abderraouf El Basti, ministre de la Culture et de la Sauvegarde dupatrimoine, a indiqué que cette manifestation est placée sous le haut patronage du Président Zine El Abidine Ben Ali qui ne cesse d'apporter son soutien à la culture et aux intellectuels et d'encourager la création et les créateurs. Elle illustre également le souci du Chef de l'Etat de consolider le rayonnement de Kairouan en tant que Centre civilisationnel d'envergure. Le ministre a fait remarquer que les institutions de Beït al-Hikma ont représenté des centres scientifiques arabo-musulmans qui ont polarisé d'éminents écrivains et savants ayant contribué à l'enrichissement des connaissances au niveau des arts et des sciences et rayonné sur les nations européennes. Kairouan, capitale culturelle durant quatre siècles Il a ajouté que Bagdad, capitale du Califat abasside représentait, lors de son âge d'or, un pôle scientifique et culturel important dans le monde arabe. A son tour, Kairouan était une base solide de l'Islam au Maghreb et une capitale culturelle islamique durant quatre siècles en Ifriqia et en Andalousie, représentant un trait d'union entre l'Irak et l'Ifriqia, soit entre l'Orient et le Maghreb, mettant l'accent sur le brassage culturel, scientifique et urbanistique qui marquait les liens entre Kairouan et Bagdad. M. El Basti a noté que Beit al-Hikma de Bagdad, sous le règne du Calife abasside Al-Mamoun et Beït al-Hikma de Kairouan fondée par l'émir aghlabide Abou Ibrahim Ahmed visaient la promotion et la diffusion de la culture temporelle et profane, celle liée à la réalité quotidienne et non le savoir théologique qui, lui, était l'apanage des mosquées et des cercles religieux. Le ministre a fait remarquer que Kairouan ne s'est pas contentée de copier ou de suivre le Machrek mais elle s'est adaptée à son environnement et a fondé ses propres écoles du savoir, du Fikh, des arts et de la critique littéraire. Son apport intellectuel et artistique a touché le Maghreb, mais aussi l'Andalousie et les pays subsahariens. Beït al-Hikma de Kairouan, a-t-il poursuivi, était la fierté de la ville, et attirait les voyageurs de tout bord. Ses bibliothèques contenaient d'importants ouvrages et manuscrits dans les sciences de la religion, de la langue, de l'astronomie, de la philosophie islamique, de la chimie et de la médecine, outre un département des langues et un autre consacré à la traduction. Le ministre a souligné que l'apport civilisationnel de Kairouan était essentiel et son impact réel dans le bassin méditerranéen jusqu'à l'invasion des Béni Helal qui ont ravagé la ville. MM.Kacem Bousnina, président de l'Association des parlementaires tunisiens et Abdelwaheb Bouhdiba, président de Beït al-Hikma ont, de leur coté, mis en exergue les liens intellectuels entre le Machrek islamique et le Maghreb, recommandant d'utiliser les technologies modernes de la communication et de l'information dans la promotion des contributions de la civilisation arabo-islamique. Ils ont également demandé de poursuivre l'intérêt accordé au patrimoine culturel de Kairouan après la fin de la manifestation Kairouan capitale de la culture islamique en 2009.